La
Chine ouvrière face à la crise
Par Robert Paris
matierevolution, 28/11/08
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Emeutes
dans l’usine de jouets Kaida Toy |
La Chine fait à son tour face aux turbulences économiques.
Des usines travaillant pour l’export ferment, les chômeurs
manifestent et le plan de relance annoncé début novembre
est critiqué. Courrier International explore cette semaine
ce climat inhabituel en Chine. « Alors que la fin de
l’année approche, les régions côtières de Chine, en
particulier le delta de la rivière des Perles [au sud-ouest
du pays et où se concentrent les usines chinoises
nombreuses], sont touchées par une vague de retour au
bercail des paysans migrants. Le retour massif dans les
zones rurales d’ouvriers d’origine paysanne n’est en
rien un libre choix de leur part. D’après les
statistiques de la commission d’État chargée du Développement
et des Réformes, 67 000 petites et moyennes entreprises ont
déposé le bilan en Chine au cours du premier semestre
2008. À l’approche de la fin de l’année, les
entreprises sont de plus en plus nombreuses à devenir déficitaires.
Au cours de la seule première quinzaine d’octobre, une
cinquantaine d’entreprises hongkongaises ont été mises
en liquidation dans le delta de la rivière des Perles. Un
responsable de la Fédération des industries hongkongaises
estime qu’un quart des 70 000 entreprises hongkongaises
travaillant dans le delta de la rivière des Perles
pourraient avoir mis la clé sous la porte d’ici à la fin
de l’année », écrit Tong Dahuan dans le Zhujiang
Wanbao, « Le Quotidien du soir de la rivière des
perles ».
Ces multiples fermetures d’usines alimentent un climat
de colère. Et si leur nombre n’a pas été rendu public,
« la Chine doit tirer les leçons des mouvements de
masse qui ont eu lieu en 2008, et apprendre à y faire face
pour éviter les réactions en chaîne », écrit le
quotidien Guoji Xianqu Daobao. En trois semaines, la grève
des taxis de Chongqing a ainsi fait des émules dans cinq
autres villes. Par ailleurs, les émeutes provoquées la
semaine dernière par un conflit foncier à Longnan, dans le
Gansu, rappellent les affrontements violents qui avaient eu
lieu en juin dernier à Weng’an, dans le Guizhou. Des
photos de la répression policière à Longnan circulent sur
Internet. « Il faut apprendre à résoudre les
conflits par le dialogue », martèle le journal
gouvernemental.
La grogne et l’urgence de la situation a poussé Pékin
à annoncer début novembre une politique de grands travaux,
qui ne fait cependant pas l’unanimité. Un éditorial du
magazine Touzizhe Bao, « L’Investisseur »,
plaide pour une relance axée sur le développement social
et technologique. « Répondant à toutes les voix qui
réclamaient des mesures pour assurer le « maintien de
la croissance », le gouvernement a choisi une
politique de relance par l’investissement dans les
infrastructures. Alors qu’un premier programme de grands
travaux ferroviaires de 2000 milliards de yuans [environ 365
milliards de dollars] avait déjà été approuvé en
octobre, on vient d’apprendre que le ministère des
Transports et des Communications était en train de
concocter un nouveau plan prévoyant 5000 milliards d’investissements
au cours des trois à cinq années à venir : il s’agirait
cette fois de construire de nouvelles voies routières et
fluviales ainsi que des installations portuaires. Mais l’histoire
montre que les plans gouvernementaux de relance par l’investissement
sont peu efficaces et mènent assez sûrement au gaspillage,
à la construction redondante d’infrastructures ou aux
abus de pouvoir. »
jeudi 30 octobre 2008 Les travailleurs du textile chinois
en action contre un patronat agressif… Il n’y a pas qu’en
Belgique que le secteur textile rencontre des difficultés.
En Chine aussi, il y a beaucoup problèmes. Dans la ville de
Wujiang, dans la province orientale de Jiangsu, plus de
1.000 travailleurs du textile ont manifesté dans les rues
après que leur employeur ait fui vers l’étranger.
