Proposition
de résolution générale sur la situation
politique et
sociale, soumise à la discussion et
au vote du Congrès en
alternative à celle du CAN
Cette
proposition de résolution est d’une part l’un des
textes qui constituent la base du projet pour une Tendance
du NPA défendant le communisme, la révolution et
l’auto–organisation. D’autre part, elle est soumise à
la discussion et au vote des AG et du congrès national en
alternative à la résolution générale proposée par le
CAN suite à la réunion nationale des 8–9 novembre : elle
peut donc être votée par des camarades qui en partagent
l’orientation générale sans rejoindre nécessairement le
projet de Tendance.
La crise confirme la nécessité du combat contre le
capitalisme lui–même
À l’heure où nous fondons le NPA, la crise alimentaire, la crise financière
et le début de la crise économique généralisée montrent
plus que jamais que le système capitaliste conduit l’humanité
au désastre. Cela fait éclater au grand jour l’arnaque
idéologique, martelée depuis trente ans, selon laquelle le
capitalisme serait le meilleur système possible, apportant
progressivement au monde la liberté, le développement et
la paix. La crise du capitalisme vérifie plus que jamais la
validité de la critique marxiste du capitalisme, la nécessité
d’une théorie et d’une stratégie anticapitalistes cohérentes
et conséquentes, donc communistes et révolutionnaires.
Elle ne fait que confirmer et amplifier les ravages qu’engendre inéluctablement
ce système : destruction massive de vies humaines et de
populations entières par les guerres, les épidémies, les
famines, la misère ; pauvreté massive, insatisfaction des
besoins élémentaires pour des milliards d’êtres humains
; chômage, sous–emploi, insécurité des conditions matérielles
d’existence ; gaspillages monstrueux ; insuffisance et
liquidation des systèmes de santé publique, d’instruction
et de formation publiques ; logements indécents ;
pollutions insupportables et dilapidation irrationnelle des
ressources naturelles, menaçant l’existence de la planète
elle–même ; oppressions politiques, militaires, policières
et culturelles partout dans le monde…
La crise actuelle prend place dans une période historique plus large caractérisée
par de profondes restructurations des rapports de production
capitalistes. Pour contrer la baisse du taux de profit qui
avait marqué les « Trente Glorieuses », les capitalistes
ont été contraints de s’attaquer aux acquis des
travailleurs : fermetures d’unités de production, développement
de la sous–traitance, nouvelles méthodes managériales,
avec leurs effets sur les effectifs, la composition et les
conditions de travail du prolétariat : licenciements,
blocage des salaires, privatisations, flexibilité et précarité
généralisées… En outre, les puissances impérialistes
ont imposé la libéralisation du commerce mondial, déréglementé
le système financier international, aggravé la domination
néo–coloniale des pays dépendants et rétabli, avec la
complicité des bureaucraties staliniennes, la propriété
privée en ex–URSS, en Chine et dans les autres pays soi–disant
« socialistes ».
Tout cela a certes permis de rétablir partiellement le taux de profit, mais
non à relancer l’investissement : les profits ainsi dégagés
n’ont été que partiellement réinvestis, servant surtout
à la consommation luxueuse de la bourgeoisie (augmentation
sans précédent des grandes fortunes) et à la spéculation.
La crise actuelle ne s’explique donc pas
fondamentalement par la sous–consommation des masses (leurs
achats ont été au contraire dopés par le crédit bon
marché, notamment aux États–Unis), mais est avant tout
une crise de suraccumulation du capital. Elle ne
s’explique pas par des causes conjoncturelles, mais par la
logique même du système capitaliste, qui a pu se déployer
dans toute son ampleur, et avec toutes ses contradictions,
au cours des dernières années.
C’est pourquoi le NPA, contrairement à tous ceux qui jugent que le
capitalisme pourrait être réformé, ne dénonce pas
seulement le capitalisme financier et ne propose pas une
relance « keynésienne » du capitalisme ou un quelconque
plan réformiste pour sortir de la crise. Du point de vue du
capitalisme, une relance de la consommation ne ferait qu’aggraver
la crise, en plombant le taux de profit et donc en décuplant
la crise de l’investissement. Pour le NPA, il n’y a rien
à réformer dans ce système pourri, il faut le détruire.
C’est donc cela qu’il dit clairement aux travailleurs,
à l’encontre de tous ceux qui leur font croire que telle
ou telle politique dans le cadre de ce système pourrait
satisfaire leurs revendications et aspirations, changer réellement
leur situation.
