Mar - 7 - 2015

– Pourquoi un activiste de la classe travailleuse se décide-t-il à assumer une candidature politique ?

JA :- Cela fait vingt ans que je suis dans l’usine, et ce que j’ai toujours vu ce qu’ici nous nous efforçons beaucoup en nous battant pour le salaire, et après le gouvernement met des plafonds salariaux[1]nous fait payer l’impôt sur les profits[2] comme si nous étions des patrons. Quand nous avons des luttes nous voyons aussi le rôle que le Ministère de Travail joue, par exemple, qui loin d’être un arbitre impartial incline la balance pour le côté de la patronale. C’est ce qui est arrivé avec la lutte qui avait eu lieu dans Gestamp, là nous avons vu tous les politiciens, y compris la Présidente, s’acharnant contre les travailleurs qui défendaient leurs postes de travail. Quand on voit cela on ne peut pas penser que la lutte pour vivre mieux et pour donner une bonne qualité de vie à ta famille, est dehors de la politique. Les patrons construisent leurs alliances avec les gouvernements, nous devons construire aussi nos organisations politiques.

Ma candidature a comme but que la bataille et les problèmes des travailleurs fassent partie de la discussion politique nationale qui va se développer pendant la campagne électorale. Le Nuevo Mas est toujours du côté des travailleurs, en affrontant les patrons et la bureaucratie syndicale. Dans les luttes nous pouvons obtenons des triomphes et parfois nous devons reculer, mais le parti a toujours été à côté des délégués combatifs pour aider.

– Le gouvernement dit que les travailleurs sont un secteur privilégié et qu’ils ne devraient pas réclamer mais être heureux de leur situation. Quel est ton opinion ?

JA :- Les travailleurs sont en colère. Surtout pour le salaire qui se déprécie par l’inflation, mais il y a plein d’autres choses : les patrons veulent augmenter la productivité, et non pas sur la base de moderniser les usines, mais sur la base d’augmenter les rythmes de production. Le résultat est qu’on finisse cassé, on laisse la santé et la vie dans l’usine. Ce qui passe c’est que justement, comme la voix des travailleurs n’arrive pas à la politique, le gouvernement peut impunément mentir; par exemple, dans le discours dans le Congrès Cristina a dit qu’il n’y a pas eu de licenciements, seulement du chômage technique. La vérité est que Gestamp et Lear, les deux plus grandes luttes de l’année passée,  ont commencé par des licenciements, et partout il y a eu des nombreux licenciements à  compte-gouttes qui ajoutés les uns aux aures montrent que le plein emploi des premières années K est fini. Partout il y a des cas dans lesquels la majorité des travailleurs ont des contrats à durée déterminée et ils sont licenciés constamment. Et surtout ceux qui travaillent au black, la moitié des travailleurs souffrent des licenciements tout le temps sans que personne ne les prenne en compte.

– Pourquoi, malgré le fait que dans presque toute période K «il y a eu de l’argent» dans le pays, la situation de l’industrie et des travailleurs n’est toujours pas résolue et au bout de quelques années de nouveau la menace du chômage revienne,et les salaires tombent-ils ?

JA : Ce gouvernement, au lieu de faire le contraire de ce qui a été fait dans les 90 et créer des usines pour couvrir les déficits que nous avons dans l’industrie et pour arriver auplein emploi, a payé plus de dette externe que Menem et n’a jamais obligé les patrons à investir, et il veut coopter les chômeirs avec des allocations misérables. Si les travailleurs ne gouvernent pas il sera très difficile de changer cela, parce que, pour industrialiser vraiment le pays et que tous aient un travail, il faut retirer le profit aux patrons et cesser de payer la dette.

– Avec quel panorama les travailleurs allons-nous nous trouver dans les prochaines années?

JA :- Je crois que notre vie va changer beaucoup, et le résultat dépendra de notre capacité de lutte. Quand il a commencé, le gouvernement K devait freiner les luttes de l’Argentinazo[3], et c’est pour cela qu’il a amélioré en grand partie le niveau d’emploi, avec d’autres concessions. Il a réussi à créer une stabilité, celle qui te permettait de tirer un crédit par exemple, et d’être sûr que tu allais pouvoir le payer. Mais cela a commencé à se détériorer déjà avec ce gouvernement, et le prochain, quel qu’il soit, il devra lancer des attaques énormes aux travailleurs, parce qu’il y a moins d’argent dans le pays. Nous croyons qu’ils voudront ajuster le salaire des travailleurs, qu’ils ne voudront pas toucher les profits des patrons, et que la bataille pour notre salaire sera beaucoup plus dure que ce que nous avons vu jusqu’aujourd’hui. C’est pourquoi activistes devons affronter plus sérieusement la nécessité de nous unir et de nous appuyer mutuellement dans chaque usine qui lutte. Nous devons construire un mouvement de ceux qui se battent contre la patronale, la bureaucratie vendue et le gouvernement. Et les travailleurs devons arrêter d’avoir peur de la lutte politique et construire nos propres partis, comme le Nuevo MAS, pour faire face aussi aux partis et aux gouvernements des patrons

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[1] C’est-à-dire qu’aucune augmentation ne peut être obtenue au-dessus du pourcentage fixé par le gouvernement

[2] En Argentine, tous les travailleurs qui gagnent plus qu’une somme fixé par le gouvernement, doivent payer un impôt aux profits semblable à celui payé par les patrons.

[3] On appelle ainsi la révolte populaire de 2001 qui a fait tomber le gouvernement.

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