Chinaworker.info Les travailleurs ont bloqué ce lundi
pendant plusieurs heures quatre rues du centre-ville. Cette
action a été portée à la connaissance du monde par le
Centre d’information pour les droits de l’homme et la démocratie
de Hong Kong. Les travailleurs ont protesté parce que le
propriétaire de la société, Chunyu Textile Company, a
soudainement disparu vendredi dernier avec sa famille. Les
salaires n’ont pas été payés. C’est un phénomène
qui arrive de plus en plus souvent à mesure que frappe la
crise capitaliste. Dans les secteurs orientés vers l’exportation
comme le textile, c’est particulièrement visible. La
Commission nationale de développement et de réforme
rapporte que 67.000 petites et moyennes entreprises précédemment
en profits se sont effondrées durant le premier semestre.
Deux tiers des sociétés de textile risquent de subir des
restructurations et des pertes d’emploi, des usines
ferment, d’autres fusionnent. Les actions de Wujiang n’ont
décidé de stopper leur action que lorsque le gouvernement
local a fait la promesse de trouver une solution pour ces
travailleurs. Les gouvernements locaux doivent intervenir de
plus en plus pour les arriérés de salaire afin d’éviter
que les protestations ouvrières ne deviennent plus dures.
Les budgets des gouvernements locaux subissent donc une
grande pression, en plus de celle issue de la baisse des
revenus des impôts et de la chute des prix des terrains et
de l’immobilier consécutive à la chute du marché
immobilier chinois.
Les véritables socialistes en Chine soutiennent les
protestations des travailleurs, comme celles de Wujiang, et
nous appelons à la nationalisation sans compensation de
toutes les sociétés qui risquent de procéder à des
licenciements ou à des fermetures. Nous défendons la nécessité
de syndicats indépendants et combatifs pour que les
travailleurs puissent être en mesure de lutter pour leurs
droits ainsi que pour le contrôle démocratique de leurs
entreprises et de l’économie.
L'impressionnante croissance de la Chine commence à s'essouffler. Une
catastrophe pour Pékin. Le reste du monde peut lui aussi
trembler
Quand la chine décrochera
Par Caroline Puel
Correspondante en Chine
Le Point, 04/12/08
«Tiens,
regarde cette usine : elle est fermée. Il y avait 400
ouvriers... Et celle-là, ils étaient 600... Le patron, un
Taïwanais, s'est enfui avec l'argent de tous les
fournisseurs. Mais où aller le chercher maintenant, ce gars
? »
Zhao Jun est bien amer en faisant visiter sa ville de
Dongguan, l'une des principales cités-usines de la province
du Guangdong, dans le sud de la Chine. On croyait la Chine
à l'écart des grandes turbulences ; eh bien, pas du tout !
Habituée à une croissance économique à deux chiffres,
elle supporte mal le ralentissement en cours. Déjà, il y a
de la casse sociale dans le Sud. Ce fléchissement est jugé
suffisamment inquiétant pour que le gouvernement adopte un
vaste plan de relance et procède à une baisse
spectaculaire du taux directeur de la banque centrale. La
Chine n'est pas menacée par une récession, mais par un
ralentissement. Rien que cela est mal vécu.
Dongguan,
cité aux bâtiments de carrelage blanc et vitres vertes ou
bleues, compte plus d'un million d'usines de chaussures, d'électronique,
de jouets, de vêtements... C'est là, dans la province du
Guangdong, qui a attiré plus de 30 millions d'ouvriers des
provinces du centre, que la réputation d'atelier du monde
de la Chine a été forgée. Les choses ont commencé à se
gâter avec l'appréciation du yuan (plus de 20 % face au
dollar depuis 2005). L'augmentation du prix des matières
premières et une nouvelle loi sur le travail, obligeant à
prendre en compte l'assurance-vieillesse, la santé et le chômage
des ouvriers, ont fait flamber les coûts de main-d'oeuvre
de 30 à 40 %. Résultat, entre janvier et septembre, plus
de 7 000 usines du Guangdong ont fermé pour se délocaliser
au Vietnam, en Inde ou au Bangladesh, où les salaires sont
moins élevés. Ce sont avant tout les investisseurs de
Hongkong et de Taïwan, spécialistes des « usines
tournevis », qui choisissent l'étranger. On prévoit une
baisse des commandes de 40 % pour l'an prochain. Cette fois,
les usines fragilisées ne pourront même plus délocaliser
: elles feront faillite, entraînant avec elles la chaîne
des fournisseurs et laissant sur le carreau des milliers
d'ouvriers !