L’anticapitalisme cohérent et conséquent implique la
mise en avant permanente de la perspective du socialisme et
l’axe stratégique du gouvernement des travailleurs
Le NPA oppose au système actuel une alternative globale à la fois réaliste
et porteuse d’espoir, en mettant clairement en avant la
perspective du socialisme, fondé sur la propriété
collective des moyens de production et le pouvoir par les
travailleurs auto–organisés (démocratie ouvrière des
conseils). Il se donne l’objectif final d’une société
sans classes et sans États, communiste, seule capable d’assurer
l’égalité, la liberté et l’épanouissement de tous
les individus ; une société d’où seront extirpées les
racines de toutes les oppressions ; une société où le
racisme aura disparu ; une société où sera respectée
l’égalité réelle des hommes et des femmes et où seront
supprimées les discriminations subies par les femmes, ainsi
que toutes les oppressions contre les genres et les sexualités
; une société où chacun aura accès librement au savoir,
à la culture et à l’art ; une société délivrée de la
course au profit destructrice des hommes et de l’environnement.
Or cette perspective réellement anticapitaliste, fondatrice du NPA, n’est
pas mise en avant les seuls jours de fête, comme dans tant
d’organisations du mouvement ouvrier traditionnel, mais
nourrit quotidiennement les interventions du NPA. C’est
ainsi que doit être avancée très clairement, dans les
discours et la presse du parti, la nécessité de l’expropriation
des capitalistes et la collectivisation des moyens de
production. Il faut expliquer patiemment,
inlassablement, concrètement pourquoi la satisfaction véritable
des revendications et aspirations des travailleurs est
contradictoire avec le système capitaliste. Ce n’est donc
pas de quelques mesures de redistribution et de deux ou
trois nationalisations que les travailleurs ont besoin, mais
d’un authentique socialisme, c’est–à–dire d’un
processus révolutionnaire par lequel ils exproprient sans
indemnité ni rachat les capitalistes et exercent eux–mêmes
directement le pouvoir. C’est pourquoi le NPA, articulant
dans toutes les luttes les revendications du combat immédiat
et la nécessité de la prise de pouvoir pour en finir avec
ce système d’oppression et d’exploitation défend
ouvertement et constamment l’axe stratégique d’un
gouvernement des travailleurs, par et pour les travailleurs.
Les
États, leurs gouvernements et leurs partis de droite comme de gauche,
volent au secours des capitalistes et veulent faire payer
leur crise aux travailleurs et aux peuples
Face à la crise, les États bourgeois montrent qu’ils ont prêts
à utiliser tous les moyens pour sauver le système bancaire
et les grandes entreprises, balayant leurs propres «
critères de convergence », notamment en creusant
vertigineusement les déficits publics, tout en affirmant qu’il
n’y a pas d’argent pour les services publics, l’enseignement,
la santé, les retraites… Au moment même où les États
font des cadeaux faramineux aux capitalistes, ils entendent
faire payer la crise aux travailleurs en intensifiant les
contre–réformes.
Le sauvetage organisé du système capitaliste est actuellement mis en œuvre
par tous les gouvernements, de droite comme « de gauche »,
de Bush et Sarkozy à Brown et Zapatero, avec dans tous les
cas le soutien des soi–disant opposants parlementaires et,
le plus souvent, des directions syndicales réformistes.
En
France, le PS soutient le plan de Sarkozy, tout comme un Dominique
Strauss–Kahn l’applique à la tête du FMI. Cela n’est
pas étonnant : le PS a mené des années durant une
politique systématique pour les intérêts du patronat et
contre les acquis sociaux ; c’est là le produit inévitable
de la soumission au capitalisme qui définit le réformisme.
Cela a conduit le PS à devenir un parti purement bourgeois,
analogue au Parti démocrate des États–Unis, sa récente
« Déclaration de principes » confirmant l’abandon de
toutes les références formelles à la lutte de classe et
au véritable socialisme.
Le parti des Verts a quant à lui toujours été un parti pro–capitaliste.
