Debates sobre la
Unión Europea
y Grecia

La gauche grecque et la question de l’Union européenne

Sur la sortie de l’euro et le désengagement
anticapitaliste de l’UE

Par Pantelis Afthinos, Kostas Kousiantas, Zeta Melampianaki
Europe solidaire sans frontières, 01/06/2012

Traduction : Ataulfo Riera et Sylvia Nerina

Depuis que le capitalisme grec est entré dans le tourbillon de la crise financière mondiale, et en particulier à partir de l’éclatement de la crise de la dette, les questions de l’Union européenne (UE) et de l’euro sont apparues parmi les plus importantes dans les débats au sein des forces de gauche et du mouvement ouvrier qui tentent d’élaborer des réponses politiques et sociales radicales face aux crises du système. Ces débats ont acquis une plus grande importance encore parmi les courants politiques et les forces qui veulent forger un projet politique révolutionnaire dans l’objectif d’une transformation socialiste de la société.

C’est un débat essentiel. L’adhésion à l’UE et à la zone euro constitue un choix stratégique des capitalistes grecs. C’est la voie concrète par laquelle le capitalisme grec s’est intégré dans la chaîne impérialiste globale. C’est le processus concret par lequel le capitalisme grec participe à la concurrence internationale et au partage de la plus-value et du profit. En conséquence, il ne peut y avoir aujourd’hui un programme et une réelle perspective révolutionnaire sans faire l’analyse des formes particulières que prennent la participation et le rôle du capitalisme grec dans la division capitaliste internationale du travail, et sans tenir compte de la nécessité de rompre avec cette participation.

C’est précisément sur ces choix stratégiques de la classe capitaliste que les blocs politiques et sociaux qui s’alternent au pouvoir gouvernemental se sont forgés et c’est à partir d’eux – désignés comme des soi-disant « objectifs nationaux » - qu’ils tentent de gagner l’allégeance et le consensus de la classe ouvrière. Il ne fait aucun doute que la participation à l’UE et à la zone euro est la nouvelle « Grande Idée » du capitalisme grec, au nom de laquelle ils appellent - surtout maintenant, en période de crise - les classes subalternes à subir les sacrifices terribles qui sont imposés au travers des Mémorandums et des Programmes de stabilité.

Cette insertion dans l’UE habilite le capitalisme grec à jouer un rôle de force périphérique - un sous-impérialisme local - dans les Balkans et dans la Méditerranée orientale. La participation à l’UE a fait du capital grec le supplétif des grandes puissances impérialistes européennes et des Etats-Unis dans leurs interventions dans les Balkans et en Europe orientale (un exemple de cela est le fait que l’expansion de Coca-Cola dans ces régions se fait par le biais de la société grecque « 3E »). Même aujourd’hui, en période de crise, c’est la Grèce qui a été choisie par la Chine comme base d’opération pour pénétrer les marchés européens.

L’introduction de l’euro a enrichi la classe dirigeante grecque. Elle a obtenu, avec une telle monnaie forte et des taux d’intérêts bas, les capitaux nécessaires pour prendre part aux juteuses privatisations des secteurs publics dans les pays de l’Europe orientale. Cela a fait de la Grèce, au cours de la dernière décennie, un pays exportateur de capitaux.

Sans sa participation à l’UE et à la zone euro, la Grèce ne pourrait pas jouer un tel rôle dans la région. Les difficultés que rencontre le capitalisme turc pour jouer rôle similaire – puisqu’il est toujours exclu de l’UE – montre très clairement les raisons pour lesquelles la classe dirigeante grecque veut maintenir coûte que coûte son statut en tant que pays du noyau dur de la zone euro. Si la Grèce se retrouve forcée de quitter l’euro, les résultats seront destructeurs pour la classe dominante grecque. Elle perdra à la fois son rôle géopolitique stratégique, l’accès à des fonds importants et ses avantages importants dans son conflit avec le capitalisme turc.

En outre, elle perdra son arme la plus efficace dans sa volonté de dominer le prolétariat. Les institutions de l’UE sont les principaux organisateurs des attaques néolibérales sur tout le continent européen car elles permettent de mettre le poids combiné de toutes les classes dirigeantes européennes au service de chacune d’elle. L’exemple de la privatisation d’Olympic Airways, où l’Etat et le capitalisme grec ont systématiquement utilisés la pression de la Commission et de la Cour européenne dans le but de mettre en œuvre leur politique, illustre le rôle de ces institutions.

L’euro lui-même est un instrument de subordination de la classe ouvrière et de dissolution des syndicats en les exposant à la concurrence du « libre marché » de la monnaie unique. Les combats qui ont marqué la lutte des classes en Grèce à partir de 2001 (la lutte contre la réforme néolibérale des retraites) jusqu’à aujourd’hui ont la même caractéristique : la volonté de la classe dominante de transférer le coût d’une monnaie forte - telle qu’est l’euro – sur le dos de la classe ouvrière. Le meilleur exemple en est probablement la demande permanente de la SEV (l’association des industriels grecs) que l’augmentation des salaires inscrits dans l’ESS (les accords salariaux annuels entre les syndicats et les capitalistes) soit déterminé par le taux d’inflation moyen de la zone euro et non par le taux d’inflation - beaucoup plus important - de la Grèce. Ce souhait a finalement été satisfait avec la capitulation honteuse de la GSEE (Confédération grecque des syndicats du secteur privé) en 2010.

La pire et la plus terrifiante des perspectives pour la classe dominante grecque est qu’une éventuelle sortie de l’UE de la Grèce pourrait également signifier le commencement de la fin pour cette Union elle-même. Dans les conditions actuelles, une sortie de la Grèce de l’UE pourrait provoquer une série d’événements déstabilisateurs, une tendance à d’autres sorties de l’euro qui seraient, très probablement, le signal d’un effondrement général. Le capitalisme grec se retrouverait sans le soutien de l’impérialisme international dans son offensive d’ensemble qu’il s’efforce de mener dans la région ; des intimidations contre la République de Macédoine voisine sur la question de son nom à la poursuite de sa nouvelle alliance avec l’État d’Israël dans la Méditerranée orientale ou encore dans son nouveau conflit avec le capitalisme turc autour du contrôle des ressources pétrolières de cette région.