Violentes
manifestations
«
A Dongguan, on a des manifestations toutes les semaines. Un
jour, les ouvriers, un autre, les fournisseurs impayés ! A
la mi-octobre, les 600 ouvriers de l'usine taïwanaise ont même
bloqué la route principale,
explique un conseiller municipal. La police a interpellé
quelques meneurs et le gouvernement a vendu tout ce qu'il a
trouvé dans l'usine pour payer les salaires... » Les 6
500 ouvriers de l'usine de jouets Smart Union ont manifesté
violemment à plusieurs reprises.
«
Cette crise va éliminer les sociétés non compétitives »,
relativise David Chai, Taïwanais de 53 ans formé aux Etats-Unis
et président de l'Association des investisseurs taïwanais
(3 500 sociétés). David Chai, qui dirige également le
groupe Maxim (jouets en bois, ballons et accessoires de mode
exportés à 85 %), parie sur une reprise au second semestre
2009. « Nous continuons à bien vendre, dit-il. Pour
survivre, il va nous falloir réduire les coûts et améliorer
encore la qualité, pour devenir les meilleurs dans notre
catégorie. » La Chine fait de la résistance.
La
province du Guangdong déplore bien que 67 000 entreprises
et usines aient fermé depuis le début de l'année, mais se
félicite que près de 100 000 nouvelles aient été créées
dans le même temps-une partie d'entre elles, d'ailleurs,
sont d'anciennes sociétés qui ont rouvert en changeant de
nom et réembauché à de plus bas salaires. Les autorités
locales ne dramatisent pas.
«
La crise économique que subit le Guangdong est une
opportunité qui permet d'accélérer la transition que nous
souhaitons vers une société de services et de hautes
technologies », note le très officiel Quotidien
du Sud (Nanfang Ribao) dans son édition du 24 novembre.
« D'une certaine manière, les autorités chinoises
semblent profiter de cette crise pour laisser se dérouler
une sélection naturelle qui permettra de supprimer les
entreprises non performantes », estime Pierre Mongrué,
conseiller financier auprès de l'ambassade de France à Pékin.
Pour
l'heure, la crise économique frappe principalement trois
provinces où l'activité était le plus liée aux
exportations : le Guangdong, le Zhejiang et le Shandong. «
Nous avons près de 400 usines ou entrepôts disponibles »,
reconnaît Alice Wang, responsable d'une agence immobilière
Century au centre de Dongguan. De nombreux petits commerces
ont fermé aux alentours, preuve du ralentissement d'activité.
Si certaines industries (électronique, métallurgie, énergie....)
échappent au jeu de massacre, d'autres sont sinistrées. La
moitié des fabricants de jouets et le tiers des usines de
chaussures ont disparu cette année. La sidérurgie et
l'automobile souffrent aussi, mais le problème le plus sérieux
vient de la construction. Avant même le déclenchement de
la crise financière mondiale, depuis mars, le bâtiment
donnait des signes de faiblesse. La Chine a trop construit,
trop vite. La restriction du crédit et la chute de la
Bourse ont freiné les ardeurs des investisseurs.
Aujourd'hui, nombre de logements ne trouvent plus preneur.
Les prix de l'immobilier, qui avaient crû de manière
vertigineuse de 2005 à 2007, ont baissé de 15 % en
septembre et le nombre de transactions de 40 %. Ce qui n'est
pas du tout anodin. La construction (un quart de
l'investissement total) a été un pilier de la croissance
accélérée de la Chine ces dernières années. Chaque
livraison de logement entraîne des commandes de réfrigérateurs,
de téléviseurs, de lave-linge, de meubles...
