La gauche grecque et la question de l’Union européenne
Sur la sortie de l’euro et le désengagement
anticapitaliste de l’UE
Par
Pantelis Afthinos, Kostas Kousiantas, Zeta Melampianaki
Europe solidaire sans frontières, 01/06/2012
Traduction : Ataulfo Riera et Sylvia Nerina
Depuis que le capitalisme grec est entré dans le
tourbillon de la crise financière mondiale, et en particulier
à partir de l’éclatement de la crise de la dette, les
questions de l’Union européenne (UE) et de l’euro sont
apparues parmi les plus importantes dans les débats au sein
des forces de gauche et du mouvement ouvrier qui tentent d’élaborer
des réponses politiques et sociales radicales face aux crises
du système. Ces débats ont acquis une plus grande importance
encore parmi les courants politiques et les forces qui veulent
forger un projet politique révolutionnaire dans l’objectif
d’une transformation socialiste de la société.
C’est un débat essentiel. L’adhésion à l’UE
et à la zone euro constitue un choix stratégique des
capitalistes grecs. C’est la voie concrète par laquelle le
capitalisme grec s’est intégré dans la chaîne impérialiste
globale. C’est le processus concret par lequel le
capitalisme grec participe à la concurrence internationale et
au partage de la plus-value et du profit. En conséquence, il
ne peut y avoir aujourd’hui un programme et une réelle
perspective révolutionnaire sans faire l’analyse des formes
particulières que prennent la participation et le rôle du
capitalisme grec dans la division capitaliste internationale
du travail, et sans tenir compte de la nécessité de rompre
avec cette participation.
C’est précisément sur ces choix stratégiques de
la classe capitaliste que les blocs politiques et sociaux qui
s’alternent au pouvoir gouvernemental se sont forgés et
c’est à partir d’eux – désignés comme des soi-disant
« objectifs nationaux » - qu’ils tentent de
gagner l’allégeance et le consensus de la classe ouvrière.
Il ne fait aucun doute que la participation à l’UE et à la
zone euro est la nouvelle « Grande Idée » du
capitalisme grec, au nom de laquelle ils appellent - surtout
maintenant, en période de crise - les classes subalternes à
subir les sacrifices terribles qui sont imposés au travers
des Mémorandums et des Programmes de stabilité.
Cette insertion dans l’UE habilite le capitalisme
grec à jouer un rôle de force périphérique - un sous-impérialisme
local - dans les Balkans et dans la Méditerranée orientale.
La participation à l’UE a fait du capital grec le supplétif
des grandes puissances impérialistes européennes et des
Etats-Unis dans leurs interventions dans les Balkans et en
Europe orientale (un exemple de cela est le fait que l’expansion
de Coca-Cola dans ces régions se fait par le biais de la société
grecque « 3E »). Même aujourd’hui, en période
de crise, c’est la Grèce qui a été choisie par la Chine
comme base d’opération pour pénétrer les marchés
européens.
L’introduction de l’euro a enrichi la classe
dirigeante grecque. Elle a obtenu, avec une telle monnaie
forte et des taux d’intérêts bas, les capitaux nécessaires
pour prendre part aux juteuses privatisations des secteurs
publics dans les pays de l’Europe orientale. Cela a fait de
la Grèce, au cours de la dernière décennie, un pays
exportateur de capitaux.
Sans sa participation à l’UE et à la zone euro,
la Grèce ne pourrait pas jouer un tel rôle dans la région.
Les difficultés que rencontre le capitalisme turc pour jouer
rôle similaire – puisqu’il est toujours exclu de l’UE
– montre très clairement les raisons pour lesquelles la
classe dirigeante grecque veut maintenir coûte que coûte son
statut en tant que pays du noyau dur de la zone euro. Si la Grèce
se retrouve forcée de quitter l’euro, les résultats seront
destructeurs pour la classe dominante grecque. Elle perdra à
la fois son rôle géopolitique stratégique, l’accès à
des fonds importants et ses avantages importants dans son
conflit avec le capitalisme turc.
