Cet article a été écrit le 17 Mars, lorsque le mouvement faisait ces premiers pas, pour l’hebdomadaire du Nuevo MAS (Nouveau Mouvement vers le Socialisme) de l’Argentine [1]. La surcharge d’activité militante nous a empêché de faire la traduction plutôt, et il est donc publié après une suite d’événements très riche. Nous considérons quand même que malgré son « vieillissement » il reflète une tendance importante du mouvement, qui a continué à se développer et à renforcer et dans laquelle nous nous investissons toujours. Un article plus de fond sur la situation et la stratégie dans le mouvement suivra bientôt.
Ma chère Paris m’a reçue de mon retour de Buenos Aires de la meilleure manière possible : avec un grand processus de mobilisation sociale en construction. Le point de départ a été l’annonce de la réforme de travail El Khomri qui implique un changement global et profond de la relation entre les travailleurs et les patrons. Avec l’enterrement du Code du Travail en imposant la suprématie des « accords par entreprise », le gouvernement prétend retourner à l’atomisation des travailleurs et à une relation de subordination que la lutte de la classe ouvrière a su enterrer il y a presque deux siècles. Cette attaque sans précédent a réveillé une force et une accumulation qui restait endormie entre la jeunesse et la classe ouvrière depuis au moins la défaite de 2010, quand la lutte contre la réforme de retraites…
Il ne s’agit pas d’annoncer la victoire quand on n’est qu’au début de la lutte : une mobilisation générale, des étudiants universitaires, secondaires, de travailleurs avec et sans emploi est encore une perspective en construction. Rien ne garantit la victoire et nos ennemis sont forts et habiles : le gouvernement a déjà annoncé l’abandon des points les plus contestés de la loi et les bureaucrates de la CFDT applaudissent ces miettes comme une « victoire », dans le but d’éclater la mobilisation. La blague est déjà populaire : le jour où le gouvernement rétablira l’esclavage, la CFDT va négocier le poids des chaînes…
Mais si rien n’est gagné d’avance, si le processus a des éléments de « potentialité » ou de pari, le plus significatif est peut-être justement ceci : que pour la première fois depuis la défaite de 2010, nous pouvons faire un pari, nous pouvons nous enthousiasmer et enthousiasmer autour de nous avec la perspective d’une victoire. Depuis 2010, les travailleurs, les jeunes, les chômeurs, les femmes souffrons une série d’attaques sans précédents, nous souffrons une dégradation de nos vies, nous voyons de manière presqu’impassible comment le monde se dirige de plus en plus vers l’abîme, avec son cocktail dégoutant de guerres, de déplacements forcés de millions de personnes qui meurent aux portes de l’Europe, de crise économique, climatique, humanitaire. Depuis 2010, nous ne faisons que subir, que subir attaque après attaque, coup après coup, humiliation après humiliation, cauchemar après cauchemar…
Mais à partir de l’énième, ou du millionième attaque du gouvernement et des patrons, toute cette colère que nous avons cumulé pendant des années ressort à la surface, elle se transforme en discussion, en organisation, en énergie créative, en perspective. Ce texte n’a pas vocation à être une analyse de la loi travail, de la situation politique ouverte, avec ses possibilités et limites, de la tactique, de l’orientation et de la stratégie pour gagner la lutte. Il s’agit simplement d’exprimer, à cœur ouvert et avec les tripes (même si le résultat est un mélange de politique et poésie de basse qualité), l’expérience énorme et les enseignements qu’un un tel processus de mobilisation a déjà laissé dans des secteurs de plus en plus vastes (pour le moment dans un secteur réduit, pour rester sur terre, bien que ce secteur puisse être le début d’une boule de neige ou les semences du prochain round de la lutte des classes). Il s’agit de mettre sur le papier quelques notes de ce qui arrive quand les travailleurs, les jeunes, les femmes, tous les exploités et opprimés lèvent la tête. Quand nous commençons à avoir conscience du fait qu’il y a en jeu un truc énorme, que nous avons une occasion de mettre une énorme claque au gouvernement et aux patrons. Quand les jeunes étudiants vont parler avec les travailleurs de base pour leur transmettre la combativité que nous construisons et les travailleurs viennent voir les étudiants avec le même objectif, celui de construire la convergence de des différentes luttes, et celui d’unir notre classe social, celle des exploités et opprimés, contre nos ennemis de classe. Quand l’idée et la perspective de la grève générale reconductible commence à sonner de plus en plus dans les têtes.