Dans
le centre du pays, où le nombre d'entreprises exportatrices
est réduit, on ne ressent pas encore véritablement les
effets de la crise. « La Chine a une capacité
d'absorption des chocs beaucoup plus importante qu'on ne le
croit, soutient un diplomate. Le centre souffre d'un
relatif isolement et n'est pas encore relié à tous les
circuits de la mondialisation. Ce handicap pourrait devenir
un atout et le protéger de cette crise. » D'autant que
la Chine intérieure pourrait bien être la grande bénéficiaire
du plan de relance (485 milliards de dollars) adopté par Pékin.
Le plan, ambitieux-il engage près de 7 % du PIB-, portera
pour l'essentiel sur les dépenses d'infrastructures qui
manquent cruellement aux provinces du centre, les zones côtières
étant beaucoup mieux pourvues.
Pékin
s'inquiète du développement, plus rapide et profond que prévu,
de la crise. Il redoute un effet domino des faillites,
particulièrement dans la province du Zhejiang, l'une des
plus riches de Chine (70 % des entreprises sont privées).
Les banques chinoises, plutôt conservatrices, n'ont pas
pris en pension beaucoup des « produits toxiques » inventés
à Wall Street. Officiellement, pas plus de 10 milliards de
dollars, soit 1 % des actifs. Elles ont tout de même réduit
en partie leurs crédits ces derniers mois. En réaction,
beaucoup de chefs d'entreprise se prêtent de l'argent entre
eux ou se portent garants auprès des banques pour des collègues.
Les autorités locales ne restent pas inactives non plus.
Elles prêtent volontiers aux entreprises en difficulté
pour leur permettre de passer un mauvais cap. Prudentes,
elles récupèrent tout de même le passeport du PDG pour éviter
sa fuite à l'étranger en cas de faillite !
Retour
au pays
Officiellement,
le chômage atteint 9 % de la population active (35 millions
de personnes). Mais que valent ces statistiques ? Elles ne
prennent pas en compte les mingong (les paysans
migrants), estimés à 160 millions dans les grandes villes
et les zones côtières, qui occupent l'essentiel des
emplois d'ouvriers dans les chantiers et les usines. Pour
l'instant, les autorités locales s'efforcent de désamorcer
les revendications en payant d'emblée les arriérés de
salaire lorsqu'un patron s'est enfui. Dans le Guangdong, une
grande partie des ouvriers licenciés ont retrouvé un
emploi, très souvent contre une diminution de salaire (parfois
jusqu'à 30 %). Les responsables locaux ont tendance à
fermer les yeux ces dernières semaines sur les règles du
droit du travail. Plusieurs centaines de milliers de mingong
, renonçant pour l'heure à trouver un emploi, ont décidé
de rentrer dans leur campagne plus tôt que prévu. Début
2008, une terrible vague de froid avait bloqué tous les
transports, dans le sud de la Chine, pendant plus de trois
semaines, les privant de leurs retrouvailles familiales au
moment du Nouvel An chinois. La plupart d'entre eux sont
donc plutôt contents, cette année, de rentrer au pays.
Beaucoup en profiteront pour voir s'ils peuvent tirer partie
de la réglementation, entérinée début octobre, qui
autorise les paysans à louer ou à vendre leur terre. «
Les autorités du Hubei, explique un expatrié français
à Wuhan,
ont enregistré ces dernières semaines le
retour de 1,4 million de migrants sur les 9 millions installés
sur les côtes. Elles ne semblent pas très inquiètes pour
l'instant quant à leur capacité à les absorber dans le
cadre des grands projets d'infrastructures pour lesquels
elles attendent des fonds importants. »
Parmi
les mingong de la première génération qui refluent
vers l'intérieur, beaucoup songent à ouvrir une entreprise,
un restaurant ou une boutique avec une partie de l'argent épargné.
C'est
le cas de Zhu Fujun, 34 ans, qui veut rentrer à Jinzhou,
dans le Hubei, pour ouvrir un petit restaurant de nouilles. «
On a fait nos comptes avec ma femme, qui est infirmière ici.
