Dic - 5 - 2015

Le dimanche 6 décembre est le jour d’élections pour renouveler la totalité des 197 députés de l’Assemblée National de la République Bolivarienne de Venezuela, le parlement, qui réunit dans en une seule chambre les fonctions du pouvoir législatif.

Les résultats de ce scrutin pourraient avoir immenses répercussions et conséquences en Amérique Latine. Parce que le Venezuela, avec Chávez, était le premier et le plus connu exemple des gouvernements et régimes « progressistes », générés par les désastres du néolibéralisme sauvage des années 90 et la vague des rébellions populaires provoqués par lui.

Après, il y a eu « l’Argentinazo » de 2001, suivi des révoltes de Bolivie et Équateur, et les changements électoraux préventifs de Brasil et Uruguay, qui ont provoqué une reconfiguration avec la Venezuela chaviste du plan politique et géopolitique latino-américain.

C’est clair quen Venezuela il n’y a eu aucun changement politique-social vraiment profond ni révolutionnaire. Le « Socialisme du XXI siècle » n’était que des paroles de charlatan, pire, il était contre-productif pour la vrai lutte pour le socialisme, étant donné la confusion et déceptions qu’il a laissé dans la tête de millions. Mais, sans sortir un millimètre du cadre capitaliste –et en restant dans l’économie rentière pétrolière–, la Venezuela de Chávez montrait une grande différence avec l’obéissance des chiens au maître de Washington des gouvernements du Sud des années 90, de Buenos Aires à Mexique.

Cette plus grande indépendance impliquait aussi une nouvelle répartition de la rente pétrolière qui a permis un « assistanat » très développé. Il s’est répandu sur les secteurs le plus pauvres… et il garantît au commandante Chávez un soutien politique large… le résultat est qu’il a gagné toutes les élections où il participait sauf une.[1]

Cependant, dans ce processus, il n’y eu aucun changement structurel. Quand le prix du pétrole s’est effondré, la chute sociale et politique commença aussi. La même situation, même si en très différentes proportions et caractéristiques, apparaît aussi dans les autres pays du sud –Argentine, Brasil, etc.–, qui dépendent en variable proportion de l’exportation de matières premières.

Les élections argentines répercutent en Venezuela

Ces situations parallèles expliquent que l’actualité au Venezuela cette semaine ce sont les élections en Argentine. Un candidate néolibéral –Mauricio Macri– très semblable au dirigeant d’opposition de droite vénézuélien Henrique Capriles a gagné, multimillionnaire aussi et qui utilise les mêmes drapeaux jaunes avec un dessin semblable.

Cette résonance est logique. Nous avons souligné, que même avec d’énormes différences, le chavisme et le kichnerisme font partie du même cycle politique latino-américain. L’opposition de droite espère qu’au Venezuela se répète ce « fin de cycle » qui aurait commencé en Argentine. Mais les choses peuvent être moins simples, même si Capriles et leur coalition, la MUD (Mesa de la Unidad Democrática), gagne les élections et réussisse la majorité dans le nouveau parlement.

Alors, une situation plus complexe s’ouvrerait de difficile pronostique. Sous le gouvernement de Maduro, la situation des masses travailleuses et populaires s’est détériorée a un extrême qu’on ne peut pas comparer avec les difficultés actuelles en Argentine.2

Ceci aurait aidé à des nombreux électeurs chavistes à « retirer » leur vote aux candidats du Grand Pôle Patriotique Simón Bolívar, dirigée par le PSUV. Mais, si l’on croit à la majorité des sondages3, une partie de ces électeurs ne se décident pas à voter pour la droite .

C’est-à-dire, les voix de l’opposition aujourd’hui seraient majoritaires; mais simultanément un secteur d’électeurs indécis hésite, leurs voix peuvent aller d’un côté ou à l’autre… ou partir avec l’abstention… sinon aux autres listes « indépendantes » si elles se présentent avec suffisamment d’attraction. Ce secteur indécis (principalement ex chaviste), peut décider l’élection.