De son côté, le PCF a participé à plusieurs gouvernements du PS,
contribuant directement à la mise en œuvre de leur
politique réactionnaire, quand il ne se contentait pas de
la soutenir au Parlement. Aujourd’hui, l’ex–parti
stalinien, historiquement moribond même s’il compte
encore quelques dizaine de milliers d’adhérents, ne
conteste le capitalisme que les jours de fête et dénonce
surtout le « libéralisme », prônant une politique néo–keynésienne,
typiquement réformiste. Dans la pratique, il se subordonne
généralement au PS et ses militants continuent de jouer un
rôle important dans la politique de collaboration de classe
des dirigeants de la CGT et de la FSU. Le PCF est un parti réformiste
qui garde des liens organiques avec le mouvement ouvrier
aujourd’hui en crise : c’est un parti ouvrier–bourgeois
en sa phase finale de décomposition historique.
Pleinement engagé dans la lutte de classe, le NPA ne se veut pas « à
gauche » ou « à gauche de la gauche » : il s’oppose
aux partis bourgeois de droite comme « de gauche » et
rejette ces catégories sans contenu de classe, issues du
parlementarisme bourgeois. Il entend aider les travailleurs
et les jeunes à rompre les illusions envers « la gauche »,
car c’est une condition pour qu’ils franchissent le pas
de l’engagement anti–capitaliste cohérent. Aucun accord
tactique n’est acceptables avec le PS, parti bourgeois.
Avec le PCF, parti ouvrier–bourgeois, des accords de front
unique ouvrier ponctuels sont possibles pour les luttes, à
condition que leur contenu permette de mobiliser les
travailleurs pour leurs revendications immédiates sur une
base d’indépendance de classe et que la liberté de
critique du NPA soit intégralement préservée pour toute
la durée de l’accord.
Quant aux directions syndicales réformistes, liées généralement au PS ou
au PCF, elles relaient aujourd’hui auprès des
travailleurs la propagande capitaliste selon laquelle, s’ils
n’acceptent pas des sacrifices, cela ne fera qu’empirer
la crise et donc leur situation. Elles proposent de prétendus
plans de « relance » réformistes qui ne font que
soumettre les travailleurs au cadre du capitalisme. Depuis
des années, elles « négocient » des contre–réformes
et des plans sociaux, sous prétexte de limiter les dégâts,
en fait en accompagnant « socialement » les décisions
patronales et gouvernementales, en désarmant les
travailleurs. Et, quand il y a des luttes malgré elles, ou
à l’initiative de secteurs combatifs à l’intérieur même
des syndicats, les principales directions font tout pour empêcher
la grève, l’extension de la lutte et la convergence avec
les autres secteurs, en décidant notamment des « journées
d’action » dispersées et sans lendemain, en atomisant
les luttes, en refusant de se battre pour les grèves
reconductibles et, à plus forte raison, pour l’objectif
de la grève générale.
Au moment où les travailleurs commencent déjà à faire les frais de la
crise (chômage technique, licenciements, dégradation accélérée
du pouvoir d’achat), la délimitation claire par rapport
au PS, mais aussi au PCF et aux directions syndicales
collaboratrices est donc plus que jamais indispensable. C’est
en effet parce qu’ils ont renoncé à l’anticapitalisme
cohérent et conséquent, à la perspective du socialisme
comme seule alternative réaliste au capitalisme, que tous
les réformistes se rallient aux plans de sauvetage du
capitalisme, au lieu d’impulser la lutte de classe.
Les
travailleurs n’ont pas à payer la crise du capitalisme :
sur la base de la clarté politique, il faut un plan de
lutte immédiat pour la résistance de classe
Le NPA dénonce inlassablement les plans de sauvetage capitaliste, qu’ils
soient de droite ou de gauche, libéraux ou néo–keynésiens.
