Oct - 15 - 2015

Ceci est la question [1] que commencent à se poser les principaux medias qui analysent la situation dans les territoires occupés. [2]

Le fait objectif et indiscutable est que ces derniers mois se sont multipliés les affrontements entre les palestiniens et les « forces de sécurité » israéliennes. Le nombre de morts, blessés et d’arrêtés augmente chaque jour. La situation s’approfondit de façon constante, avec des affrontements quasi-quotidiens à Jérusalem-Est et en Cisjordanie.

Un élément très illustratif sur cela est la fermeture pendant 48 heures imposée par l’armée israélienne à la Vieille Ville de Jérusalem. C’est-à-dire, ils ont refusé l’entrée à la ville à toute personne qui ne soit pas résidente. Cette mesure est très rare, et il s’agit de la première fois depuis l’Intifada de 2000 qu’elle est mise en œuvre. [3]

Il n’y a pas un jour où il n’y ait pas une bataille rangée dans quelque part du pays, en particulier autour de la mosquée d’Al Aqsa – le troisième lieu le plus sacré de l’Islam- qui se trouve dans le centre de Jérusalem. Là les jeunes palestiniens résistent quotidiennement contre la répression israélienne et il tend à être l’épicentre symbolique de toutes les révoltes importantes, comme en 2000.

Pour compléter le tableau, il faut ajouter deux faits. Le premier d’entre eux est la confrontation, aussi quotidienne, entre palestiniens et colons israéliens dans les territoires occupés. Les bandes d’ultra-droite israéliennes (et l’État lui-même) ont pour coutume d’utiliser la violence systématique pour déplacer le peuple palestinien et s’approprier de leurs terres. Mais les faits de résistance héroïques où les palestiniens font face à ces attaques sont de plus en plus nombreux.

Le deuxième fait est la pratique de plus en plus répandue parmi les palestiniens emprisonnés par Israël de se mettre en grève de la faim pour contester les « détentions administratives », procédure par laquelle ils sont indéfiniment emprisonnés sans procès et sans aucune garantie légale.

Tous ces faits ont commencé à alarmer les analystes et les politiciens de la région. Non seulement par les déclenchements visibles de violence, qui sont juste la partie visible de l’iceberg, mais par le grand « terreau » pour l’instabilité que le pays accumule. C’est ce que nous allons développer ici.

Une situation insupportable

Pour le peuple palestinien, vivre dans les territoires a été depuis toujours particulièrement difficile. Depuis des dizaines d’années l’Etat d’Israël les a soumis à une fragmentation territoriale (avec la séparation et l’isolement de l’enclave de Gaza, Cisjordanie et Jérusalem-Est), au blocus économique, à l’appropriation des terres, aux lois de l’apartheid, au harcèlement des « checkpoints », au manque de travail, à la discrimination et la violence quotidienne, parmi beaucoup d’autres problèmes.

Mais la situation s’aggrave au fil des ans. Surtout si l’on prend en compte le tournant qu’a signifié la dernière guerre à Gaza, en 2014.

À cette occasion les Forces Armées de l’État d’Israël ont détruit une bonne partie de l’infrastructure essentielle à la vie civile dans la Bande de Gaza: le peu d’infrastructure qui restait. Aujourd’hui, il est pratiquement impossible d’obtenir de l’électricité, de l’eau, des médicaments, etc. Même l’ONU  a récemment produit un rapport indiquant que Gaza deviendra totalement inhabitable pour l’année 2020. [4]

Dans le reste des « territoires occupés » [5] (Cisjordanie et Jérusalem), même si la situation n’est pas aussi drastique, on constate également une détérioration brutale. L’effet cumulatif des politiques de colonisation et d’apartheid s’ajoute aux nouvelles offensives de l’Etat d’Israël et des bandes d’extrême-droite. Ici aussi la guerre de Gaza de 2014 a été un point d’inflexion, parce que l’establishment politique sioniste (ainsi que la plupart de la société) ont viré clairement vers la droite. Une « fuite en avant » a alors commencé, dans laquelle Israël a tenté de surmonter la crise qu’il traversait, réaffirmant son rôle de « État juif » -enclave coloniale et raciste- au détriment de la coexistence plurinational.

Ese fue el marco, por ejemplo, de las provocaciones que montaron grupos de fanáticos israelíes, que quieren desatar una guerra en gran escala para justificar la limpieza étnica de los palestinos que todavía quedan. Muchas de estas provocaciones ocurren justamente contra la Mezquita de Al Aqsa, punto muy sensible para los musulmanes. Pero también ocurren en la periferia rural, en la que desataron una violencia brutal contra las familias palestinas, incluidos los niños.