Un système électorale compliqué et peu démocratique

Ceci se complique à cause du complexe système électoral parlementaire de Venezuela. Les 167 députés qui forment l’Assemblée National ne sont pas élus, par exemple, à travers de listes avec représentation proportionnel selon les voix obtenus.

Le système est autant embrouillé que peu démocratique. Il peut arriver qu’un parti ou coalition obtienne plus de députés avec moins de voix que les autres.

Pour l’élection des députés à l’Assemblée National il y a un système des « élections parallèles ». Simultanément il y a deux élections concurrentes: une de sièges nominaux pour personnalisation de suffrage, et autre de sièges pour liste à représentation proportionnelle.

Chaque électeur a la possibilité de faire jusqu’à 4 choix, selon la circonscription: 1 à 3 voix pour candidats choisis–c’est à dire, pour députés nominaux– et 1 voix pour les députes liste. En régions avec représentation indigène, il y une voix extra pour choisir des députés indigènes.

Les députés nominaux sont 113 sièges en total, élus en 87 circonscriptions électorales. Les députés liste sont 51 sièges en total, élus pour représentation proportionnel pas dans les circonscriptions mais dans les différents États. Plus 3 députés de communes indigènes.

Alors dans l’élection à l’Assemblée National celui qui gagne plus des circonscriptions et non plus de voix peut obtenir plus de députés. Ceci peut être une source de conflits additionnelles, si il n’y pas une majorité claire.

Un plébiscite sur la continuité de Maduro?

La ressemblance de Venezuela avec l’Argentine a ses limités. La situation économique-sociale vénézuélienne est bien pire. Une autre différence, légalement le chaviste Nicolás Maduro doit être président jusqu’à 2019.

Si la MUD gagne la majorité du parlement il aurait un problème. Alors, soit on va vers un accord entre les deux factions bourgeoises pour pouvoir gouverner, soit la situation pourrait aboutir en un affrontement entre l’Exécutif et le Législatif qui peut provoquer une crise politique de conséquences inattendues.

C’est certain que Maduro et son équipé vont chaque fois plus à droite. Entre 2014 et 2015 ils ont payé 27.000 millions de dollars aux usuriers internationaux, au prix des privations que le peuple de Venezuela subit. En plus, derrière la mensonge de la « guerre économique », une partie de la bourgeoisie a fait des fabuleuses affaires spéculant avec les différences sidérales entre le dollar « officiel » pour les importations et leur vrai valeur dans le marché noir. L’autre côté de cette spéculation ce sont les files interminables pour acheter nourriture et médicaments, en plus des salaires de misère, des licenciements et des fermetures de boîtes.

Mais une chose est que les capitalistes –d’opposition ou bolibourgeois (bourgeois « bolivariens »)– se remplissent les poches, et une autre qu’ils aimeraient vivre dans l’angoisse. La grande majorité préfère directement un autre gouvernement, celui de la MUD. Cependant, un coup « institutionnel » contre Maduro, basé dans une nouvelle Assemblée Nationale avec majorité « escuálida », peut provoquer des réponses violentes … et pas seulement du peuple. Dans l’appareil d’ État il pourrait y avoir des réactions musclées –même de la part des forces armés qu‘au Venezuela jouent un rôle plus significatif que dans des autres pays et où le chavisme a du poids–.

La seule chose sûre est que si le 6 décembre se produit un clair « châtiment par les urnes », non seulement la composition de l’assemblée National aura changé, mais en plus une crise politique et institutionnelle profonde pourrait commencer…

La nécessité d’une alternative indépendante ouvrière et populaire

Dans l’article « Vers la fin du cycle chaviste? », déjà cité – nous avons signalé l’opportunité qui se présente pour la gauche, puisque les électeurs –selon les enquêtes – s’éloignent de la tradition chaviste… mais ils n’ont pas encore décidé voter pour l’opposition « escuálida » de la MUD.