Cela explique pourquoi, jusqu’à présent, les think tanks bourgeois n’ont pas produit de stratégie alternative sur la manière de maîtriser la crise en incluant le scénario d’une sortie de l’euro et d’un retour à la monnaie nationale, le drachme, afin de doter le capitalisme grec des instruments de mise en œuvre d’une politique de rechange. Une telle issue ne pourrait que priver les capitalistes grecs de tous les avantages décrits ci-dessus. Les seuls cas où les think tanks bourgeois seraient inévitablement forcés – même à contre-cœur – à penser à un retour au drachme seraient un effondrement complet de l’euro où le risque pour le capitalisme grec de perdre le contrôle du système bancaire.

Si le capitalisme grec se retrouve forcé de quitter l’euro et l’UE, cela provoquera une énorme crise systémique et une inévitable crise de gouvernance. Mais une sortie de l’UE ne peut représenter une avancée pour la classe ouvrière qu’à la seule condition qu’elle soit le résultat des actions d’un mouvement ouvrier luttant dans une perspective transitoire, pour des revendications qui remettent en question la propriété et la gestion capitalistes de l’économie.

Sur cette base, le rapport de forces pourrait changer de façon décisive en faveur de la classe ouvrière au travers de la crise politique majeure qu’une telle issue produirait. La conscience des travailleurs un grand pas en avant vers son émancipation en brisant l’un des arguments les plus importants de la domination idéologique bourgeoise : celui du « paradis européen ». Le mouvement ouvrier européen doit se débarrasser du fardeau de la « voie unique européenne », surtout au regard de l’exemple grec.

Les « européistes » de la gauche grecque

Plusieurs courants de la gauche avancent une série de fausses objections contre la nécessité d’inclure la revendication de la sortie de l’euro et de l’UE dans un programme de transition actualisé.

A) La première et principale objection est liée à l’idée que l’Union européenne, en tant qu’institution supranationale, joue objectivement un rôle « progressiste » car elle serait en quelque sorte un dépassement de l’Etat bourgeois national.

Une première remarque préliminaire à ce sujet : le concept d’institutions supranationales bourgeoises qui pourraient faire contrepoids aux États nations est un reflet du cosmopolitisme bourgeois et non de l’internationalisme prolétarien. L’internationalisme prolétarien a été condensé dans des mots d’ordre tels que « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » ; « L’unité nationale est un piège, les prolétaires n’ont pas de patrie », « L’ennemi est dans notre propre pays » ; « La défaite de « notre » gouvernement dans une guerre est le moindre mal ». Ce sont des mots d’ordre internationalistes qui rompent avec le consensus national bourgeois pour promouvoir la solidarité des travailleurs. L’internationalisme n’a rien à voir avec la défense de l’ONU, de la Cour internationale de La Haye et d’autres institutions européennes bourgeoises.

La réponse à cette fausse approche de la nature de l’UE est résumée par un document important adopté par le 14e Congrès mondial de la Quatrième Internationale (1995). Selon cette déclaration :

« Loin de répondre aux aspirations sociales et internationales des travailleurs, des femmes, des jeunes et des nationalités opprimées, l’Union européenne est l’expression régionale de la globalisation de l’économie mondiale. C’est un instrument des secteurs les plus puissants du grand capital pour la concurrence inter-impérialiste et pour une lutte tous azimuts contre la classe ouvrière européenne et le Tiers Monde. » [1]

Cette analyse repose sur les thèses de Lénine sur l’importance et le rôle d’une possible unification de l’Europe (à son époque). Lénine écrivait en 1915 à propos du mot d’ordre sur les « États-Unis européens » :

« Du point de vue des conditions économiques de l’impérialisme, c’est-à-dire des exportations de capitaux et du partage du monde par les puissances coloniales « avancées » et « civilisées », les États-Unis d’Europe sont, en régime capitaliste, ou bien impossibles, ou bien réactionnaires. (...) Certes, des ententes provisoires sont possibles entre capitalistes et entre puissances. En ce sens, les États-Unis d’Europe sont également possibles, comme une entente de capitalistes européens ... dans quel but ? Dans le seul but d’étouffer en commun le socialisme en Europe, de protéger en commun les colonies accaparées contre le Japon et l’Amérique, extrêmement lésés dans l’actuel partage des colonies, et qui se sont renforcés au cours de ces cinquante dernières années infiniment plus vite que l’Europe monarchique et arriérée, laquelle déjà pourrit de vieillesse. Comparée aux États-Unis d’Amérique, l’Europe dans son ensemble signifie stagnation économique. Sur la base économique d’aujourd’hui, c’est-à-dire en régime capitaliste, les États-Unis d’Europe signifieraient l’organisation de la réaction en vue de contenir le développement plus rapide de l’Amérique. Les temps sont révolus où l’œuvre de la démocratie et celle du socialisme étaient liés uniquement à l’Europe. » [2]

Il suffit de jeter un regard superficiel sur l’UE pour comprendre qu’elle n’est en aucun cas un dépassement de l’Etat nation. En effet, elle reste au stade d’une union lâche d’Etats indépendants, au sein de laquelle les principaux outils des politiques bourgeoises (justice, armée, police, bureaucratie d’Etat et budget) sont toujours dans les mains des Etats nationaux. Il ne s’agit même pas d’une union ayant une économie cohérente puisque les niveaux de productivité, de concurrence et d’impact de la crise restent inégaux. Et, bien entendu, il n’existe toujours pas de classe capitaliste européenne au-dessus des Etats-nations.

En réalité, l’UE est une instance de coordination des classes capitalistes nationales dans leurs actions contre la classe ouvrière, contre leurs concurrents internationaux et contre les peuples d’autres pays.

Des actions communes qui alimentent et sont alimentées par un processus parallèle de subversion de la démocratie parlementaire bourgeoise la plus élémentaire au niveau des Etats nationaux, étant donné que les décisions importantes concernant chaque Etat bourgeois sont prises dans les réunions du Conseil de l’UE, tandis que dans le même temps les institutions de l’UE sont utilisées comme un obstacle aux revendications des travailleurs. Dans ce sens, la construction de l’UE et de la zone euro est une stratégie nationale pour les capitalistes, et non pas une stratégie supranationale qui entre en conflit avec leurs solutions au niveau national.