En fin, ce qui arrive quand des secteurs de plus en plus vastes des exploités et opprimés ont se bagarrent pour prendre dans leurs mains leur propre destin.
Le 9 mars fait sauter dans l’air la tactique passive de la bureaucratie
L’ « étincelle » du processus actuel est sans aucun doute la mobilisation massive du 9 mars. Comme d’habitude, les organisations syndicales traditionnelles cherchaient à refroidir le mouvement: la première date de mobilisation, face à l’attaque, était prévue pour le… 31 mars ! Toutefois, la brutalité de l’attaque et la colère accumulée ont provoqué des éléments plus spontanés et d’autres plus structurels. D’une part, une série d’éléments, pour dire les choses rapidement, de la « la génération 2.0 » : une pétition sur internet qui a réuni plus de 500.000 signatures dans l’espace de quelques jours, divers « événements Facebook » qu’appelaient à une mobilisation (et même à une grève !) générale pour le 9 mars, une série de vidéos réalisées par un groupe de « youtubers « de gauche autour du hashtag #onvautmieuxqueça. D’autre part, une réunion d’organisations politiques et syndicales de jeunesse [1] qui a repris l’idée d’appeler à la mobilisation le 9 mars, en appelant à une mobilisation nationale. Des assemblées générales ont commencé à être organisées dans les universités pour préparer la journée du 9 : 700 étudiants dans la faculté de Toulouse, 800 à Paris 8-Saint Denis, 400 à Paris 1- le Sorbonne, 300 à Paris 10-Nanterre. Tout ce développement a commencé à monter la vapeur autour du projet de réforme de travail, et il a obligé quelques confédérations syndicales comme la CGT ou Solidaires à appeler aussi à la journée de mobilisation (mais ils n’ont pas appelé à la grève !), bien qu’en essayant dès le début de diviser. À Paris, l’appel qui avait largement circulé appelait à concentrer la Place de la République à 13h30, la CGT a décidé d’appeler à se rassembler dans un autre lieu à 11h…
Finalement, la journée a été un succès total : plus de 500.000 personnes dans tout le pays, plus de 100.000 à Paris. Il s’agit de la mobilisation la plus grande depuis que le gouvernement « socialiste » d’Hollande est au pouvoir. Il y avait une importante composition juvénile, mais aussi de travailleurs, de chômeurs. Beaucoup de travailleurs ont décidé de prendre un jour « de repos » ou « de congés », pour pouvoir « se mettre en grève de manière indirecte » et participer à la mobilisation, puisqu’aucune confédération syndicale n’appelait à la grève le 9. L’atmosphère a été combative, dynamique, avec la jeunesse comme moteur mais avec une certaine représentativité d’autres secteurs. On a senti dans l’air que quelque chose avait changé…
Et en effet, quelque chose avait changé. Du calendrier sans grandes vagues de la bureaucratie, qui avait la volonté de réaliser une mobilisation presque symbolique le 31 mars, on est passée à une situation dont le rythme dépend en grande partie des secteurs les plus dynamiques, des étudiants, et de l’impact que leur mobilisation peut avoir sur d’autres secteurs. Après le 9, on a décidé la réalisation d’une journée de mobilisations le 17, une autre le 24, une autre le 31 qui devrait être non pas la fin mais le début d’une lutte générale, de la grève générale reconductible… Si la journée du 9 a changé d’une telle manière le calendrier, les rythmes et d’une manière générale l’état d’esprit à une large échelle, c’est parce qu’il s’est agi d’une journée qui a objectivement échappé aux grands appareils, qu’a eu des éléments d’explosion, d’auto-organisation, qui a permis de rompre avec la normalité. Depuis le 9, beaucoup de choses ont profondément changé…
Quand le cours « normal » des choses change sa direction
Ma première implication dans le mouvement a été la participation dans le comité de mobilisation de l’Université de Nanterre, vendredi 11. Pour préparer le 9 mars, on a réalisé une assemblée générale à l’université, qui a décidé la mise en place d’un « Comité de Mobilisation », et puis il y a eu un départ collectif en manif. Le comité, ouvert à tous les étudiants, composé de étudiants organisés politiquement et syndicalement et de non organisés, est le cadre qui réunit tout l’activisme, qui décide de l’activité concrète du jour le jour, qui organise les Assemblées Générales, cadre où l’on vote les orientations et les actions que le comité se charge d’appliquer.