En
outre, elle perdra son arme la plus efficace dans
sa volonté de dominer le prolétariat. Les institutions de
l’UE sont les principaux organisateurs des attaques néolibérales
sur tout le continent européen car elles permettent de mettre
le poids combiné de toutes les classes dirigeantes européennes
au service de chacune d’elle. L’exemple de la
privatisation d’Olympic Airways, où l’Etat et le
capitalisme grec ont systématiquement utilisés la pression
de la Commission et de la Cour européenne dans le but de
mettre en œuvre leur politique, illustre le rôle de ces
institutions.
L’euro lui-même est un instrument de
subordination de la classe ouvrière et de dissolution des
syndicats en les exposant à la concurrence du « libre
marché » de la monnaie unique. Les combats qui ont
marqué la lutte des classes en Grèce à partir de 2001 (la
lutte contre la réforme néolibérale des retraites) jusqu’à
aujourd’hui ont la même caractéristique : la volonté
de la classe dominante de transférer le coût d’une monnaie
forte - telle qu’est l’euro – sur le dos de la classe
ouvrière. Le meilleur exemple en est probablement la demande
permanente de la SEV (l’association des industriels grecs)
que l’augmentation des salaires inscrits dans l’ESS (les
accords salariaux annuels entre les syndicats et les
capitalistes) soit déterminé par le taux d’inflation moyen
de la zone euro et non par le taux d’inflation - beaucoup
plus important - de la Grèce. Ce souhait a finalement été
satisfait avec la capitulation honteuse de la GSEE (Confédération
grecque des syndicats du secteur privé) en 2010.
La pire et la plus terrifiante des perspectives pour
la classe dominante grecque est qu’une éventuelle sortie de
l’UE de la Grèce pourrait également signifier le
commencement de la fin pour cette Union elle-même. Dans les
conditions actuelles, une sortie de la Grèce de l’UE
pourrait provoquer une série d’événements déstabilisateurs,
une tendance à d’autres sorties de l’euro qui seraient,
très probablement, le signal d’un effondrement général.
Le capitalisme grec se retrouverait sans le soutien de l’impérialisme
international dans son offensive d’ensemble qu’il s’efforce
de mener dans la région ; des intimidations contre la République
de Macédoine voisine sur la question de son nom à la
poursuite de sa nouvelle alliance avec l’État d’Israël
dans la Méditerranée orientale ou encore dans son nouveau
conflit avec le capitalisme turc autour du contrôle des
ressources pétrolières de cette région.
Cela explique pourquoi, jusqu’à présent, les
think tanks bourgeois n’ont pas produit de stratégie
alternative sur la manière de maîtriser la crise en incluant
le scénario d’une sortie de l’euro et d’un retour à la
monnaie nationale, le drachme, afin de doter le capitalisme
grec des instruments de mise en œuvre d’une politique de
rechange. Une telle issue ne pourrait que priver les
capitalistes grecs de tous les avantages décrits ci-dessus.
Les seuls cas où les think tanks bourgeois seraient inévitablement
forcés – même à contre-cœur – à penser à un retour
au drachme seraient un effondrement complet de l’euro où le
risque pour le capitalisme grec de perdre le contrôle du système
bancaire.
Si le capitalisme grec se retrouve forcé de quitter
l’euro et l’UE, cela provoquera une énorme crise systémique
et une inévitable crise de gouvernance. Mais une sortie de
l’UE ne peut représenter une avancée pour la classe ouvrière
qu’à la seule condition qu’elle soit le résultat des
actions d’un mouvement ouvrier luttant dans une perspective
transitoire, pour des revendications qui remettent en question
la propriété et la gestion capitalistes de l’économie.
Sur cette base, le rapport de forces pourrait
changer de façon décisive en faveur de la classe ouvrière
au travers de la crise politique majeure qu’une telle issue
produirait. La conscience des travailleurs un grand pas en
avant vers son émancipation en brisant l’un des arguments
les plus importants de la domination idéologique bourgeoise :
celui du « paradis européen ». Le mouvement
ouvrier européen doit se débarrasser du fardeau de la
« voie unique européenne », surtout au regard de
l’exemple grec.