L’UE n’est donc pas une construction « objectivement progressiste », elle est réactionnaire et doit être renversée, c’est à dire dissoute. En raison du fait que la lutte des classes s’effectue principalement au niveau national - pour les raisons que nous avons déjà décrites - et d’une manière inégale entre les différents mouvements des différents pays, la dissolution de l’Union européenne ne peut pas être un processus se déroulant de manière simultané dans toute l’Europe. Il passera d’abord au niveau national par la sortie de l’UE des pays où la lutte de la classe ouvrière mettra en déroute les politiques de la classe dominante, sapant ainsi les fondements de la fonction de l’État national bourgeois et provoquant une crise dans les institutions de l’UE.

B) Il existe une autre objection selon laquelle la revendication d’une sortie de l’UE n’est pas une revendication transitoire car elle peut être également adoptée par des forces politiques bourgeoises.

Théoriquement, cette position exprime la conception erronée selon laquelle les revendications transitoires ne peuvent jamais, par définition, être adoptées par un gouvernement bourgeois. Ce n’est pas exact. Un programme de transition inclus d’une manière unifiée et combinée plusieurs types de revendications. Il s’agit de revendications qui visent à un transfert effectif des richesses de la classe capitaliste aux travailleurs, des exigences qui pourraient être intégrées dans le système capitaliste « en général », mais qui dans le contexte actuel entrent directement en conflit avec les choix stratégiques de la classe dominante et provoquent un affaiblissement et une déstabilisation importante du système. Il s’agit de revendications qui contestent directement la propriété et la gestion capitalistes de l’économie dans son ensemble et qui sapent les fondements de l’Etat bourgeois. La mise en avant de ces exigences par le mouvement ouvrier implique le développement d’une dynamique anticapitaliste qui conduit les deux principales classes de la société à entrer dans un conflit qui pose la question du pouvoir.

Il existe donc des revendications qui, d’une manière générale, peuvent être intégrées dans le capitalisme, mais qui dans le contexte actuel vont à l’encontre des choix essentiels de la classe bourgeoise. La sortie de l’UE est une revendication transitoire cruciale dans la période actuelle, mais bien entendu sous la seule condition qu’elle soit intégrée dans un programme anticapitaliste plus large - c’est pourquoi nous parlons d’un « désengagement anticapitaliste de l’UE ».

Le fait que cette revendication est également avancée par des forces nationalistes ou d’une manière réformiste n’implique pas automatiquement qu’elle ne devrait pas être avancée par les internationalistes.

Dans le même sens, l’exigence d’une sortie de l’OTAN a, pour les internationalistes, une dimension profondément anti-impérialiste et internationaliste, tandis que pour le Parti communiste grec et pour Synaspismos/SYRIZA, il s’agit principalement d’une demande en faveur d’une défense nationale plus efficace de la Grèce contre la Turquie.

En outre, la sortie de l’OTAN pourrait également être une option pour la classe dirigeante grecque. Rappelons que K. Karamanlis voulait que le capitalisme grec sorte de l’aile militaire de l’OTAN en 1974, huit ans après que de Gaulle l’ait décidé pour la France. Aujourd’hui, dans ce dernier pays, Le Pen soutient également la sortie de l’UE et de l’OTAN. Ce genre de positionnement n’a pourtant pas empêché la gauche radicale et révolutionnaire française de mener campagne pour le « Non » à la Constitution européenne - alors que l’extrême droite se prononçait également en ce sens - ou d’exiger de quitter l’OTAN.

C) Dans la même logique, il y a également objection selon laquelle exiger la sortie de l’UE et de l’euro est une sorte de subordination de la stratégie révolutionnaire à la théorie réformiste « d’étapes » intermédiaires bourgeoises sur la voie au socialisme.

Comme nous l’avons déjà souligné ci-dessus, un programme de transition peut inclure des revendications qui peuvent être intégrées dans le capitalisme, c’est à dire qu’il peut inclure des éléments qui pourraient être présentes dans un programme réformiste de gauche « étapise ».

La différence est que le programme de transition lutte pour ces demandes en les articulant avec d’autres qui portent directement atteinte aux principes fondamentaux de la propriété et de l’Etat capitalistes et qui s’accompagnent – surtout - du mot d’ordre de contrôle des travailleurs.

Aucune revendication - même l’arrêt unilatéral du remboursement de la dette et l’annulation de cette dernière, avec laquelle l’OKDE est bien entendu d’accord – n’est pas, en soi et à elle seule en faveur des intérêts du peuple et de la classe ouvrière si elle n’est pas accompagnée par l’exigence du contrôle des travailleurs, si on ne sait pas qui va contrôler (pour nous : le prolétariat) ces mesures et qui va en subir les conséquences (les capitalistes).

C’est exactement avec cette même logique nous abordons la sortie de l’UE. Nous ne pouvons la concevoir que comme le résultat d’un mouvement qui lutte et qui impose un programme anticapitaliste contre « sa » classe dominante. En conséquence, nous le concevons comme une « rupture anticapitaliste », comme le résultat d’une lutte anticapitaliste plus générale et non comme une « étape nécessaire » qui devrait être atteinte avant que le mouvement ouvrier puisse lutter dans de meilleures conditions ou dans le cadre d’une situation « objectivement meilleure » pour la classe ouvrière.

C’est précisément parce que la sortie de l’UE doit être la conséquence d’une lutte anticapitaliste que nous ne saurions, par exemple, jamais apporter notre soutien à un gouvernement simplement parce qu’il conduirait la Grèce à sortir de l’UE tout en appliquant des politiques néolibérales afin de faire payer le coût d’un tel choix à la classe ouvrière.

Par contre, pour la gauche patriotique, pour qui la sortie de l’UE est conçue comme une étape stratégique, son soutient à un tel gouvernement constituerait un fâcheux dilemme. Un bon exemple de cela est le soutien que cette gauche patriotique apporte au gouvernement du Sud de la Chypre de Tassos Papadopoulos parce qu’il s’est opposé au Plan Annan dans le référendum qui a été organisé en 2004.