Shenzhen, c'est trop cher et on a enduré trop de stress. Il
est temps de rentrer au pays. La vie est moins chère là-bas.
Nous avons déjà acheté un bel appartement de 110 mètres
carrés, j'investirai la moitié de nos économies dans le
restaurant et ma femme n'aura plus besoin de travailler.
Elle pourra s'occuper de notre fille, qui a déjà 8 ans. »
C'est exactement sur ce type de comportement que compte le
gouvernement chinois pour relancer la consommation intérieure.
Pékin
trésorier de Washington
Le
problème reste, en revanche, intact pour les derniers
migrants, nés au début des années 90, qui occupent
aujourd'hui la plupart des emplois en usine. Les voilà dans
cette rue de Dongguan, assis sur le trottoir devant leur
usine pendant la pause déjeuner. Sympathiques avec leurs
rires clairs et leurs airs de grands adolescents, ils
ressemblent en tous points aux jeunes des villes du même âge.
Ils portent les mêmes jeans, ont aussi les cheveux décolorés
et n'ont aucune intention de rentrer au village. Munis d'un
téléphone portable, pianotant le soir dans les cafés
Internet, ils ont mis en place des Bourses informelles du
travail à l'échelle du pays. C'est à cette nouvelle génération
de paysans-ouvriers que les autorités devront répondre après
le Nouvel An chinois (25 janvier 2009), lorsque la course à
l'emploi va redémarrer et que les places vont soudain paraître
très chères...
Wen
Jiabao, le Premier ministre chinois, en est parfaitement
conscient : la sortie de l'hiver et le printemps 2009 (qui
coïncideront avec les vingt ans de Tiananmen) seront très
difficiles à gérer socialement et peut-être politiquement.
Un sondage publié par le Quotidien du peuple le 15
novembre montrait que plus de 57 % des entrepreneurs chinois
prennent la crise très au sérieux. Certains d'entre eux
critiquent même le plan de relance, craignant qu'il ne
renforce les pouvoirs de l'administration et n'encourage la
corruption. Mais la masse de la classe moyenne et des
nouveaux riches ne désespère pas. Sonnés par la chute des
Bourses (Shanghai a perdu 70 % depuis janvier), 300 millions
de Chinois essaient de se convaincre que la première grande
crise de la mondialisation va ouvrir la porte à une
nouvelle ère pour la Chine. La majorité reste optimiste et
espère que la future décennie sera celle de la
consolidation de la puissance chinoise face aux Etats-Unis,
qui leur apparaissent aujourd'hui très affaiblis... Tandis
que les Etats-Unis croulent sous les déficits, la Chine
tient bon. C'est même Pékin qui finance Washington. Les
Chinois aimeraient bien d'ailleurs monnayer ce soutien
contre une levée de l'embargo sur les ventes de hautes
technologies. Ils ne supporteront pas, en tout cas, que le
libre-échange mondial soit remis en question. Car, même si
la crise mondiale l'oblige à chercher sa croissance à
l'intérieur du pays, la Chine reste largement tributaire de
ses exportations. Et, après tout, si elle reste le dernier
bastion de la croissance, le monde ne peut qu'en profiter...
Emeutes
dans le Guangdong
anthropologie
du présent, novembre 2008
Nouvelles
émeutes liées à des licenciements (Rfi.fr, 26/11/2008)
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Emeutes
dans l’usine de jouets Kaida Toy |
Des
employés d’une usine de jouets ont brutalement manifesté,
ce mardi dans la région de Canton, après l’annonce du
licenciement de plusieurs centaines d’entre eux. Des évènement
qui inquiètent les dirigeants chinois, au point d’appeler
les responsables locaux à faire preuve de doigté face à
ces mouvements sociaux qui se multiplient depuis le début
de la crise financière.
C’est
encore une fois dans le Guangdong que cette nouvelle émeute
a éclaté, entre Canton et Shenzhen. Cela, à la suite de
l’annonce d’un plan social dans une usine de jouets
fragilisée par la baisse des commandes des pays occidentaux.