En particulier, il montre que les divers plans réformistes
sont des arnaques, car ils font croire qu’on pourrait
changer les banques et les grandes entreprises assoiffées
de profits en gentils établissements soucieux du bien–être
commun. Il soutient qu’il n’y a qu’un seul plan
alternatif à l’actuelle politique de sauvetage des
banques : leur expropriation et leur transformation en une
banque unique sous contrôle des travailleurs. Une telle
banque annulerait la pyramide des dettes (tout en
garantissant la petite épargne des travailleurs) et
permettrait de relancer la machine productive sur de
nouvelles bases. Mais pour que cette banque ne serve pas à
son tour à renflouer les capitalistes industriels, cette
première mesure en impliquera immédiatement une seconde :
l’expropriation des grandes entreprises, en commençant
par celles du CAC 40, sous contrôle des travailleurs. C’est
seulement ainsi que les banques cesseront leur spéculations
parasitaires et pourront servir à financer un plan d’investissements
répondant aux besoins des masses. Un tel plan serait élaboré
démocratiquement par les travailleurs organisés dans leurs
conseils. De telles mesures supposeraient une mobilisation
en masse des travailleurs, une lutte révolutionnaire leur
permettant de conquérir et d’exercer le pouvoir politique…
La dénonciation des arnaques réformistes et la défense de la perspective
socialiste ne signifient nullement qu’il faille attendre
la révolution pour combattre. Tout au contraire, le NPA
entend être à l’avant–garde de la résistance de
classe en mettant un plan de lutte immédiat efficace, avec
des revendications précises et des méthodes de lutte éprouvées,
assurant l’indépendance de classe. C’est seulement sur
la base d’un tel plan qu’il sera possible d’imposer
l’unité de la classe ouvrière, incluant dès que
possible, en toute clarté, des accords de front unique
entre organisations du mouvement ouvrier.
Pour une plate–forme revendicative capable d’unifier les travailleurs et
leurs luttes
Les revendications de la résistance sociale sont mises en avant par les
travailleurs eux–mêmes, mais doivent être défendues
comme un tout cohérent pour permettre la mobilisation unie
des différents secteurs aujourd’hui dispersés et entraîner
les autres :
•
Aucun licenciement !
Les travailleurs ne doivent pas se retrouver à la rue à
l’heure où les capitalistes trouvent des milliards pour
se sauver eux–mêmes ! Pour lutter efficacement, il est
utopique de demander l’interdiction par la loi des
licenciements, mais il faut empêcher les licenciements en
utilisant toutes les armes de la lutte de classe, des
manifestations et de la grève, soutenue par un fonds
national de grève, jusqu’à l’occupation des
entreprises et la relance de la production sous le contrôle
des travailleurs ! Les travailleurs de l’automobile sont
non seulement les premières victimes de la crise dans
l’industrie, mais aussi les premiers à s’être mobilisés
contre leur mise au chômage : il faut un plan d’action
pour les faire converger vers une mobilisation unie et déterminée,
en commençant par une manifestation nationale à Paris !
• Répartition des heures de travail disponibles entre tous les
travailleurs avec maintien du salaire ! Contre le licenciement des intérimaires
et la mise au « chômage technique », il faut faire valoir
que le patron a généralement fait assez de bénéfices les
années passées pour garantir l’emploi de tous en
diminuant le temps de travail. Imposons l’ouverture des
livres de compte prouvant que les patrons s’engraissent
sur notre dos ! Contre le gouvernement, il faut se battre
pour une nouvelle diminution du temps de travail, sans perte
de salaire et sans flexibilité.
•
Hausse des salaires et retraites de 300 € ! Pas de salaire
inférieur à 1600 € nets ! Indexation des salaires, pensions et allocations sur les prix ! Les
capitalistes ont réalisé des profits gigantesques ces
dernières années, et l’État a assez d’argent pour
sauver les banques : rien ne peut justifier le blocage des
salaires et l’appauvrissement massif des travailleurs !
•
Aucune suppression de postes dans la fonction publique !
Abrogation de la RGPP et de la mobilité forcée ! Les
services publics à la population doivent être défendus et
leur qualité améliorée ! Ce n’est pas de militaires, de
policiers, de prisons et de sénateurs que nous avons besoin,
mais d’enseignants, d’infirmiers, d’agents
administratifs, etc. !
•
À bas la privatisation de La Poste, comme des autres
services publics !
Ce n’est une pétition pour un référendum qui permettra
de gagner, contrairement à ce que font croire le PS, les réformistes
et les directions syndicales collaboratrices, mais
uniquement la grève nationale jusqu’au retrait du projet
: les postiers ont montré, par le succès de leur grève du
23 septembre, qu’ils y sont prêts, il faut les aider à
s’auto–organiser et à imposer aux directions syndicales
cette grève nationale dans l’unité !
•
Contre la privatisation de la Sécurité sociale, les
franchises médicales et les déremboursements !
Pour combler le « trou de la Sécu » et améliorer la
prise en charge, exigeons le remboursement des milliards
d’exonérations de cotisations patronales et l’interdiction
de la précarité ! Contre la privatisation et l’asphyxie
budgétaire des hôpitaux !