Entraînée par la théorie selon laquelle le capitalisme grec serait entièrement subordonné aux pays impérialistes et aurait perdu sa souveraineté nationale, la gauche patriotique voit l’adhésion de la Grèce à l’UE comme une sorte de mise sous tutelle de la classe capitaliste grecque et non comme un outil décisif au mains de ces capitalistes grecs pour renforcer leur politique offensive dans la région. La gauche patriotique considère la sortie de l’UE comme une condition préalable pour un développement des luttes du mouvement ouvrier et non comme le résultat de ces luttes. Ainsi, à partir de ce point de vue, la sortie de l’UE représente une solution réformiste qui doit créer de meilleures conditions pour mener des politiques plus favorables à la classe ouvrière.

En réalité, les choses sont différentes. Nous ne pouvons pas avancer dans notre lutte pour la socialisation des banques, sans compensation et sous contrôle des travailleurs, tout en restant dans l’Union européenne. Il n’est pas possible d’avancer dans le contrôle des travailleurs sur le système monétaire et de crédit si au même moment la politique de taux de change et des taux d’intérêts sont définis par la Banque centrale européenne. Il ne peut pas y avoir de contrôle des travailleurs sur la monnaie en restant dans la zone euro. Il n’y a aucune chance de voir un gouvernement de partis ouvriers qui applique un programme anticapitaliste, ni un gouvernement révolutionnaire des comités des travailleurs, tout en restant dans les carcans des programmes de stabilité, des traités de Maastricht et de Lisbonne. Il est évident qu’une rupture avec ces traités fondamentaux de l’UE signifie nécessairement une sortie de cette Union.

De tout ce qui précède, il est clair qu’un programme d’expropriations contre la classe capitaliste et un programme de contrôle des travailleurs ne sont pas possibles dans le cadre de l’UE et de la zone euro. Toute avancée en direction d’un tel programme permettra de créer les conditions pour la sortie de ces institutions. C’est pour cette raison qu’un programme anticapitaliste contemporain doit inclure d’une manière claire la sortie de la zone euro en tant que revendication étroitement liée à celle du contrôle des travailleurs sur l’économie.

D) Certains secteurs argumentent qu’il serait préférable que ce soit l’UE elle-même qui fasse le choix d’expulser un pays plutôt que de mettre en avant un tel mot d’ordre.

Mais pourquoi un gouvernement de partis ouvriers qui met en œuvre un programme anticapitaliste ou un gouvernement révolutionnaire des comités de travailleurs tolérerait l’humiliation d’être exclu par des impérialistes ?

On ne peut le concevoir que dans le seul cas où ce choix d’une sortie de l’UE de sa propre initiative impliquerait que ce gouvernement se place en confrontation avec le mouvement ouvrier du reste de l’Europe. Mais ce ne sera sans doute jamais le cas car l’UE est dans un processus de délégitimation rapide aux yeux des travailleurs européens. Le soutient envers l’euro et l’UE est en baisse constante tandis que les luttes contre les mesures dictées par les traités européens augmentent sans cesse.

Dans ces conditions, si un gouvernement ouvrier ne prend pas l’initiative de sortir de l’UE et se laisse expulser par les capitalistes, cela revient à légitimer l’UE en tant qu’institution (et dans les fait, c’est comme si ce gouvernent demandait à l’UE de le maintenir dans l’Union alors que les capitalistes veulent l’expulser), ce qui constituerait un coup irréparable contre le mouvement ouvrier européen.

Notre objectif : La dissolution de l’Union européenne

L’objectif du mouvement ouvrier européen et grec devrait être la dissolution de l’Union européenne. Les crises structurelles profondes que traverse le capitalisme illustrent l’incapacité de ce dernier à unifier harmonieusement les peuples d’Europe et brisent les illusions réformistes selon lesquelles les capitalismes européens pourraient sereinement surmonter leur concurrence et unifier le continent européen. Tout cela confirme les thèses marxistes révolutionnaires selon lesquelles l’unification de l’Europe ne peut être obtenue qu’au travers d’une révolution socialiste qui brise l’UE et démantèle les Etats bourgeois.

Le mot d’ordre stratégique pour l’Europe doit être « NON à l’Europe du capital, de la guerre, du racisme et de la répression - OUI à l’Europe des travailleurs et des mouvements sociaux » ; c’est le mot d’ordre des « États-Unis socialistes d’Europe ».

La concrétisation de ces mots d’ordre ne peut pas passer par la réforme de l’UE, mais seulement par sa dissolution et par la construction d’une nouvelle union, basée sur des institutions de démocratie directe qui pourraient surgir dans la lutte contre les programmes néo-libéraux promus par l’UE et la zone euro.

Nous affirmons résolument la nécessité stratégique de développer des liens étroits et organiques entre les travailleurs et les mouvements sociaux en Europe, car aucune victoire contre le néolibéralisme ne peut être durable - même dans les pays en dehors de l’UE - sans l’extension de cette victoire dans le reste de l’Europe. Nous savons qu’une telle extension victorieuse ne peut être viable sans l’extension d’une révolution dans tout le continent.

Mais, en tous les cas, nous devons préciser les mesures qui conduiraient à une telle dissolution de l’Union européenne. Puisque l’arme principale des capitalistes pour la mise en œuvre de leurs attaques contre la classe ouvrière demeure l’Etat national et que la lutte des classes se développe principalement au niveau national, un programme anticapitaliste doit préciser à ce niveau là la revendication qui mènera à cette dissolution de l’UE. Et, puisque l’UE n’est pas un Etat unique supranational, mais une union d’États, la manière dont elle pourra être dissoute ne peut être que par le biais de la sortie de ses membres.

Les revendications en faveur de la désobéissance et de la rupture avec l’UE, du désengagement anticapitaliste et l’appel simultané aux mouvements sociaux européens pour une action commune visant à la dissolution de l’Union européenne sont autant d’applications concrètes au contexte politique actuel de la Grèce.

Il est temps que la gauche grecque évalue à sa justesse la place de cette question politique. Non comme une « étape » afin que le peuple grec se débarrasse de sa « dépendance », ni comme une voie garantissant le développement de la production capitaliste et offrant ainsi de meilleures conditions aux mouvement ouvrier, mais comme la conséquence logique de la lutte anticapitaliste pour la transformation et pour le contrôle des travailleurs sur l’économie et la société.

