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Nous présentons ci-dessous une série de chroniques qui ont été écrites autour de la lutte des travailleurs de hôpitaux de Paris contre la réforme Hirsch.
26/05/2015 : Les travailleurs des hôpitaux de Paris se battent contre les attaques du gouvernement
Le personnel de l’APHP (Assistance Publique Hôpitaux de Paris ) lutte contre le plan du directeur Martin Hirsch, qui cherche par tous les moyens à réduire les coûts de personnel. Il suit la politique d’austérité imposée par l’Union européenne et le gouvernement du Parti « socialiste », pro patronal et néolibéral.
L’APHP compte 38 hôpitaux et 92 000 travailleurs dans la région parisienne. Pendant des années, depuis l’époque de Mitterrand, les gouvernements a réduit le personnel médical, administratif et technique. Donc, aujourd’hui, il y a de la surexploitation, de stress, de « burnout », jusqu’à provoquer des maladies et des suicides chez les travailleurs. Et les patients souffrent de la dégradation de la qualité des soins, résultat de la surexploitation des soignants.
L’objectif du gouvernement est d’imposer les critères de rentabilité capitaliste dans les hôpitaux. Plus stratégiquement c’est de réduire des milliers de lits d’hospitalisation. Ainsi, déjà, de nombreux malades sortent de l’hôpital avant la période recommandée d’hospitalisation, car ils n’ont pas d’argent pour payer le « le ticket modérateur » de 83 euros par jour que la sécurité sociale ne couvre pas, ceux qui n’ont pas une bonne mutuelle privée doivent libérer le lit. Ces patients rechutent, ils doivent retourner à l’hôpital, ce qui génère une nouvelle tarification « à l’acte ».
La dernière attaque du gouvernement PS cherche par le chantage, de réduire le temps de repos du personnel sans augmenter les salaires. Si les travailleurs acceptent, il promet de créer de nouveaux emplois! Ils vont travailler plus pour le même salaire, quand il y a beaucoup de travailleurs qui ne peuvent pas prendre des vacances parce que il n’y pas de remplaçants. Pendant ce temps, des infirmières, des sages-femmes, des médecins et d’autres jeunes professionnels font la queue dans les bureaux de chômage.
Le 21 mai, les travailleurs se sont mis en grève et ont fait un grand rassemblement devant le siège de Hirsch. Il y avait un état d’esprit marqué par une forte combativité, mais les dirigeants syndicaux se sont limités à faire des discours interminables dans une rue pas très visible. Les travailleurs ont fini par se fatiguer et se sentir frustrés. Les syndicats ont appelé à des réunions dans les hôpitaux une semaine après, le jeudi 28.
De toute évidence, les directions syndicales (CGT, SUD, CFDT) ne veulent pas que le conflit occupe l’espace public, ce qui dérangerait le gouvernement. C’est connu qu’ils collaborent avec le gouvernement. Ils appellent à des grèves saute-mouton, grèves que les travailleurs paient cher puis qu’ils perdent la journée de travail sans exercer une forte pression sur le gouvernement. C’était la même tactique qui a causé la défaite des grandes luttes de 2010 pour les retraites.
Il y a de nombreux militants de la gauche radicale dans les hôpitaux. Généralement ce sont des militants dans les syndicats CGT et Sud. Les militants du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste) appellent à la convergence des luttes entre les hôpitaux, parce que les tactiques des fédérations bureaucratiques de santé CGT et Sud empêchent tout lien entre les différents hôpitaux et encore plus avec des travailleurs des autres secteurs comme l’éducation et le transport.
Si la bureaucratie appelle à des concentrations dans tous les hôpitaux de Paris, c’est parque ils sont contraints par la pression des travailleurs de la base. Les bureaucrates attaquent les militants qui se battent pour l’unité des luttes, disant aux autres travailleurs qu’il s’agit de «infiltrés » des partis d’extrême gauche.
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01/06/2015 : Les travailleurs des hôpitaux basculent les appareils syndicaux
Les travailleurs de différents hôpitaux de Paris avaient décidé de se mobiliser, jeudi 28 mai, de leurs lieux de travail jusqu’au Bureau du directeur, qui tente de leur arracher leurs jours de repos et d’augmenter la semaine de travail de 35 heures. Pour éviter les mobilisations qui allaient affecter le trafic sur différents axes de la capitale, l’intersyndicale a demandé l’autorisation de se mobiliser ce jour-là du Bureau du directeur du Centre de Paris, jusqu’au ministère de la santé. Il a été obligé de passer par les sites touristiques, Notre Dame, Saint Michel etc.. Mais lorsque les travailleurs s’étaient rassemblés pour commencer la manif, la CGT a donné l’ordre à leurs membres de ne pas se mobiliser, en racontant des mensonges à la base comme que la manif n’était pas autorisée, alors qu’on voyait que la police avait ouvert la voie. Bien sûr, la CGT collabore avec le gouvernement socialiste comme il a collaboré avec l’ancien gouvernement de Sarkosy, en étant responsable de la défaite des travailleurs dans la lutte pour les retraites.