• Pour la défense de l’âge de la retraite à 60 ans
(55 ans pour les travaux pénibles), sa diminution à 55 ans
(50 pour les travaux pénibles), le retour aux 37,5 annuités
pour tous et la
retraite à taux plein à 60 ans, la défense des régimes
spéciaux de retraites !
•
Aucune expulsion des travailleurs et des pauvres de leur
logement ! Réquisition
immédiate des logements vides ! Annulation des dettes de
loyer ! Construction massive de logements sociaux, répression
des maires qui ne respectent pas la règle des 20% pour
complaire à leurs électeurs bourgeois !
•
Régularisation de tous les sans–papiers, déclarés ou
non, en CDI ou en CDD, et de leurs familles ! Arrêt de la
chasse aux migrants, fermeture des centres de rétention,
abrogation de toutes les lois anti–immigrés ! Travailleurs français et étrangers, nous sommes une seule et même classe
ouvrière : seuls les capitalistes, leurs politiciens et
leurs idéologues ont intérêt à nous diviser, car ils
veulent mieux régner ! Des révoltes d’esclaves à la
Commune de Paris, de l’Étoile nord–africaine à la Main–d’Œuvre
Immigrée (MOI), de la manifestation du 17 octobre 61 aux
luttes pour la résorption des bidonvilles et des cités de
transit, des grèves des foyers Sonacotra à la Marche pour
l’égalité, de l’occupation de l’usine Talbot–Poissy
au mouvement des chômeurs, du mouvement des sans–papiers
au comité contre la double peine… tous ces combats sont
constitutifs d’une histoire que nous revendiquons.
•
Halte à la ghettoïsation des quartiers populaires, aux
crimes et violences policières impunis, aux contrôles au
faciès, aux écoles au rabais, au chômage programmé, au
sous–emplois, aux logements insalubres, aux
emprisonnements et humiliations !
Les travailleurs habitant les quartiers populaires, et
notamment les jeunes, sont stigmatisés et désignés comme
les principaux responsables des maux du système. Cela ne coûte
pas cher de donner des leçons de civisme et de montrer du
doigt les « racailles » ou les « sauvageons » en les
jetant à la vindicte populaire. Les « banlieues »
deviennent une problématique à part, dont on confie la
gestion à la police et à la justice. Mais la résistance
est forte, des révoltes des Minguettes (1981) à celles de
Vaulx–en–Velin (1990), de Mantes–la–Jolie (1991) à
Sartrouville (1991), de Dammarie–les–Lys (1997) à
Toulouse (1998), de Lille (2000) à Clichy–sous–Bois
(2005)… L’expérience des militants des quartiers
populaires est cruciale à la construction du NPA. Il faut
gagner tout particulièrement les jeunes de ces quartiers
qui se révoltent déjà, mais pour le moment sans expérience
politique organisée.
• Pour l’amnistie de tous les réprimés des mouvements sociaux (grèves,
manifestations, révoltes des quartiers populaires…) et la
libération immédiate et inconditionnelle des prisonniers
politiques (Jean–Marc Rouillan, Georges Ibrahim Abdallah,
militants autonomes de Tarnac…). Aucune union sacrée avec l’État,
les politiciens et les grands médias qui roulent pour la
bourgeoisie ! Tous ceux qui se battent contre le système,
sa police, sa « justice » sont du bon côté de la
barricade, au–delà des éventuels désaccords sur la
situation, la stratégie et/ou la tactique ! Une attaque
contre un est une attaque contre tous !
• Défense des libertés démocratiques et des acquis de la laïcité ! Abrogation
des lois liberticides et sécuritaires ! Destruction des
fichiers policiers contre les militants ! Contre toutes les
discriminations, le racisme, le sexisme et l’homophobie,
pour l’égalité des hommes et des femmes, des couples
mariés et non mariés, hétérosexuels et homosexuels ! Défense
de l’autonomie pédagogique des enseignants, de l’indépendance
des chercheurs, de tous les acquis de l’enseignement et de
la recherche publics !
• Protection de l’environnement : défense et extension de la réglementation
existante concernant les entreprises polluantes ou
potentiellement dangereuses ! Pour que les moyens effectifs de son application soient
donnés (notamment la formation et le recrutement d’inspecteurs,
protégés par un statut contre les pressions du patronat,
et responsables devant la population) ; pour la
renationalisation sans indemnités ni rachat, sous contrôle
des travailleurs, des entreprises d’énergie privatisées
; pour un programme de remplacement progressif des énergies
actuelles par des énergies moins polluantes ; pour que les
groupes capitalistes qui polluent paient pour la réparation
des dommages qu’ils ont causés.