Pantelis Afthinos, Kostas Kousiantas, Zeta Melampianaki,
le 5 janvier 2012


* Pantelis Afthinos, Kostas Kousiantas et Zeta Melampianaki sont membres de l’OKDE-Spartakos, section grecque de la Quatrième Intenationale.

Notes :

1.- Voir (version anglaise de ce document) sur ESSF (article 23979), “The European Union – Document adopted at the 14th World Congress of the FI”.  ( http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article23979 )

2.- Lénine « A propos du mot d’ordre pour les Etats-Unis d’Europe » www.marxists.org/francais/lenin/works/1915/08/vil19150823.htm


La izquierda griega y la cuestión de la Unión Europea

Por la salida del euro y una retirada anticapitalista de la UE

Por Pantelis Afthinos, Kostas Kousiantas, Zeta Melampianaki (*)
Europe solidaire sans frontières, 01/06/2012

Traducción al francés de Ataulfo Riera y Sylvia Nerina
Traducción de SoB al español de la versión francesa

Desde que el capitalismo griego entró en el torbellino de la crisis financiera mundial, y especialmente desde el estallido de la crisis de la deuda, las cuestiones de la Unión Europea (UE) y el euro aparecen entre los debates más importantes en las fuerzas de la izquierda y del el movimiento obrero, que están tratando de elaborar respuestas políticas y sociales radicales ante la crisis del sistema. Estos debates han adquirido una importancia aun mayor entre las corrientes políticas y las fuerzas que quieren forjar un proyecto político revolucionario, con el objetivo de una transformación socialista de la sociedad.

Este es un debate esencial. La adhesión a la UE y la eurozona es una elección estratégica de los capitalistas griegos. Es la vía concreta por el cual el capitalismo griego se integró en la cadena imperialista global. Es el proceso por el cual el capitalismo griego participa en la competencia internacional y en el reparto de la plusvalía y la ganancia. En consecuencia, hoy no puede haber un programa y una perspectiva revolucionaria real sin hacer el análisis de las formas particulares  que asumen la participación y el rol del capitalismo griego en la división capitalista internacional del trabajo, y que no tenga en cuenta la necesidad de romper con esta participación.

Es precisamente sobre estas decisiones estratégicas de la clase capitalista que se han forjado los bloques políticos y sociales que se han alternado en el gobierno; y es a partir de ellas –designadas como “objetivos nacionales”– que tratan de ganar el apoyo y el consenso de la clase obrera. No hay duda de que la participación en la UE y la eurozona es la nueva "Gran Idea" del capitalismo griego. En su nombre, se llama a las clases sulbalternas –sobre todo ahora, en tiempos de crisis– a los terribles sacrificios que se imponen a través de los Memorandums y los Programas de Estabilidad.

La inserción en la Unión Europea habilita al capitalismo griego para jugar un rol de fuerza periférica –un sub-imperialismo local– en los Balcanes y el Mediterráneo Oriental. La participación en la UE ha hecho del capital griego un suplemento complementario de las grandes potencias imperialistas europeas y de los EEEUU, en sus intervenciones en los Balcanes y Europa del Este. (Un ejemplo, es la expansión de Coca-Cola en esas regiones, que se realiza a través de la sociedad griega "3E".) Incluso hoy en día, en tiempos de crisis, es Grecia el país elegido por China como una base de operaciones para penetrar en los mercados europeos.

 La introducción del euro ha enriquecido a la clase dominante griega. Con una moneda fuerte y bajas tasas de interés, obtuvo los capitales necesarios para participar en las lucrativas privatizaciones del sector público en los países de Europa del Este. Esto hizo que Grecia, en la última década, fueses un país exportador de capitales.

Sin su participación en la UE y la zona del euro, Grecia no podría desempeñar un papel así en la región. Las dificultades que enfrenta el capitalismo turco para jugar un rol similar –por estar aún excluido de la UE–, muestran muy claramente por qué la clase dominante griega quiere mantener a toda costa su status como país de la zona euro. Si Grecia termina obligada a abandonar el euro, los resultados serían devastadores para la clase dominante griega. Perdería simultáneamente su papel geopolítico estratégico, el acceso a fondos considerables y sus ventajas significativas en su conflicto con el capitalismo turco.

Además, perdería su arma más eficaz en su voluntad de dominar al proletariado. Las instituciones de la UE son las principales organizadoras de los ataques neoliberales en el continente europeo, ya que puede poner el peso combinado de todas las clases dominantes europeas en el servicio de cada una de ellas. Un ejemplo, que ilustra el papel de estas instituciones, ha sido la privatización de Olympic Airways, donde el Estado y el capitalismo griegos utilizaron sistemáticamente las presiones de la Comisión Europea y la Corte Europea con el fin de aplicar su política.

El propio euro es un instrumento de subordinación de la disolución de la clase obrera y sindical al exponerlos a la competencia del "libre mercado" de la moneda única. Los combates que marcaron la lucha de clases en Grecia desde 2001 (por ejemplo, contra la reforma neoliberal de las pensiones), han tenido hasta hoy la misma característica: el deseo de la clase dominante de transferir el costo de una moneda fuerte –como es el euro– sobre las espaldas de la clase obrera. El mejor ejemplo es, probablemente, la exigencia permanente de la SEV (Asociación de Industriales Griegos) de que los aumentos de salario incluidos en los ESS (acuerdos anuales entre los sindicatos y los patrones) se determinen por la tasa de media de inflación en la zona del euro, y no por la tasa de inflación –mucho mayor– de Grecia. Este deseo fue satisfecho, finalmente, por la vergonzosa capitulación en 2010 de la GSEE (Confederación General de Trabajadores Griegos, del sector privado).

La peor y más terrible perspectiva para la clase dominante griega es que una eventual salida de Grecia de la UE, también podría significar el principio del fin de la propia Unión. En las condiciones actuales, una salida de Grecia en la Unión Europea podría provocar una serie de eventos desestabilizadores, una tendencia a otras salidas del euro, que muy probablemente serían la señal de un colapso general. El capitalismo griego se quedaría sin el apoyo del imperialismo internacional en la ofensiva que intenta llevar adelante en la región: la intimidaciones a la vecina República de Macedonia por la cuestión de su nombre, la continuidad de su nueva alianza con el Estado de Israel en el Mediterráneo oriental o incluso su nuevo conflicto con capitalismo turco por el control de los recursos petroleros en la región.