Dans le comité, nous (quelques 70 étudiants) discutons l’écriture d’un tract pour étendre la mobilisation, la réalisation d’interventions dans les cours, la création d’une page Facebook de la mobilisation, entre autres choses. Il s’agit d’une nouvelle génération qui forge ses premières armes dans la lutte et dans l’organisation. Un important point de discussion a été la création « d’une Commission de Convergence avec les Travailleurs », qui discute et organise des activités pour diriger l’énergie qui née est parmi les étudiants vers les secteurs ouvriers de la région, pour leur expliquer notre lutte et les inviter à lutter ensemble. Nous sommes convaincus que la seule manière de faire reculer le gouvernement est de bloquer l’économie et le pays, en mettant en mouvement les secteurs clé de la classe travailleuse…
Lundi, alors, mon réveil sonne à 5am, nous nous donnons rendez-vous avec des étudiants de l’université dans une station de métro, pour aller discuter avec de postiers; nous avons des liens avec des travailleurs et des dirigeants syndicaux du secteur qui organisent l’activité avec nous. Les travailleurs nous reçoivent chalereusement, les mains se serrent, nous parlons du froid glacial de la matinée. Après quelques minutes pour rassembler tout le monde, les postiers cessent le travail et s’approchent pour nous écouter. Nous expliquons que nous sommes mobilisés à l’université, que nous exigeons le retrait pur et simple de la Loi El Khomri, que nous nous battons pour notre futur et pour notre présent, car la majorité d’étudiants enchaînent des bulots précaires pour financer leurs études. Nous expliquons que nous ne pourrons pas gagner tous seuls, que si nous venons à 6h du matin les visiter c’est pour les inviter à s’organiser, à se mobiliser, à faire la grève et venir aux manifestations, à construire la convergence avec nous. Nous disons finalement quelque chose qui paraît évident, mais qui seulement maintenant, dans ce type de « rencontres peu probables » dévient concret : que nous sommes tous dans la même situation, que nous avons les mêmes intérêts et les mêmes ennemis, que nous avons une opportunité de faire payer au gouvernement et aux patrons toutes les merdes que ils nous ont infligé les dernières années. Nous sentons que les travailleurs nous écoutent, qu’ils sont d’accord avec ce que nous disons, qu’ils sont heureux que nous soyons là…
Après notre intervention, les dirigeants syndicaux des postiers parlent. Pendant que le camarade intervient, une petite « visite » agite la situation : six policiers, un d’eux armé d’un Flashball, arrivent. La police se présente en expliquant qu’ils ont reçu un appel notifiant la présence « d’éléments extérieurs au centre » et que nous devons partir. Jusqu’là, rien surprenant : les entreprises privées sont le fief du patron, qui impose sa dictature et qui décide qui a le droit d’entrer et de sortir de la boîte. Ce qui est surprenant, c’est que les travailleurs se sont automatiquement interposés entre les flics et nous, ils ont défendu notre droit de venir leur parler, ils ont menacé de se déclarer en grève immédiatement si la police ne partait pas. Finalement, les six cowboys que sont venus nous intimider sont repartir la tête basse, chassés par des cris de « Résistance ! » des étudiants et des travailleurs. Nous avons pu ensuite terminer notre échange autour des perspectives, entre nous, salariés et étudiants, membres d’une même classe, puis les postiers nous ont accompagnées jusqu’à la sortie, pour empêcher que « un policier ne songe toucher même pas un cheveux d’un étudiant » dans le centre de courriers. Nous rentrons à l’université avec une énergie énorme, avec la certitude d’avoir vécu une expérience qu’on ne vit pas tous les jours, d’être en train de faire un pari historique. Nous décidons rapidement de nous repartir entre les différents TDs pour pouvoir partager cette expérience avec le maximum possible d’étudiants, pour intervenir dans le maximum de cours. Les yeux des étudiants brillaient quand nous leurs racontions comment les postiers , les étudiants, tous ensemble nous avions pu expulser les flics d’un centre de travail, en défense de notre unité, de notre droit de discuter , de nous organiser et de nous battre ensemble. Les yeux des étudiants brillaient autant ou plus que nos yeux ont brillé quand nous avons entendu les travailleurs crier « Résistance ! Résistance ! », jusqu’à nous fondre dans un seul poing.