Pour l’auto–organisation des travailleurs et le front
unique de leurs organisations
Seule une lutte de classe puissante et déterminée, interprofessionnelle et
à l’échelle nationale, permettra d’avancer dans la
satisfaction de ces revendications. Cela suppose la mise en
œuvre des principes et méthodes à la fois démocratiques
et efficaces, tels que nous les héritons de l’histoire du
mouvement ouvrier depuis ses débuts, de ses expériences
victorieuses comme de ses défaites.
Pour gagner sur les revendications et, au–delà, pour permettre aux
travailleurs de faire l’expérience de leurs propres
forces, des méthodes de lutte et d’organisation nécessaires
pour briser à la racine le système capitaliste, le NPA
soutient et préconise en toutes circonstances l’auto–organisation
des travailleurs en lutte : parce que « l’émancipation
des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux–mêmes
», toute lutte des travailleurs doit être contrôlée
par eux d’un bout à l’autre. Cela implique notamment de
déjouer les manœuvres des bureaucrates de tout poil, de réunir
dès que possible des Assemblées générales, des comités
d’action ou de grève, leur fédération aux niveaux
local, régional et national, avec des délégués élus,
mandatés et révocables. À cette auto–organisation
participent naturellement les militants syndicaux et les
syndicats qui soutiennent la lutte.
En ce qui concerne les moyens d’action, l’expérience des journées d’action
dispersées et sans lendemain, cloisonnées secteur par
secteur, a montré ces dernières années qu’elles
conduisent chaque fois les travailleurs à la défaite.
Cette tactique est choisie par les directions syndicales
pour appuyer leur politique de collaboration de classe ou
pour faire semblant de répondre à la pression des
travailleurs, tout en les envoyant en fait dans le mur. Le
NPA lui oppose l’arme de la grève comme la plus efficace.
Les manifestations sont utiles aussi, mais à condition de
servir de points d’appui à une mobilisation pour la grève,
ou pour gagner le soutien de la population à celle–ci. En
cas de mouvement national dans un secteur, le combat pour
une manifestation nationale permet de centraliser
politiquement la lutte, à condition là encore d’être
connectée à l’objectif de la grève nationale, sans
s’y substituer. Une grève n’est vraiment efficace que
si elle est déterminée : c’est pourquoi la reconduction
de la grève, quand les conditions en sont réunies, est un
objectif central, de même que les piquets de grève visant
à bloquer l’entreprise ou l’établissement.
Le combat pour l’unification des luttes est constant : les luttes isolées
s’affaiblissent rapidement, et c’est pour cela que les
directions syndicales refusent et redoutent toute tentative
d’unification. Au contraire, le NPA combat constamment
pour la convergence des luttes, en mettant en avant l’objectif
de la grève interprofessionnelle, vers la grève générale,
seule capable d’imposer un recul significatif du patronat
et du gouvernement, voire de faire tomber le gouvernement en
cas de crise politique. C’est avec de telles victoires
partielles que les travailleurs se convaincront qu’il est
possible et nécessaire de changer le rapport de forces avec
la bourgeoisie, de sortir de la période des reculs et des défaites
et de passer à l’offensive de classe avec l’objectif de
leur propre gouvernement et de la révolution.
Les syndicats n’appartiennent pas aux bureaucrates qui les dirigent: ce
sont le patrimoine et l’outil de défense élémentaire de
la classe ouvrière. C’est pourquoi ils jouent un rôle
indispensable dans les luttes et des centaines de milliers
de travailleurs suivent les appels des dirigeants syndicaux
en leur faisant encore plus ou moins confiance. Cela
justifie que, dans les luttes, le NPA et ses militants
aident les syndiqués et les autres à interpeller les
directions syndicales, à faire pression sur elles pour qu’elles
soutiennent la lutte, y participent et fassent converger les
luttes. Il ne s’agit pas de semer des illusions à l’égard
des directions syndicales, puisque la politique de celles–ci
est en même temps constamment dénoncée sur la base des
faits; mais il s’agit de faire vivre les syndicats, de
leur faire remplir leur rôle malgré la politique de leurs
dirigeants, car aucune lutte d’une certaine ampleur ne
peut gagner aujourd’hui sans l’implication des syndicats.
