Dic - 4 - 2015

Le 25 novembre dernier, SindipetroLP (Syndicat des Pétroliers du Litoral Paulista) membre du Front National des Travailleurs Pétroliers (FNP) et le premier syndicat à avoir déclaré la grève le 29 octobre, a approuvé dans une assemblée la fin du mouvement de grève et l’adoption de la proposition présentée le 13 novembre par Petrobras. Il a été le dernier à le faire.

La proposition de l’entreprise maintient les dispositions d’une loi antérieure – avec une diminution du pourcentage du paiement des heures supplémentaires – et un réajustement du salaire de 5,97 % (on avait demandé  que cette augmentation soit aligné sur l’indice d’inflation de l’IPCA 9,53 %), cependant, ils n’ont pas respecté la promesse de ne pas déduire du salaire les jours de grève.

Un regard moins attentif peut conduire à penser que la grève a été vaincue. Mais ce n’est pas le cas. Certains éléments de la construction et du maintien des 28 jours de grève dans laquelle les deux centrales syndicales, des signes politiques opposés (Federation Unifié des Pétroliers-FUP, avec 13 syndicats, partisan du gouvernement, dirigé par la CUT ; et le FNP, avec cinq syndicats, dirigés par la gauche indépendante), placés sur des côtés ooposés dans un « bras de fer », montrent une évolution très positive de l’organisation des travailleurs.

Une grève contre les plans d’austérité du gouvernement

La nouvelle direction de Petrobras a déclaré il y a trois mois la volonté de mettre en place le Plan de Gestion, qui réduit les droits et qui réduit les dispositions de l’ACT (Accord Collectif de Travail) de la période précédente, afin de faciliter le processus du plan pour la privatisation de la compagnie.

Rompant avec les négociations menées par la FUP, la FNP, par l’intermédiaire de SindipetroLP, a appelé à la grève avec le slogan « Défendre Petrobras! Aucun droit en moins », qui a déclenché une grève dans tout le pays, même avec le soutien de certains syndicats de la FUP, qui ont démarré la grève deux jours plus tard.

La réponse du secteur dans son ensemble, y compris le personnel des plateformes – traditionnellement plus réticents à la grève – a montré clairement deux aspects observés dans d’autres mouvements de travailleurs dès le noyau de la production, comme les travailleurs dans les usines automobiles au premier semestre: la rupture croissante des bases des travailleurs avec la bureaucratie et la reprise de la lutte au-delà de la question du salaire et plus directement sur la question de l’emploi et contre le attaques contenues dans les plans d’ajustement imposées par le patronat.

Cela se reflète non seulement dans la grève de 28 jours, mais aussi dans la tension créée par la FUP déjà le 16 novembre – deux jours après la présentation de la proposition de l’entreprise – avec un appel à des assemblées générales dans chaque lieu de travail pour imposer l’acceptation de cette proposition et la suspension du mouvement de grève. Malgré un certain sentiment de recul dans la lutte qui a frappé les travailleurs en ce moment, le rejet de cette proposition dans les bases de la FNP et d’autres six syndicats de la FUP, a fait que la grève n’a pris fin que neuf jours plus tard.

De cette façon, les travailleurs de base ont montré que les années de cooptation et des liaisons avec le lulisme (le PT de Lula), comme en a témoigné aussi la jeunesse en 2013, sont derrière nous. Ce n’est pas encore un mouvement de classe indépendant, mais il défend comme un axe central la confrontation directe avec les politiques néo-libérales de super-exploitation de la classe ouvrière et contre la bureaucratie qui démobilise et  dirige ces politiques.

La jeunesse à la tête

En avril dernier a été réalisée l’élection de la nouvelle commission directive de SindipetroLP (qui dirige les pétroliers de Cubatão, Santos et Caraguatatuba), remporté par 57 % des suffrages pour une période de trois ans (2015 à 2018) par la Liste 2, formée par des membres de la CSP-Conlutas et une majorité indépendante, qui a gagné contre l’ancienne direction démobilisatrice.