Les « européistes » de la gauche grecque
Plusieurs courants de la gauche avancent une série
de fausses objections contre la nécessité d’inclure la
revendication de la sortie de l’euro et de l’UE dans un
programme de transition actualisé.
A) La première et principale objection est liée à
l’idée que l’Union européenne, en tant qu’institution
supranationale, joue objectivement un rôle « progressiste »
car elle serait en quelque sorte un dépassement de l’Etat
bourgeois national.
Une première remarque préliminaire à ce sujet :
le concept d’institutions supranationales bourgeoises qui
pourraient faire contrepoids aux États nations est un reflet
du cosmopolitisme bourgeois et non de l’internationalisme
prolétarien. L’internationalisme prolétarien a été
condensé dans des mots d’ordre tels que « Prolétaires
de tous les pays, unissez-vous ! » ; « L’unité
nationale est un piège, les prolétaires n’ont pas de
patrie », « L’ennemi est dans notre propre pays » ;
« La défaite de « notre » gouvernement dans
une guerre est le moindre mal ». Ce sont des mots d’ordre
internationalistes qui rompent avec le consensus national
bourgeois pour promouvoir la solidarité des travailleurs.
L’internationalisme n’a rien à voir avec la défense de
l’ONU, de la Cour internationale de La Haye et d’autres
institutions européennes bourgeoises.
La réponse à cette fausse approche de la nature de
l’UE est résumée par un document important adopté par le
14e Congrès
mondial de la Quatrième Internationale (1995). Selon cette déclaration :
« Loin de répondre aux aspirations sociales
et internationales des travailleurs, des femmes, des jeunes et
des nationalités opprimées, l’Union européenne est l’expression
régionale de la globalisation de l’économie mondiale. C’est
un instrument des secteurs les plus puissants du grand capital
pour la concurrence inter-impérialiste et pour une lutte tous
azimuts contre la classe ouvrière européenne et le Tiers
Monde. » [1]
Cette analyse repose sur les thèses de Lénine sur
l’importance et le rôle d’une possible unification de
l’Europe (à son époque). Lénine écrivait en 1915 à
propos du mot d’ordre sur les « États-Unis européens » :
« Du point de vue des conditions économiques
de l’impérialisme, c’est-à-dire des exportations de
capitaux et du partage du monde par les puissances coloniales
« avancées » et « civilisées », les
États-Unis d’Europe sont, en régime capitaliste, ou bien
impossibles, ou bien réactionnaires. (...) Certes, des
ententes provisoires sont possibles entre capitalistes et
entre puissances. En ce sens, les États-Unis d’Europe sont
également possibles, comme une entente de capitalistes européens
... dans quel but ? Dans le seul but d’étouffer en
commun le socialisme en Europe, de protéger en commun les
colonies accaparées contre le Japon et l’Amérique, extrêmement
lésés dans l’actuel partage des colonies, et qui se sont
renforcés au cours de ces cinquante dernières années
infiniment plus vite que l’Europe monarchique et arriérée,
laquelle déjà pourrit de vieillesse. Comparée aux États-Unis
d’Amérique, l’Europe dans son ensemble signifie
stagnation économique. Sur la base économique d’aujourd’hui,
c’est-à-dire en régime capitaliste, les États-Unis d’Europe
signifieraient l’organisation de la réaction en vue de
contenir le développement plus rapide de l’Amérique. Les
temps sont révolus où l’œuvre de la démocratie et celle
du socialisme étaient liés uniquement à l’Europe. » [2]
Il suffit de jeter un regard superficiel sur l’UE
pour comprendre qu’elle n’est en aucun cas un dépassement
de l’Etat nation. En effet, elle reste au stade d’une
union lâche d’Etats indépendants, au sein de laquelle les
principaux outils des politiques bourgeoises (justice, armée,
police, bureaucratie d’Etat et budget) sont toujours dans
les mains des Etats nationaux. Il ne s’agit même pas
d’une union ayant une économie cohérente puisque les
niveaux de productivité, de concurrence et d’impact de la
crise restent inégaux. Et, bien entendu, il n’existe
toujours pas de classe capitaliste européenne au-dessus des
Etats-nations.
