Contre le surtravail, la précarité, la double journée, le sexisme, le bafouement des droits sexuels et reproductifs
Les travailleuses et travailleurs des hôpitaux de l’APHP (Assistance Publique-Hôpitaux de Paris) ont, elles aussi, installé un stand sur la place de la République. C’est « l’Hôpital Debout », construit sur la base des liens tissés dans la lutte contre le Plan Hirsch[1]. L’Hôpital Debout se tient tous les après-midi sur la Place de la République depuis plusieurs jours : c’est devenu la Commission Santé de la Nuit Debout.
Au microphone, ils et elles interviennent, les salariés de Henri-Mondor, de Saint-Louis, de Pompidou, la Pitié, Tenon, Avicenne, Debré, mais aussi des centres de santé et de l’établissement public de santé de Ville-Évrard… Ils racontent comment le gouvernement socialiste les a attaqués, à travers le plan du directeur Martin Hirsch, qui cherche par tous les moyens de réduire les coûts de personnel, de faire encore des économies sur le dos des travailleurs. Il suit la politique d’austérité imposée par l’Union Européenne, et par le gouvernement du Parti « Socialiste », pro-patronal et néolibéral, maintenant détesté par la population. Les travailleurs luttent depuis un an contre le Plan Hirsch, le gouvernement a dû reculer dans sa mise en place, mais maintenant Hirsch cherche à appliquer ces mesures secteur par secteur et aux nouveaux embauchés. Ce plan implique une perte de 6 jours de repos par an, dans un milieu professionnel où il y a déjà une telle intensité du travail que les travailleurs subissent épuisement, stress, maladies et même suicides, comme conséquence des années de réduction de personnel et d’embauches des travailleurs qui ne se font que sous des statuts précaires. Les travailleurs des hôpitaux psychiatriques sont nombreux, ils dénoncent la situation catastrophique dans les centres de soins.
Le projet Hirsch pour l’hôpital public est une anticipation de ce qui arrivera à tous les travailleurs avec la loi El Khomri. Flexibilité, perte de jours de repos, journées de 12 heures!, précarité, surexploitation. Les femmes soignantes en subiront encore plus les conséquences parce que dans la plupart des cas elles doivent assurer les nécessités matérielles et les tâches liées à leurs foyers : elles font la double journée de travail. Justement, un des jours de repos supprimé dans les hôpitaux est le jour de fête de la mère. Ce gouvernement, malgré sa propagande « féministe » n’a pas de pitié pour les femmes quand il s’agit de faire des économies sur le dos des travailleurs pour mieux servir les patrons.
L’objectif du gouvernement est d’imposer dans les hôpitaux les critères de rentabilité capitaliste. Pour ceux qui veulent être mieux soignés, il faut qu’ils paient de bonnes mutuelles, surtout pour avoir le « luxe » de passer par les cliniques privées. Ainsi, déjà, de nombreux malades sortent de l’hôpital avant la période recommandée d’hospitalisation, car ils n’ont pas d’argent pour payer le « ticket modérateur » journalier que la sécurité sociale générale ne couvre pas. Ces patients rechutent, ils doivent retourner à l’hôpital, ce qui génère une nouvelle tarification « à l’acte ». Qui va s’occuper des malades à domicile? Sûrement leurs femmes, filles, mères… les unes devront se débrouiller pour s’absenter du travail, d’autres resteront encore plus enfermées à la maison, toutes auront plus de tâches et des angoisses.
Un usager raconte comment les patients souffrent de la dégradation des soins, produit du surmenage des soignants. Une personne hospitalisée a vu diminuer de 30 % le nombre d’infirmières pendant une période très courte, trois mois. Un travailleur technique explique que l’introduction de la sous-traitance pour l’entretien des installations coute très cher, tout en étant assez inefficace. Voilà encore une méthode pour réduire le nombre de postes à l’hôpital.