Pour
un courant lutte de classe unifié dans les syndicats
Le
NPA incite tous ses militants salariés, actifs et retraités,
à s’investir activement dans les syndicats du mouvement
ouvrier, en privilégiant ceux qui sont les plus importants,
c’est–à–dire avant tout la CGT, la FSU dans l’enseignement,
parfois Solidaires ou FO. Sans attendre les luttes, ils
incitent les travailleurs à se syndiquer pour se défendre,
apprendre les méthodes de la lutte de classe, développer
leur conscience de classe. Ils veillent au fonctionnement démocratique
des syndicats (notamment par la réunion régulière des adhérents,
l’élection et le contrôle des responsables, permanents
et déchargés à tous les niveaux). Ils prennent eux–mêmes
des responsabilités non par des accords secrets avec les
bureaucrates, mais uniquement s’ils peuvent être élus
par les syndiqués sur la base de leurs positions de classe
ouvertement défendues.
Les syndicalistes membres du NPA se regroupent et œuvrent au regroupement
avec les autres militants syndicaux lutte de classe dans un
courant lutte de classe unifié dans les syndicats, délimité
par la défense et la promotion des principes du
syndicalisme de classe et de masse. En effet, face aux
bureaucraties syndicales organisées et organiquement liées
au capitalisme, voire à l’État, il s’agit de mener un
combat déterminé contre l’idéologie et la pratique de
collaboration de classe, de montrer aux syndiqués et aux
autres travailleurs que celles–ci ne défendent pas leurs
intérêts comme elles le prétendent, mais se livrent à
une collaboration de classe permanente avec le patronat et
le gouvernement et trahissent leurs luttes. De ce point de
vue, le NPA se réjouit des pas en avant récents pour le
regroupement des militants syndicaux lutte de classe, des
Forums syndicaux pour un syndicalisme de classe et de masse
jusqu’à la constitution, à l’issue du meeting du 29
novembre qui a rassemblé 250 militants, d’un Comité
national de militants oppositionnels de la CGT. Il faut
maintenant construire ce regroupement, avancer vers la
fusion avec les autres regroupements existants (collectif
des signataires des la « Lettre ouverte aux états–majors
syndicaux », CILCA, Continuer la CGT, Où va la CGT…),
aller vers un courant intersyndical et en faire une véritable
force agissante contre la collaboration de classe dans les
syndicats, avec des réunions régulières, des meetings
massifs partout en France, un journal, des communiqués et
des tacts…
Le NPA incite également ses militants étudiants et lycéens à développer
ou créer des syndicats de lutte liés par leurs principes
et leurs méthodes au syndicalisme salarié. Chez les étudiants,
il considère que, à l’heure où l’UNEF, dirigée par
le PS, est devenue largement une coquille vide, c’est une
perte de temps d’y rester et de mener le combat contre les
jeunes bureaucrates, futurs cadres et dirigeants du PS. Il
faut au contraire œuvrer à la reconstruction du
syndicalisme étudiant, en participant dans l’immédiat au
processus de fusion entre SUD–Étudiant, la FSE et les
structures syndicales ou de lutte existant localement. Cette
dynamique permettra de rassembler des milliers d’étudiants
dans une organisation commune, reconnaissant le droit de
tendance, de marginaliser l’UNEF et d’aider à la
construction d’un syndicat lycéen analogue et lié au
syndicat étudiant.
La participation à certaines élections n’est qu’un
moyen de faire connaître aux travailleurs le programme et
les propositions du NPA
Le NPA est un parti de lutte de classe dont l’objectif est le renversement
du capitalisme et de l’État bourgeois. C’est pourquoi
il explique inlassablement aux travailleurs qu’il n’y a
aucune solution réelle aux maux qui les accablent dans le
cadre du système. En particulier, s’il considère que la
république démocratique est la meilleure forme politique
pour mener la lutte de classe, il combat les illusions semées
par la « démocratie » bourgeoise, selon lesquelles on
pourrait changer la vie par les élections. Le NPA oppose à
cette idéologie les leçons de l’histoire : seule la
lutte de classe la plus déterminée permet d’arracher au
gouvernement et au Parlement de la bourgeoisie quelques
acquis limitant l’exploitation et l’oppression. S’il
est à l’avant–garde du combat contre toutes les régressions
démocratiques et dénonce les atteintes les plus criantes
à la démocratie (lois liberticides, scrutin uninominal, présidentialisme,
Sénat et autres dispositifs institutionnels réactionnaires
de la Ve République et de l’Union européenne…), ce
n’est pas pour faire croire qu’une véritable démocratie
serait possible, avec quelques réformes, dans le cadre du
capitalisme ; mais c’est parce que ces mesures anti–démocratiques
entravent la lutte de classe et sont de nouvelles preuves qu’une
véritable démocratie est impossible dans le cadre de l’État
des capitalistes.