En
réalité, l’UE est une instance de
coordination des classes capitalistes nationales dans leurs
actions contre la classe ouvrière, contre leurs concurrents
internationaux et contre les peuples d’autres pays.
Des actions communes qui alimentent et sont alimentées
par un processus parallèle de subversion de la démocratie
parlementaire bourgeoise la plus élémentaire au niveau des
Etats nationaux, étant donné que les décisions importantes
concernant chaque Etat bourgeois sont prises dans les réunions
du Conseil de l’UE, tandis que dans le même temps les
institutions de l’UE sont utilisées comme un obstacle aux
revendications des travailleurs. Dans ce sens, la construction
de l’UE et de la zone euro est une stratégie nationale pour
les capitalistes, et non pas une stratégie supranationale qui
entre en conflit avec leurs solutions au niveau national.
L’UE n’est donc pas une construction « objectivement
progressiste », elle est réactionnaire et doit être
renversée, c’est à dire dissoute. En raison du fait que la
lutte des classes s’effectue principalement au niveau
national - pour les raisons que nous avons déjà décrites -
et d’une manière inégale entre les différents mouvements
des différents pays, la dissolution de l’Union européenne
ne peut pas être un processus se déroulant de manière
simultané dans toute l’Europe. Il passera d’abord au
niveau national par la sortie de l’UE des pays où la lutte
de la classe ouvrière mettra en déroute les politiques de la
classe dominante, sapant ainsi les fondements de la fonction
de l’État national bourgeois et provoquant une crise dans
les institutions de l’UE.
B) Il existe une autre objection selon laquelle la
revendication d’une sortie de l’UE n’est pas une
revendication transitoire car elle peut être également adoptée
par des forces politiques bourgeoises.
Théoriquement, cette position exprime la conception
erronée selon laquelle les revendications transitoires ne
peuvent jamais, par définition, être adoptées par un
gouvernement bourgeois. Ce n’est pas exact. Un programme de
transition inclus d’une manière unifiée et combinée
plusieurs types de revendications. Il s’agit de
revendications qui visent à un transfert effectif des
richesses de la classe capitaliste aux travailleurs, des
exigences qui pourraient être intégrées dans le système
capitaliste « en général », mais qui dans le
contexte actuel entrent directement en conflit avec les choix
stratégiques de la classe dominante et provoquent un
affaiblissement et une déstabilisation importante du système.
Il s’agit de revendications qui contestent directement la
propriété et la gestion capitalistes de l’économie dans
son ensemble et qui sapent les fondements de l’Etat
bourgeois. La mise en avant de ces exigences par le mouvement
ouvrier implique le développement d’une dynamique
anticapitaliste qui conduit les deux principales classes de la
société à entrer dans un conflit qui pose la question du
pouvoir.
Il existe donc des revendications qui, d’une manière
générale, peuvent être intégrées dans le capitalisme,
mais qui dans le contexte actuel vont à l’encontre des
choix essentiels de la classe bourgeoise. La sortie de l’UE
est une revendication transitoire cruciale dans la période
actuelle, mais bien entendu sous la seule condition qu’elle
soit intégrée dans un programme anticapitaliste plus large -
c’est pourquoi nous parlons d’un « désengagement
anticapitaliste de l’UE ».
Le fait que cette revendication est également avancée
par des forces nationalistes ou d’une manière réformiste
n’implique pas automatiquement qu’elle ne devrait pas être
avancée par les internationalistes.
Dans le même sens, l’exigence d’une sortie de
l’OTAN a, pour les internationalistes, une dimension profondément
anti-impérialiste et internationaliste, tandis que pour le
Parti communiste grec et pour Synaspismos/SYRIZA, il s’agit
principalement d’une demande en faveur d’une défense
nationale plus efficace de la Grèce contre la Turquie.