Le jour suivant, une assemblée de 500 personnes discute sur la réforme de la loi travail : « Ni amendable ni négociable, retrait total ! ». On vote le retrait total, un calendrier de mobilisations : 17 mars, 24 mars, 31 mars. On vote la grève étudiante (qui est encore loin d’être une réalité…) pour la journée du 17 mars ; on vote aussi la réalisation de « barrages filtrants » (sorte de « piquets de grève »), pour discuter avec l’ensemble des étudiants sur les objectifs et les perspectives du mouvement. À la fin de l’assemblée, un groupe de 40 étudiants se prépare pour l’action suivante en direction des travailleurs : cette fois-ci nous choisissons d’aller à Saint Lazare, une des principales gares ferroviaires de Paris, qui « nourrit » toute la zone ouest du Grand Paris. Nous arrivons à la gare mégaphone en main et en chantant pour l’unité de tous les secteurs : « Lycéens, étudiants, chômeurs et salariés/ C’est tous ensemble qu’il faut lutter/ Car c’est tous ensemble qu’on va gagner ! ». les cheminots nous reçoivent , ils ont organisé pour nous un petit « tour » par la gare pour que nous nous adressions directement aux travailleurs de base : le 9 mars, les cheminots ont fait la grève la plus suivi des dix dernières années, contre une réforme de leur « Code du Travail interne » qui va dans le même sens régressif que la Réforme El Khomri contre laquelle nous nous mobilisons.
Depuis, quelque chose change dans l’atmosphère. Nous parcourons la gare, de trois étages et de 24 quais, en chantant et en agitant avec le mégaphone, en entrant aux différents services, en parlant avec les travailleurs, en leur donnant le tract que nous avons écrit dans le comité de mobilisation, en les invitant à venir le 17, le 24, le 31, à construire une lutte générale contre les attaques que nous subissons. Si les cheminots font une vraie grève, le pays entier est bloqué… Il s’agit d’un pari difficile : la CGT, syndicat majoritaire dans le secteur, s’oppose à la réforme El Khomri au niveau national, mais elle refuse de construire la grève indéfinie à partir du 31, elle veut seulement une journée de grève isolée. Nous ne pouvons rien attendre des directions bureaucratiques, il faut construire l’auto-organisation des travailleurs. Notre comité de mobilisation qui se réunit quotidiennement et discute et organise tout, « un proto comité de grève » étudiant, leur servira peut-être d’inspiration… Quoi qu’il en soit, les cheminots nous remercient pour la visite, nous réaffirment que nous devons nous battre tous ensemble, que nous pouvons gagner face au gouvernement. Nous nous donnons rendez-vous pour jeudi 17, pour faire un cortège commun entre les étudiants de Nanterre et les cheminots de Saint Lazare…
Notre dernière activité de la semaine se déroule dans l’usine de PSA (Peugeot-Citroen) de Poissy, la plus grande usine du groupe en France : quatre mille ouvriers. A cette occassion, nous sommes une trentaine d’étudiants , nous nous donnons rencart à la fac pour aller tous ensemble à l’usine qui se trouve à quelque vingt kilomètres. Dans une des portes de l’usine (qui occupe « seulement » 200 hectares, 2 kilomètres par 2 kilomètres), un groupe de 15 ouvriers de la CGT nous attend pour effectuer l’action conjointe. Pendant une heure, nous profitons du changement d’équipe pour agiter, pour parler avec les ouvriers, pour tracter : tout le monde saisit le tract, nous distribuons plus de 2000… L’organisation de l’activité a un objectif bien clair : la CGT-Métallurgique a