Dans ce cadre programmatique, la présentation de candidats NPA aux élections
organisées par l’État bourgeois ou dans le cadre de l’Union
européenne bourgeoise est une question purement tactique.
Dans certains cas, par exemple en cas de grève générale
comme en mai–juin 1968, en cas de boycott spontané massif
des électeurs ouvriers ou si le parti se trouve avoir des
campagnes plus importantes à mener en raison d’une lutte
de classe intensifiée, il ne faut pas participer aux élections.
Dans d’autres cas, il faut y participer pour faire connaître
aux millions d’électeurs de la classe ouvrière et de la
jeunesse le programme du parti, pour se servir des élections
comme d’une tribune.
De la même façon, les élus du NPA utilisent leur poste uniquement pour
mettre en évidence de façon concrète les tares du système,
pour dénoncer publiquement la politique du gouvernement et
de ses prétendus opposants parlementaires et pour relayer
les exigences des travailleurs en lutte quand il s’agit
d’obtenir une loi favorable ou d’abroger une loi défavorable
à la classe ouvrière. Bien évidemment, le NPA ne saurait
envisager une alliance parlementaire avec des forces qui ne
seraient pas anticapitalistes — quand bien même elles se
réclameraient de l’anti–libéralisme.
Enfin, l’indépendance de classe du NPA est radicalement incompatible avec
la participation ou le soutien à un gouvernement bourgeois.
Le NPA ne saurait participer qu’à un gouvernement des
travailleurs, qui suppose une situation révolutionnaire, ou
éventuellement à un gouvernement transitoire d’organisations
ouvrières qui s’appuierait sur la mobilisation des
travailleurs et mettrait en œuvre immédiatement un
programme d’expropriation des grands groupes capitalistes,
ouvrant une situation révolutionnaire.
Pour
l’internationalisme ouvrier et anti–impérialiste
Le NPA inscrit son activité quotidienne dans une perspective qui, à l’époque
du capitalisme impérialiste et plus encore de la phase
actuelle de la « mondialisation », ne saurait être que
profondément internationaliste. Il s’efforce constamment
de proposer une analyse de la situation internationale, sans
laquelle il n’est pas possible de comprendre les
situations nationales. Il relaie des informations sur les
luttes de classe importantes des autres pays, en essayant
d’en tirer des leçons d’expérience. Il combat les
illusions suscitées par les idéologies tiers–mondistes
et les nationalistes bourgeois faisant croire que d’autres
choix que le socialisme seraient possibles, ou que le
socialisme serait une étatisation de quelques grands moyens
de production sous la coupe d’un quelconque Bonaparte. En
particulier, ils combattent la subordination de la classe
ouvrière et de ses organisations à des bourgeois
nationalistes comme Chavez au Venezuela ou Morales en
Bolivie, ils dénoncent leur programme politique, tout en se
tenant à l’avant–garde de la défense des nations dominées
contre les attaques de l’impérialisme (agressions
militaires, embargos, putschs contre des présidents élus…).
Le NPA met au centre de son combat internationaliste la dénonciation des États
bourgeois, à commencer par l’État français qui, dirigé
par des gouvernements de droite ou de gauche, envoie son armée
« maintenir l’ordre » impérialiste et néo–colonial
en Afghanistan, au Liban, en Afrique, etc., participe au
pillage des pays dominés par le système de la prétendue
« dette » et soutient activement les grandes entreprises
françaises qui pillent ces pays et surexploitent leurs
populations, notamment en Afrique, avec le soutien de « la
France » aux pires dictatures. Dans tout conflit entre une
puissance impérialiste et un peuple opprimé, le NPA se
place du côté de celui–ci et pour la défaite de l’impérialisme,
tout en critiquant le cas échéant le programme politique
des dirigeants de la résistance anti–impérialiste.
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