Une grande marque de cette direction est sa jeunesse. Des jeunes dirigeants avec une volonté de se battre, qui ont été capables de mobiliser la branche entière en à peine six mois à la direction et appeler à la grève.

Une nouvelle direction qui exprime très bien, mais d’une manière organisée, la force et le radicalisme de juin 2013. Dans ce cas, elle apporte avec elle une vision politique plus avancé, capable de diriger ses luttes et de tenter de surmonter la conscience « immédiate » pure et simple des revendications purement économiques. Évidemment ils commencent leur expérience de lutte et doivent faire face aux limites d’années de bureaucratie incorporés dans la conscience des travailleurs, mais déjà vivent et construisent la reprise des luttes historiques de la classe.

Et ce n’est pas une affaire sans importance: ils ont conduit à la grève toute une branche avec une revendication éminemment politique, contre la volonté de la direction majoritaire de la FUP/CUT et résistant, même avec peu de solidarité, après 28 jours de grève, avec l’axe d’empêcher que l’entreprise n’approfondisse les attaques sur les droits des travailleurs , alors que la bureaucratie de la CUT a fait le contraire dans d’autres secteurs de la  production.

Pour cette raison, en provoquant la fureur de la direction de l’Etat, cette jeune direction a fait un premier exercice victorieux d’où sortiront les leçons d’une plus grande participation politique des employés de la base.

Les limites qui impulsent des possibilités

Pendant la grève des travailleurs dans la plate-forme de Mexilhão, dans le bassin de Santos, lorsque la FUP avait déjà capitulé, un travailleur nous parlait de la pleine participation à la grève de la base traditionnellement réticente  et de la solidarité qui a permis de rejoindre des travailleurs de la plate-forme de Merluza, surmontant le retrait du transport que la compagnie avait imposé sur cette base. Il nous disait très motivé que dans une manifestation qui a eu lieu devant le siège de l’entreprise à Santos, sur un total de 30 manifestants, 9 étaient ses camarades de la plate-forme.

Mais, en même temps, il regrettait que la plupart des travailleurs exerçaient leur protestation chez eux et pas dans les rues. Il a compris la portée politique des revendications, mais il ressentait l’absence d’une  direction politique capable d’encourager  tous les travailleurs à aller dans la rue et à mettre le gouvernement et l’entreprise contre le mur.

Il est clair que le processus ouvert en juin de 2013 est en cours, qu’il se manifeste dans des mouvements isolés mais radicales: les fonctionnaires de l’état de Paraná, les travailleurs automobiles de Belo Monte, les lycéens de São Paulo, les Pétroliers, qui apportent une jeune direction héritière de celle qui a commencé dans les années 80.

Cette nouvelle direction non seulement reprend la capacité de la lutte des classes, mais également se construit avec des éléments de démocratie et de solidarité, même diffus, qui l’emportent sur le formalisme, le dogmatisme et la confusion de ces bases ouvrières, imposés par les défaites et le caractère défensif des combats de ces 25 dernières années. En revanche, on a besoin d’une direction politique de gauche capable de les unir et les amener à des luttes plus grandes.

Si les limites d’une lutte dirigée par une jeunesse qui fait ses premières armes sur le champ de bataille a empêché d’obtenir plus que ce que l’entreprise a proposé,  c’est précisément ce caractère « juvénile » qui commence à infliger des défaites partielles aux plans privatistes, exploiteurs et réactionnaires du capital; tout cela malgré des manœuvres des médias et des mensonges orchestrés par la classe dirigeante.

Tout cela met à l’ordre du jour la perspective d’un processus de luttes plus aiguës en 2016 qui peut remplacer l’agenda du capital, dans lequel les groupes et mouvements de la gauche, en particulier de la gauche révolutionnaire, doivent être capables de construire un outil politique et une action unitaire de ces jeunes et leurs luttes, les amenant au-delà de ce stade initial, qui est cependant déjà d’une grande importance historique.

Par José Roberto Silva,  SoB Brésil, 29/11/2015

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