Cela a été le cadre, par exemple, des provocations qu’ont monté des groupes de fanatiques israéliens, qui veulent déclencher une guerre à grande échelle pour justifier le nettoyage ethnique des palestiniens qui restent encore. Beaucoup de ces provocations visent précisément la mosquée d’Al Aqsa, un point très sensible pour les musulmans. Mais elles se déroulent aussi dans la périphérie rurale, dans laquelle les provocateurs ont déclenché une violence brutale contre les familles palestiniennes, y compris les enfants.

On peut comprendre ainsi le « terreau » social qui pourrait donner lieu à une troisième Intifada.

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Notes:

1.- Les « intifadas » sont les soulèvements palestiniens. La première a eu lieu en 1987 et est devenu internationalement célèbre comme « la révolte des pierres », où des jeunes palestiniens s’affrontaient aux tanks israéliens armés seulement avec des lance-pierres. En 2000, a éclaté la deuxième Intifada, principalement caractérisée par des attentats avec des explosifs.

2.- “La Intifada palestina latente desde la guerra de Gaza se recrudece”, Diario El País (España), 5/10/15.

3.- “La policía israelí cierra la Ciudad Vieja de Jerusalén para los palestinos”, Diario El País (España), 4/10/15.

4.- “Gaza podría ser inhabitable en 2020, según un informe de la ONU”, EFE-Jerusalén, 2/9/15

5.- Dans ce cas, nous nous référons aux territoires occupés par Israël en 1967. Cependant, il faut préciser que l’ensemble de l’état d’Israël est un grand « territoire occupé », car avant 1948, l’ensemble de son territoire était un seul État palestinien (sous mandat britannique) et de majorité arabe. Aujourd’hui une grande partie de la population palestinienne ne vit ni dans les territoires de 48 ni dans ceux de 67, mais ils sont contraints de vivre dans d’autres pays parce qu’Israël leur refuse le droit au retour. La situation de ces réfugiés s’aggrave chaque jour, surtout celle de ceux qui vivent dans les pays traversés par des guerres civiles comme la Syrie.

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Entourer de solidarité le peuple palestinien pour qu’il triomphe face à ses oppresseurs

L’Autorité National Palestinienne et l’impasse de la « voie diplomatique »

En l’absence d’un État palestinien, la représentation « officielle » de la nation est l’Autorité Nationale de Palestinienne  (ANP). Elle n’exerce le contrôle territorial que sur certaines villes de Cisjordanie, puisque le reste du territoire est directement géré par les forces de sécurité israéliennes, à l’exception de la Bande de Gaza, gouvernée par l’organisation islamiste palestinienne Hamas.

L’existence même de l’ANP est un grand piège, produit des accords d’Oslo de 1993. Là, l’État d’Israël a décidé d’accorder une représentation politique formelle aux palestiniens, en échange de ne leur reconnaître presque aucune autorité réelle.

Le leader de l’ANP, Mahmud Abbas, fait depuis plusieurs  années le pari d’une « voie diplomatique » pour résoudre le conflit avec Israël. Par exemple, il a réussi à capter attention des médias internationaux lorsqu’il a exigéà  l’ONU sa reconnaissance comme État indépendant. Il y a quelques jours il a obtenu une concession très symbolique, quand les Nations Unies ont hissé le drapeau palestinien pour la première fois.

Toutefois, il s’agit de purs symboles, puisque la situation sur le terrain ne s’améliore pas du tout. Le peuple palestinien est de plus en plus conscient de cela. Un sondage publié récemment explique que les deux-tiers des palestiniens exigent la démission d’Abbas et son gouvernement. [6] Peu de gens croient encore en la « voie diplomatique ».

Abbas lui-même a été forcé de tenir compte de cette pression… avec encore plus de gestes symboliques. Il a annoncé à l’ONU qu’il ignorera les accords d’Oslo de 1993. C’est une déclaration qui pourrait être révolutionnaire, si elle était accompagnée d’une certaine crédibilité quelconque. Mais Abbas est seulement une marionnette, un collaborateur de l’État d’Israël: sa fonction est seulement  d’obtenir des avantages pour une petite élite de palestiniens sur la base de maintenir le statu quo de l’apartheid.

Sin embargo, su discurso es síntoma de que algo se está rompiendo al interior de la sociedad palestina. La paciencia se está agotando, y en cualquier momento se puede desatar un tercer gran levantamiento. La tarea para la izquierda a lo largo y ancho del mundo es rodear de solidaridad al pueblo palestino para que triunfe contra sus opresores.

Cependant, son discours est un symptôme que quelque chose change à l’intérieur de la société palestinienne. La patience s’épuise, et à tout moment un troisième grand soulèvement populaire peut se déclencher. La tâche de la gauche à la longueur et la largeur du monde est entourner avec solidarité au peuple palestinien pour triompher face à leurs oppresseurs.

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Note:

6.- “Palestinian Public Opinion Poll No (57) Press Release”, Palestinian Center for Policy and Survey Research.21 September 2015 (http://www.pcpsr.org/en/node/619).

Par Ale Kur, Socialisme ou Barbarie, 08/10/15

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