Esto explica por qué, hasta ahora, los think tanks de la burguesía no han elaborado una estrategia alternativa sobre cómo manejar la crisis, incluyendo el escenario de una salida del euro y la vuelta a la moneda nacional, el dracma, a fin de dotar al capitalismo griego de instrumentos para poner en marcha una política de recambio. Es que esta salida privaría a los capitalistas griegos de las ventajas descriptas anteriormente. El único caso en que los think tanks burgueses –contra sus sentimientos– estarían inevitablemente obligados a pensar el retorno al dracma, sería el de un completo colapso del euro, con el riesgo para el capitalismo griego de perder el control del sistema bancario.

Si el capitalismo griego se viese obligado a abandonar el euro y la UE, esto provocaría una gran crisis sistémica y una inevitable crisis de gobernabilidad. Sin embargo, una salida de la UE no puede representar un paso adelante para la clase obrera sino con la condición de que sea el resultado de acciones de un movimiento obrero que luche con una perspectiva transitoria, por reivindicaciones que cuestionen la propiedad y la gestión capitalista de la economía.

Sobre esta base, las relaciones fuerza podrían cambiar de manera decisiva a favor de la clase obrera, a través de la gran crisis política que eso produciría. La conciencia de los trabajadores daría un gran paso adelante hacia su emancipación, rompiendo uno de los argumentos más importantes de la dominación ideológica burguesa: el del “paraíso europeo”. El movimiento obrero europeo tiene que deshacerse del fardo de "vía única europea", sobre todo teniendo en cuenta el ejemplo griego.

Los "europeístas" de la izquierda griega

Varias corrientes de izquierda hacen una serie de falsas objeciones contra la necesidad de incluir la reivindicación de la salida del euro y la UE en un programa de transición actualizado.

A) La primera y principal objeción está ligada a la idea de que la Unión Europea, como una institución supranacional, juega un papel objetivamente "progresista", porque de alguna manera sería una superación del Estado burgués nacional.

Una observación preliminar sobre esto: el concepto de instituciones supranacionales burguesas que podrían hacer contrapeso a los Estados-naciones, es un reflejo de cosmopolitismo burgués y no de internacionalismo proletario. El internacionalismo proletario se condensa en lemas como "¡Proletarios de todos los países, uníos!”, "La unidad nacional es una trampa, los obreros no tienen patria"," El enemigo está en nuestro propio país", "La derrota de ‘nuestro’ gobierno en una guerra es el mal menor". Estas son las consignas internacionalistas que rompen con el consenso nacional burgués para promover la solidaridad de los trabajadores. El internacionalismo no tiene nada que ver con la defensa de la ONU, la Corte Internacional de La Haya y otras instituciones burguesas europeas.

La respuesta a este falso enfoque de la naturaleza de la UE se resume en un importante documento aprobado por el 14 º Congreso Mundial de la Cuarta Internacional (1995). Según esta declaración:

"Lejos de satisfacer las aspiraciones sociales e internacionales de los trabajadores, las mujeres, los jóvenes y las nacionalidades oprimidas, la Unión Europea es la expresión regional de la globalización de la economía mundial. Se trata de un instrumento de los sectores más poderosos del gran capital para la competencia inter-imperialista y para librar lucha en todos los sentidos contra la clase obrera europea y el Tercer Mundo. "[1]

Este análisis se basa en las tesis de Lenin sobre la importancia y el papel de una posible unificación de Europa (en su época). Lenin escribió así en 1915 sobre el lema de los "Estados Unidos de Europa":

"Desde el punto de vista de las condiciones económicas del imperialismo –es decir, de las las exportaciones de capital y el reparto del mundo entre las potencias coloniales "avanzadas" y "civilizadas"– los Estados Unidos de Europa, en el capitalismo, o son imposibles o son reaccionarios. (...) Desde luego, son posibles acuerdos provisorios e temporales entre los capitalistas y entre las potencias. En este sentido, son también posibles los Estados Unidos de Europa, como un acuerdo de los capitalistas europeos... ¿sobre qué? Sólo el modo de aplastar junto el socialismo en Europa, de defender juntos las colonia robadas contra Japón y Estados Unidos de América, cuyos intereses están muy lesionados por el actual reparto de las colonias, y que en los últimos 50 años se han fortalecido de un modo inconmensurablemente más rápido que la Europa atrasada, monárquica, que ha empezado a pudrirse de vieja. En comparación con los Estados Unidos de América, Europa representa en conjunto el estancamiento económico. Con la actual base económica, con el capitalismo, los Estados Unidos de Europa significaría la organización de la reacción para detener el desarrollo más rápido de Norteamérica. Los tiempos en que la causa de la democracia y el socialismo estaba ligada sólo a Europa, han pasado para no volver."[2]

Basta con echar un rápido vistazo a la UE para comprender que no se trata, de ninguna manera, de una superación del Estado-nación. En efecto, sigue en la etapa de una unión laxa de Estados independientes, en el que las principales instrumentos de política burguesa (justicia, ejército, policía, burocracia estatal y el presupuesto) aún están en manos de los Estados nacionales. Ni siquiera es una unión con una economía coherente: los niveles de productividad, la competitividad y el impacto de la crisis siguen siendo desiguales. Y, por supuesto, aún no existe una clase capitalista europea por encima de los Estados-naciones.

En realidad, la Unión Europea es una instancia de coordinación de las clases capitalistas nacionales en sus acciones contra la clase obrera, contra sus competidores internacionales y contra los pueblos de otros países.

Las acciones conjuntas alimentan y son alimentadas por un proceso paralelo de subversión de la democracia burguesa parlamentaria más elemental a nivel de los Estados nacionales, ya que las decisiones importantes concernientes a cada Estado burgués se toman en las reuniones del Consejo de la UE; mientras que al mismo tiempo las instituciones de la UE se utilizan como un obstáculo a las demandas de los trabajadores. En este sentido, la construcción de la Unión Europea y la zona del euro es una estrategia nacional para los capitalistas, y no una estrategia supranacional que entre en conflicto con sus soluciones a nivel nacional.