Dans un autre coin de la place, nous assistons aussi à des assembles féministes non mixtes, où les femmes expriment leurs témoignages sur la maltraitance des professionnels médicaux, sur les viols, les agressions…
Valérie Pécresse et la gauche contre les droits sexuels et reproductifs
Je prends la parole à Hôpital Debout pour dénoncer Pécresse, qui a coupé le financement de la région Ile-de-France destiné à la contraception gratuite pour les jeunes, au « pass jeune »[2] et menace de supprimer toute aide aux associations qui s’occupent de contraception, d’avortement, et d’éducation à la sexualité dans les collèges et lycées. La droite a la même politique dans les autres régions : à Lille, par exemple, une antenne du Planning Familial a été fermée.
Nous, militantes féministes, sommes en colère et déterminées à nous battre pour le droit réel à décider sur notre propre corps. Rappelle-toi, Pécresse, qu’en 2013 nous avons manifesté par milliers en solidarité avec les femmes espagnoles contre l’attaque de Rajoy au sujet du droit à l’avortement. Nous, les associations féministes comme le Planning Familial, nous allons nous mobiliser contre la droite dans les régions et partout contre le gouvernement impopulaire d’Hollande, dans l’unité avec les travailleurs, étudiants, chômeurs et autres secteurs en lutte. Pécresse n’est pas la seule à bafouer les droits des femmes. Hidalgo, à la mairie de Paris, traite femmes et hommes en contrat précaire comme des esclaves temporaires. Elle élimine les aides de logement aux femmes seules. Le gouvernement laissé sans protection des centaines des femmes qui veulent avorter chaque année, quand elles dépassent 12 semaines de grossesse. Elles doivent trouver l’argent pour payer une clinique en Hollande, Espagne ou Etats Unis selon le stade de la grossesse. C’est injuste, de tas des erreurs médicaux, problèmes de couple ou simple ignorance de la loi, provoquent que une femme dépasse les 12 semaines. Féministe tu parles !
Justement le Planning Familial vient de voter lors de son Congrès des motions importantes: contre la politique migratoire du gouvernement, contre l’état d’urgence et le tout sécuritaire, en défense du droit à l’avortement et de tous les droits sexuels et reproductifs, parmi d’autres questions[3]. Ceci exprime que la situation actuelle de remontée de mobilisations sociales, l’accumulation d’expériences de lutte, l’apparition de nouvelles générations militantes peut « changer » des organisations qui étaient « ligotées » dans des formes de bénévolat ou de liens avec l’Etat, pour les faire renouer avec les meilleures traditions militantes du passé et se nourrir du plus dynamique qui existe dans le présent.
Il faut maintenant se mettre en mouvement pour que ces résolutions ne restent pas lettre morte : rejoindre les manifs, les actions, les Assemblées Générales, les Nuit Debout et Hôpitaux Debout, construire la grève reconductible dans la santé.
Dans l’espace de la place de République, pendant la Nuit Debout, avec des affiches de « Convergence des luttes » qui commencent à remplir la place, les travailleurs des différents boites, hôpitaux, usines discutent ensemble, s’échangent leurs numéros de portables. Toutes et tous voient la politique pro gouvernementale des confédérations syndicales. Nous sommes en train de court-circuiter petit à petit les appareils syndicaux qui divisent les travailleurs et peut être de créer les bases d’une vraie bagarre jusqu’au bout contre cette loi, d’une grève illimité jusqu’au retrait pur et simple.
______________________
[1] Les travailleurs des hôpitaux se battent contre les attaques du gouvernement (http://bit.ly/SOB-APHP)
[2] http://www.franceinfo.fr/fil-info/article/suppression-du-pass-contraception-en-idf-ce-sont-les-plus-precaires-qui-vont-en-patir-veronica-782255
[3] http://www.planning-familial.org/articles/les-motions-dactualite-du-29eme-congres-0027275
Par Flora Kessler, le 20/04/16