Peu à peu, la voix a couru : il fallait faire basculer l’appareil de la CGT ; les jeunes infirmières de l’hôpital Avicenne ont pris la tête de la manifestation. Le syndicat SUD a suivi et la CGT a dû donc rejoindre la mobilisation du fait de la pression de la base. Normalement, la CGT devait être en tête puisqu’il est le syndicat avec le plus d’affiliés, comme les bureaucrates étaient contre le fait de manifester ils n’avaient rien préparé pour diriger la mobilisation, quand ils veulent se mobiliser généralement préparer un camion avec un ballon géant et un Service d’Ordre. La manifestation a été très combative et dynamique, on voit la colère de la nouvelle génération des travailleurs des hôpitaux, qui étaient très heureux de se retrouver ensemble pour se mobiliser dans les rues de Paris. Et il faut tenir compte du fait que des milliers n’ont pas pu y participer parce qu’ils étaient « assignés », c’est-à-dire doivent travailler obligatoirement parce qu’ils sont dans le secteur de la santé. À la fin de la manifestation dans une Assemblée Générale, plusieurs ont pris la parole, ils ont expliqué qu’il y a 10 000 travailleurs précaires, des infirmières, des techniciens, avec des contrats de 3 mois. Le travailleur peut obtenir un autre contrat, mais ne devienne jamais titulaire du poste. D’autres ont parlé du burnout, de l’épuisement physique et psychologique subi par tous les employés des hôpitaux depuis un certain temps dans tout le pays, par le refus de la direction d’embaucher des nouveaux travailleurs.
La lutte doit être dirigée par les travailleurs eux-mêmes et non pas par les directions syndicales. Comment surmonter l’isolement dans les hôpitaux distincts lorsque l’ennemi est le même ? Il y a une proposition qui circule de choisir des délégués dans chaque hôpital pour réaliser une Assemblée de tous les hôpitaux.
Poursuivant sa stratégie de grève saute-mouton, l’intersyndicale appelle une nouvelle journée pour le 11 juin. Les militants combatifs cherchent la manière d’organiser des actions locales pour cette semaine.
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14/06/2015 : Les travailleurs des hôpitaux obligent le gouvernement à faire marche arrière.
La pression des travailleurs de la santé a obligé les appareils syndicaux à organiser encore une manifestation dans le Centre de Paris, cette fois-ci depuis le Bureau du directeur Hirsch jusqu’à l’Élysée, la résidence de Hollande.
Comme produit de la lutte, de deux jours de grève et de la manifestation par le Centre de Paris (que la CGT voulait empêcher), Hirsch avait annoncé des « concessions » que les syndicats ne pouvaient pas accepter : des contrat fixe pour une poignée de précaires (quand il y a 10 000 dans l’AP-HP!) et un meilleur accès au logement pour les « cadres », garder le repos d’une demi-heure pour manger ! en échange du fait que les travailleurs acceptent les nouveaux horaires, impliquant de perdre des jours de repos.
Plus de 10 000 travailleurs ont défilé jeudi. La manifestation était dynamique, on a scandé des slogans tout au long de la tournée, on a crié à la grande colère. Finalement, la police n’a pas laissé passer jusqu’à l’Elysée et travailleurs ont été gazés ! En plus du fait qu’ils endurent des journées de 12 heures, des bas salaires et des horaires décalés qui ne leur permettent pas de planifier les activités quotidiennes !. C’est une scène surréaliste, la répression de la police anti-émeute contre ces infirmières et d’autres employés des hôpitaux publics, qui s’occupent de la santé de tous.
Après cette mobilisation, Hirsch annonce qu’il retire le projet initial et qu’il s’entretiendra avec les syndicats, en particulier avec la CGT, syndicat majoritaire « à la recherche d’un apaisement social », et il a dit « qu’il ne touchera pas la semaine de 35 heures ». Mais ils négocieront derrière les dos des travailleurs, la CGT collabore avec le gouvernement de PS, il y a des exemples tels que la grève de Radio France qu’elle a arrêté en provoquant la défaite des travailleurs.
Cette victoire relative de la mobilisation, montre que le gouvernement craint que les luttes des travailleurs se développent et s’unifient. Il y a d’autres grèves en cours, comme celle des travailleurs de la raffinerie Total de La Mède, de SI Aerospace à Toulouse, les enseignants des écoles, les travailleurs du transport, les ascenseurs Otis, les postiers, les migrants demandant de l’asile. Ces derniers avec le soutien de partis comme le NPA, et une multitude de français solidaires ont fait plusieurs démonstrations, en occupant une caserne de pompiers vide ce jeudi, de laquelle ils ont été expulsés et brutalement réprimés au nord de Paris.
Les travailleurs ne sont pas naïfs, ils savent que ces négociations à huis clos avec les dirigeants de la CGT, SUD, CFDT sentent mauvais, ils l’ont déjà exprimé dans les Assemblées. Le 25 l’intersyndicale appelle à une nouvelle manifestation isolée, et cette fois-ci pas axée sur les problèmes des travailleurs dans les hôpitaux. Beaucoup de militants sincères de SUD, par exemple, disent qu’on ne peut pas avancer sans l’accord de l’intersyndicale, qu’on doit être patients. Mais l’intersyndicale ne se bouge que lorsqu’il y a la pression de la base comme ce fut le cas dans la manifestation du 25 mai que la CGT a voulu arrêter. La méfiance à l’encontre de ces directions adresses laisse prévoir que les travailleurs feront de nouvelles assemblées pour ne pas se laisser faire.
Par Flora Kessler