La UE no es un edificio "objetivamente progresista", es reaccionaria y se debe ser derribada; es decir, disuelta. Debido al hecho de que la lucha de clases se desarrolla fundamentalmente a nivel nacional –por las razones que ya hemos descrito– y de manera desigual entre los distintos movimientos de los diferentes países, la disolución de la Unión Europea no puede ser un proceso que se desarrolle de manera simultánea en toda Europa. Se desarrollará primero a nivel nacional, por la salida de la UE de los países donde la lucha de la clase obrera derrote las políticas de la clase dominante, socavando así los cimientos de la función del Estado nacional burgués y provocando una crisis en las instituciones de la UE.

B) Hay otra objeción de que la reivindicación de salir de la UE no es una demanda transitoria, ya que también puede ser adoptada igualmente por otras fuerzas políticas burguesas.

Teóricamente, esta posición expresa la concepción errónea de que las reivindicaciones transitorias no pueden –por definición– ser adoptadas por un gobierno burgués. Esto no es cierto. Un programa de transición incluye de un modo unificado y combinado varios tipos de demandas. Hay reivindicaciones dirigidas a una efectiva transferencia de riqueza de la clase capitalista los trabajadores, exigencias que podrían ser integradas en el sistema capitalista "en general", pero que en la actualidad están en conflicto directo con las opciones estratégicas de la clase dominante y que provocan un debilitamiento y una desestabilización importante del sistema. Se trata de reivindicaciones que contradicen directamente la propiedad y gestión capitalistas de la economía capitalista en su conjunto y socavan las bases del Estado burgués. El planteamiento de estas exigencias por el movimiento obrero implica el desarrollo de una dinámica anticapitalista, que lleva a las dos clases principales de la sociedad a entrar en un conflicto que pone de presente la cuestión del poder.

Existen, entonces, reivindicaciones que, en general, pueden ser integrados en el capitalismo, pero que el contexto actual van contra las opciones fundamentales de la clase burguesía. La salida de la UE es una demanda transitoria crucial en el período actual; pero, por supuesto, bajo la sola condición de que sea integrada en un programa anticapitalista más amplio. Es por eso que hablamos de una "retirada anti-capitalista de la Unión Europea”.

El hecho de que esta reivindicación –la retirada de la UE– también es levantada por fuerzas nacionalistas o de una manera reformista, no implica automáticamente que no debe ser sostenida por los internacionalistas.

En el mismo sentido, la exigencia de salir de la OTAN tiene, para los internacionalistas, una dimensión profundamente antiimperialista e internacionalista. En cambio, para el Partido Comunista griego y Synaspismos/Syriza, se trata principalmente de una demanda a favor de una defensa nacional más eficaz de Grecia contra Turquía.

Por otra parte, la salida de la OTAN también podría ser una opción para la clase dirigente griega. Recordemos que K. Karamanlis quería en 1974 que el capitalismo griego salga del sector militar de la OTAN, ocho años después de que de Gaulle decidió lo mismo para Francia. Hoy en día, en este último país, Le Pen sostiene igualmente la salida de Francia de la UE y de la OTAN. Sin embargo, este posicionamiento, no impidió que la izquierda radical y revolucionaria francesa hiciese campaña por el "No" a la Constitución Europea , mientras que la extrema derecha también se pronunciaba en ese sentido. O que la izquierda radical y revolucionaria francesa deje de exigir la ruptura con la OTAN.

C) Dentro de la misma lógica, hay una objeción según la cual exigir la salida de la UE y el euro es una especie de subordinación de la estrategia revolucionaria a la teoría reformista de "etapas" burguesas intermedias en el camino al socialismo .

Como ya hemos señalado, un programa de transición puede incluir reivindicaciones que podrían ser integradas en el capitalismo; es decir, que pueden incluir elementos que podrían estar presentes en un programa reformista de izquierda "etapista".

La diferencia es que el programa de transición lucha por esas demandas articulándolas con otras que directamente atentan contra los principios fundamentales de la propiedad y el Estado capitalistas y se que acompaña –sobre todo– con la consigna del control de los trabajadores.

Ninguna reivindicación –incluso el cese unilateral del pago de la deuda y su anulación, con lo que la OKDE está, por supuesto, de acuerdo- no es en sí y por sí misma favorable a los intereses del pueblo y la clase obrera, si no va acompañada de la exigencia de control de los trabajadores; si no está claro quién va a controlar esas medidas (para nosotros, el proletariado) y quiénes van a sufrir las consecuencias (los capitalistas).

Es exactamente con la misma lógica que abordamos la salida de la UE. No podemos concebirla más que como resultado de un movimiento que lucha y que impone un programa anticapitalista contra de "su" clase dominante. Por lo tanto, lo concebimos como una "ruptura anticapitalista", como el resultado de una lucha anticapitalista más general y no como una "etapa necesaria" que debe ser alcanzada antes de que el movimiento obrero puede luchar en mejores condiciones o en el marco de una situación "objetivamente mejor" para la clase obrera.

Es precisamente porque la salida de la UE debe ser la consecuencia de una lucha anticapitalista, que nunca podríamos, por ejemplo, dar nuestro apoyo a un gobierno simplemente porque llevaría a Grecia a salir de la UE, mientras que seguiría aplicando políticas neoliberales para hacerle pagar el costo de esa opción a la clase obrera.

Por el contrario, para la izquierda patriótica que ve la salida de la UE como un paso estratégico, su apoyo a un gobierno así sería un dilema desafortunado. Un buen ejemplo de esto, es el apoyo que da esa izquierda patriótica al gobierno de Tassos Papadopoulos del sur de Chipre, porque se opuso al Plan Annan en el referéndum que se celebró en 2004.

Impulsada por la teoría de que el capitalismo riego estaría enteramente subordinado a los países imperialistas y habría perdido su soberanía nacional, la izquierda patriótica griega ve la adhesión de Grecia a la UE como una especie de tutela sobre la clase capitalista griega y como una herramienta decisiva en las manos de los capitalistas griegos para reforzar su ofensiva política en la región. La izquierda patriótica considera a la salida de la UE como una condición previa para el desarrollo de las luchas del movimiento obrero y no como el resultado de esas luchas. Por lo tanto, desde esta perspectiva, la salida de la UE representa una solución reformista, que debe crear mejores condiciones para llevar adelante políticas más favorables a la clase obrera.