Nous avons dit que « profiter de cette possible opportunité… implique des responsabilités particulières pour deux organisations, le PSL (Parti socialisme et liberté) et Marea socialista. Dans un état, Merida, ils ont des candidats communs. Mais, inexplicablement, ce n’est pas le cas dans l’ensemble du pays. Si en Merida l’unité était correcte, pourquoi pas dans d’autres états ? » (http://www.socialismo-o-barbarie.org/?p=6679)

Malheureusement, autant le PSL que Marea Socialista ont eu un raisonnement électoraliste. Dans cette bagarre politique, la bataille pour une alternative au niveau national qui soit clairement indépendant socialiste et des travailleurs, a disparue.

En chaque état ou circonscription où ils sont présents, ils ont fait des accords électoralistes avec toute sorte de groupes, groupuscules et personnages sortis des comités de la MUD et du chavisme, qui cherchent à s’établir « à compte propre » dans le business électoral. Ceci inclut des bureaucrates syndicaux de longue trajectoire comme Marcela Máspero –auparavant inconditionnelle de Chávez et maintenant amie de María Corina Machado, une des « escuálidas » les plus nauseabondes –, et surtout avec des morceaux de partis bourgeois comme le MAS, et d’autres organisations et personnages du même type.

Ainsi, le PSL et Marea Socialista ont préféré s’adapter à la fragmentation dépolitise du système de circonscriptions, en faisant des accords électoraux avec des dizaines de personnages et organisations qui ont seulement comme programme réussir à obtenir, n’importe comment, un siège au parlement. Certains d’entre eux, en autres élections, ont fait alliance avec la MUD en une circonscription, en autre avec les chavistes… et maintenant où ils n’ont pas de siège ils acceptent l’alliance avec le PSL.

En ces différentes alliances sans programme politique ni principes communs (sauf celui de pêcher des sièges dans le fleuve trouble de la crise du chavisme), le PSL continue à pencher du côté des « escuálidos », selon les relations quil a cultivé depuis des années.

Marea Socialista ne fait pas mieux, mais elle se penche pour les groupes ségrégés du chavisme en crise, elle ne réussit pas à rompre avec lui, malgré la catastrophe que souffrent les travailleurs de Venezuela.

La multiplication de dizaines de mini-divisions (du chavisme comme de la MUD) pour monter des listes locales, se produit parce que la tendance vers un « vote indépendant » a été perçue par une multitude d’opportunistes. Le PSL et Marea Socialista se sont jettes au bassin pour voir ce qu’ils pêchent, en s’alliant avec n’importe qui….Mais dans ce chemin ils ont perdu l’opportunité de créer un front à niveau national, pour un programme indépendant, socialiste et de classe.

¡Dénonçons la provocation lâchée par Macri contre Venezuela!

On savait déjà que Macri, le Pro et Cambiemos sont les porte-parole et agents du maître du Nord dans la politique argentine.

D’autres gouvernements latino-américains, en fait, ne sont pas plus indépendants. Cependant, ils essaient de ne pas s’afficher comme des servants dévergondes de Washington. Mais notre nouveau président n’a pas cette honte.

Macri, dans sa première action politique, même avant d’assumer la présidence, essaie de provoquer un conflit contre le Venezuela, en défendant l’ « escuálido » Leopoldo López, qui voulait provoquer un coup d’État en refusant le résultat des élections de 2013, à travers des « guarimbas » (barricades) d’extrême droite qui ont provoqué 40 morts.

En plus, Macri prend cette campagne promue par Washington, avec l’intention d’expulser Venezuela du Mercosur. Naturellement, nous ne nous faisons aucune illusion sur ce marché commun des bourgeoisies brésilienne et argentine, que le kirchnerisme avait promu. Mais nous n’oublions pas que l’impérialisme états-unien ne l’apprécié pas beaucoup. Aujourd’hui les Etats-Unis veulet mettre tout le monde dans l’Accord Transpacifique dirigé contre la Chine. La liquidation du Mercosur profiterait aux Etats Unis.

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1.- La seule élection que Chávez a perdue était le plébiscite sur le Projet de Réforme Constitutionnel de 2007.

2 http://sobfrance.unblog.fr/2015/10/29/venezuela-vers-la-fin-de-cycle-chaviste-elections-parlementaires-le-6-decembre-prochain/

3Sondages de moins en moins fiables dans le monde entier, et pas seulement au Venezuela.

Par Rafael Salinas

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