La société Kaida Toy, propriété d’un groupe hong-kongais,
a décidé de licencier plus de 300 employés.
Une
annonce qui a déclenché des émeutes à l’interieur et
à l’extérieur de l’usine. Des métériels ont été détruits
et des affrontement se sont déroulés avec la police. Six
personnes ont été blessées et une vingtaine interpellées
selon la police.
Un
scénario identique s’était produit il y a quelques
semaines dans la même région, à l’annonce de la
fermeture d’une autre usine de jouets, entraînant la mise
au chômage de plusieurs milliers de salariés.
Une
nouvelle alerte, alors que les dirigeants chinois
reconnaissent leur inquiétude face à ces évènements, au
point de réclamer une autorisation avant toute décision de
licenciement. La mesure a été mise en application en début
de semaine, malgré les critiques de certains entrepreneurs
selon lesquels les conséquences risquent d’ètre pires.
En
attendant, un des plus hauts dirigeants chinois a récemment
demandé plus de compréhension et plus de retenue de la
part des autorités locales lorsqu’elles sont confrontées
à des mouvements sociaux.
Violentes
manifestations d’ouvriers licenciés dans le Sud (AFP,
26/11/09)
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Emeutes
dans l’usine de jouets Kaida Toy |
Pekin
– Des centaines d’ouvriers du sud de la Chine se sont
affrontés avec la police mardi, et ont commis des déprédations
dans leur usine, qui venait de procéder à des
licenciements, ont indiqué les autorités locales mercredi.
Les
troubles ont éclaté à la Kaida Toy Factory, un établissement
appartenant à une compagnie de Hong Kong, établi depuis
plus de 20 ans dans la région de Dongguan (province du
Guangdong) qui est un important centre de manufactures tournées
vers l’exportation.
500
ouvriers y ont pris part, sous l’oeil de 1.500 autres,
“cassant cinq véhicules de police, pénétrant dans l’usine
après s’être battus avec les gardes de sécurité, pour
y casser des vitres et détruire des équipements”, a
indiqué le gouvernement local dans un communiqué.
6
personnes ont été blessées, selon la même source, tandis
que 19 ont été interpellées, selon un porte-parole de la
police.
Les
manifestants “n’étaient pas tous des employés de Kaida
Toy Factory”, a aussi indiqué le porte-parole de la
police, en précisant que la situation était calme mercredi.
Ces
violences ont fait suite au licenciement de quelque 380
personnes, avec des conditions de départ différentes, ceux
employés depuis plus de sept ans recevant davantage d’indemnités
que les autres, a de son côté expliqué un journal local.
“Beaucoup
de travailleurs ont trouvé cela injuste”, a expliqué au
Quotidien de Canton un des employés.
De
nombreuses usines ont fermé dernièrement dans la province
du Guangdong, dont les industries sont dédiées à l’exportation,
un secteur menacé par le ralentissement économique mondial.
Des
conditions fiscales moins favorables à partir de 2006 pour
les exportations, des coûts plus élevés du travail et des
matières premières ont fortement réduit les marges de
nombreuses industries, d’autant que celles-ci ont dû
adopter des normes de qualité plus élevées à la suite
des nombreux scandales ayant entaché la réputation des
produits “made in China” ces dernières années.
Le
secteur du jouet a été l’un des plus touchés: plus de
la moitié des exportateurs de jouets ont mis la clef sous
la porte au cours des sept premiers mois de l’année,
principalement les plus petits d’entre eux, mais aussi des
groupes importants.
En
octobre, Smart Union Group, un groupe de Hong Kong, a ainsi
fermé des installations à Dongguan, qui employaient jusqu’à
7.000 personnes.
Les
autorités s’inquiètent aujourd’hui de la situation de
l’emploi qu’elles jugent “critique” et ont pris une
série de mesures pour l’encourager, augmentant les
remboursements de TVA sur les exportations et poussant au
gel des salaires notamment.
Parallèlement,
elles ont demandé aux forces de l’ordre de faire preuve
de retenue dans leurs exercice de maintien de l’ordre en
cas de grogne sociale.
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