En realidad, las cosas son diferentes. No podemos avanzar en nuestra lucha por la socialización de los bancos sin indemnización y bajo control obrero, permaneciendo dentro de la Unión Europea. No es posible avanzar en el control de los trabajadores sobre el sistema monetario y de crédito, si al mismo tiempo la política de tipos de cambio y tasas de interés es fijada por el Banco Central Europeo. No puede haber ningún control obrero sobre la moneda, si Grecia queda en la zona del euro. No hay ninguna chance de ver un gobierno de partidos obreros que aplique un programa anticapitalista, ni un gobierno revolucionario de comités de trabajadores, mientras permanezcan las camisas de fuerza de los programas de estabilidad, de los Tratados de Maastricht y Lisboa. Obviamente, una ruptura con los tratados básicos de la UE significa necesariamente la salida de esa Unión.

De todo lo anterior, queda claro que un programa de expropiaciones contra la clase capitalista y de control de los trabajadores no son posibles en el marco de la UE y la zona del euro. Todo paso en dirección a tal programa, creará las condiciones para la salida de esas instituciones. Es por esta razón que un programa anticapitalista actual debe incluir de manera clara la salida de la zona euro, como reivindicación estrechamente relacionada con el reclamo del control obrero sobre la economía.

D) Algunos sectores sostienen que, en lugar de proponer una consigna de ruptura, sería preferible que fuese la propia UE quien tome la decisión de expulsar a un país.

¿Pero por qué un gobierno de partidos obreros que implemente un programa anticapitalista o un gobierno revolucionario de comités de trabajadores, toleraría la humillación de ser excluidos de los imperialistas?

Es inconcebible que sólo en el caso de que la salida de la UE sea por su propia iniciativa, este gobierno se colocaría en confrontación con el movimiento obrero del resto de Europa. Pero ese sin duda no será jamás el caso, porque la UE se encuentra en un acelerado proceso de deslegitimación a los ojos de los trabajadores europeos. El apoyo al euro y la UE está disminuyendo constantemente, mientras que las batallas contra las medidas dictadas por los tratados europeos son cada vez mayores.

En estas condiciones, si un gobierno obrero no toma la iniciativa de salir de la UE y se deja expulsar por los capitalistas, esto equivale a legitimar la UE como institución (y de hecho, es como si este gobierno obrero exigiese a la UE mantenerse en la Unión, mientras que los capitalistas quieren expulsarlo). Esto sería un golpe irreparable contra el movimiento obrero europeo.

Nuestro objetivo: La disolución de la Unión Europea

El objetivo del movimiento obrero europeo y griego debe ser la disolución de la Unión Europea. La profunda crisis estructural que atraviesa el capitalismo ilustra la incapacidad de éste para unir en armonía a los pueblos de Europa y rompen las ilusiones reformistas en las que el capitalismo europeo podría superar pacíficamente la competencia y unificar el continente. Todo esto confirma las tesis marxistas revolucionarias según las cuales la unificación de Europa obtenidos sólo puede lograrse a través de una revolución socialista que rompa la UE y desmantele los Estados burgueses.

La consigna estratégica para Europa debe ser "NO a la Europa del capital, de la guerra, del racismo y la represión - SÍ a la Europa de los trabajadores y los movimientos sociales". Es la consigna de los "Estados Unidos Socialistas de Europa".

La realización de estas consignas no puede pasar a través de la reforma de la UE, sino sólo por su disolución y la construcción de una nueva unión, sobre la base de las instituciones de democracia directa que pudieran surgir en la lucha contra los programas neoliberales promovidas por la UE y la eurozona.

Afirmamos categóricamente la necesidad estratégica de desarrollar vínculos estrechos y orgánicos entre los trabajadores y los movimientos sociales en Europa, porque ninguna victoria contra el neoliberalismo puede ser sostenible –incluso en los países fuera de la UE– sin la extensión de esa victoria al resto de Europa. Sabemos que esta extensión victoriosa no puede ser viable sin la extensión viable de una revolución en todo el continente

Pero en cualquier caso, debemos especificar los pasos que conducen a una disolución de la Unión Europea. Dado que la principal arma de los capitalistas para la ejecución de sus ataques contra la clase obrera sigue siendo el Estado nacional y que la lucha de clases se desarrolla principalmente a nivel nacional, un programa anticapitalista debe especificar a ese nivel la reivindicación que llevará a esa disolución de la Unión Europea. Y, dado que la UE no es un Estado único supranacional sino una unión de Estados, ¿cómo puede ser disuelta, sino por la salida de sus miembros?

Las reivindicaciones a favor de la desobediencia y la ruptura con la UE, la separación anticapitalista y el llamado simultáneo a los movimientos sociales europeos por una acción común para la disolución de la Unión Europea, son otras tantas aplicaciones concretas al contexto político actual de Grecia.

Es hora de que la izquierda griega evalúe correctamente el lugar de esta cuestión política. No como una "etapa" para que el pueblo griego de deshaga de su "dependencia”, ni como una vía que garantice el desarrollo de la producción capitalista y ofrezca así mejores condiciones al movimiento obrero, sino como la consecuencia lógica de la lucha anticapitalista por la transformación y el control de los trabajadores sobre la economía y la sociedad.

Pantelis Afthinos, Kostas Kousiantas, Zeta Melampianaki,
5 de enero de 2012


* Pantelis Afthinos, Kostas Kousiantas y Zeta Melampianaki son miembros de la OKDE-Spartakos, sección griega de la IV Internacional.

Notas:

1.- Versión en ingles de este documento: “The European Union – Document adopted at the 14th World Congress of the FI”.  ( http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article23979

2.- Lenin, “Sobre la consigna de los Estados Unidos de Europa”, publicado el 23/08/1915 en “Sotsial-Demokrat” Nº 44. Versión en español en “Obras”, Tomo V, Progreso, Moscú, 1973, pág. 141. Subrayados de Lenin.