appelé à la grève le 9 mars, 200 ouvriers de l’usine de Poissy ont pris part à la manifestation et la CGT-Métallurgie appelle à nouveau à la grève le 17 et à la mobilisation ; il s’agit précisément de s’adresser aux ouvriers directement pour réchauffer les moteurs vers la journée de demain. L’accueil est très bon : «Ceci nous touche tous », « on se voit demain dans la manif ». Pendant ce tractage, un ouvrier qui a été récemment muté à Poissy après avoir passé 24 années à l’usine d’Aulnay, fermée il y a deux ans malgré la lutte héroïque des travailleurs, nous raconte anecdote militante après anecdote histoire militante : les luttes contre les petits contremaîtres et les chefs de secteur, la lutte contre la bureaucratie dans les syndicats, les expressions de solidarité ouvrière. Je regarde l’accumulation historique de notre classe en chaire et en os, je me rend compte de la chance que j’ai de vivre un processus de mobilisation qui me met en contact avec cette richesse militante énorme. Le camarade a deux pines dans son blouson : « Tous ensemble contre la fermeture de PSA-Aulnay » et « Nous nous battrons comme des lions– PSA-Aulnay » ; je lui dit que j’ai les mêmes chez moi, que je les ai acheté il y a deux ans lors des manifs des salariés d’Aulnay, après avoir dormi 4 ou 5 heures par jour depuis lundi dernier cela ne m’a passé par la tête de les apporter, quel con. « Depuis la bagarre d’Aulnay je les porte toujours » ; c’est clair, comment pourrait-il laisser de côté 24 années d’organisation, de lutte, de résistance, concentrés dans ces deux pines accrochées à un blouson… « Merci d’être venus, vous revenez quand vous voulez, nous nous retrouvons demain et à la prochaine », nous disent les compagnons de la CGT tandis que nous prenons à nouveau le train pour rentrer à la fac.
Dans la fac, comme partout, les choses changent. Les étudiants distribuent des tracts, peignent des drapeaux, affiches, débattent. Pour le moment nous sommes quelques des dizaines, demain nous serons encore plus nombreux, ce qui il est clair est qu’on forge une nouvelle génération activiste, militante, combative, qui n’est pas « méfiante » quand il s’agit d’aller voir les travailleurs parce que nous vivons chaque jour l’exploitation, l’instabilité et le manque de perspective auxquels nous soumet ce système. Mes yeux se ferment, j’arrête, demain j’ai une longue journée . Malgré la fatigue, nous serons demain là très tôt, mégaphone en main, tract en main, pour essayer de dialoguer avec des milliers d’étudiants de la nécessité d’organiser, de se mobiliser, de discuter, de se former, de converger avec les travailleurs, de construire la grève générale pour stopper le gouvernement et les patrons, pour avoir notre revanche. Nous avons un important défi : il faut essayer de débrayer les cours, mettre en place un grand cortège de la fac, converger avec les cheminots, nous serons des milliers dans les rues pour donner suite au 9 et préparer les prochaines mobilisations qui s’approchent déjà. Mes yeux se ferment mais c’est pas grave, j’ai encore plein d’énergie et la joie de savoir que je vis un moment où les choses commencent à changer, que je dois profiter à fond pour vivre ce que l’on vit rarement : la possibilité d’essayer de prendre, par une fois, notre destin dans nos mains.
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[1] L’article original, en espagnol, peut être consulté sur : http://www.socialismo-o-barbarie.org/?p=7417
Par Alejandro Vinet, le 17 Mars 2016