En
outre, la sortie de l’OTAN pourrait également
être une option pour la classe dirigeante grecque. Rappelons
que K. Karamanlis voulait que le capitalisme grec sorte de
l’aile militaire de l’OTAN en 1974, huit ans après que de
Gaulle l’ait décidé pour la France. Aujourd’hui, dans ce
dernier pays, Le Pen soutient également la sortie de l’UE
et de l’OTAN. Ce genre de positionnement n’a pourtant pas
empêché la gauche radicale et révolutionnaire française de
mener campagne pour le « Non » à la Constitution
européenne - alors que l’extrême droite se prononçait également
en ce sens - ou d’exiger de quitter l’OTAN.
C) Dans la même logique, il y a également
objection selon laquelle exiger la sortie de l’UE et de
l’euro est une sorte de subordination de la stratégie révolutionnaire
à la théorie réformiste « d’étapes » intermédiaires
bourgeoises sur la voie au socialisme.
Comme nous l’avons déjà souligné ci-dessus, un
programme de transition peut inclure des revendications qui
peuvent être intégrées dans le capitalisme, c’est à dire
qu’il peut inclure des éléments qui pourraient être présentes
dans un programme réformiste de gauche « étapise ».
La différence est que le programme de transition
lutte pour ces demandes en les articulant avec d’autres qui
portent directement atteinte aux principes fondamentaux de la
propriété et de l’Etat capitalistes et qui s’accompagnent
– surtout - du mot d’ordre de contrôle des travailleurs.
Aucune revendication - même l’arrêt unilatéral
du remboursement de la dette et l’annulation de cette dernière,
avec laquelle l’OKDE est bien entendu d’accord – n’est
pas, en soi et à elle seule en faveur des intérêts du
peuple et de la classe ouvrière si elle n’est pas accompagnée
par l’exigence du contrôle des travailleurs, si on ne sait
pas qui va contrôler (pour nous : le prolétariat) ces
mesures et qui va en subir les conséquences (les capitalistes).
C’est exactement avec cette même logique nous
abordons la sortie de l’UE. Nous ne pouvons la concevoir que
comme le résultat d’un mouvement qui lutte et qui impose un
programme anticapitaliste contre « sa » classe
dominante. En conséquence, nous le concevons comme une
« rupture anticapitaliste », comme le résultat
d’une lutte anticapitaliste plus générale et non comme une
« étape nécessaire » qui devrait être atteinte
avant que le mouvement ouvrier puisse lutter dans de
meilleures conditions ou dans le cadre d’une situation
« objectivement meilleure » pour la classe
ouvrière.
C’est précisément parce que la sortie de l’UE
doit être la conséquence d’une lutte anticapitaliste que
nous ne saurions, par exemple, jamais apporter notre soutien
à un gouvernement simplement parce qu’il conduirait la Grèce
à sortir de l’UE tout en appliquant des politiques néolibérales
afin de faire payer le coût d’un tel choix à la classe
ouvrière.
Par contre, pour la gauche patriotique, pour qui la
sortie de l’UE est conçue comme une étape stratégique,
son soutient à un tel gouvernement constituerait un fâcheux
dilemme. Un bon exemple de cela est le soutien que cette
gauche patriotique apporte au gouvernement du Sud de la Chypre
de Tassos Papadopoulos parce qu’il s’est opposé au Plan
Annan dans le référendum qui a été organisé en 2004.
Entraînée par la théorie selon laquelle le
capitalisme grec serait entièrement subordonné aux pays impérialistes
et aurait perdu sa souveraineté nationale, la gauche
patriotique voit l’adhésion de la Grèce à l’UE comme
une sorte de mise sous tutelle de la classe capitaliste
grecque et non comme un outil décisif au mains de ces
capitalistes grecs pour renforcer leur politique offensive
dans la région. La gauche patriotique considère la sortie de
l’UE comme une condition préalable pour un développement
des luttes du mouvement ouvrier et non comme le résultat de
ces luttes. Ainsi, à partir de ce point de vue, la sortie de
l’UE représente une solution réformiste qui doit créer de
meilleures conditions pour mener des politiques plus
favorables à la classe ouvrière.
En
réalité, les choses sont différentes. Nous ne
pouvons pas avancer dans notre lutte pour la socialisation des
banques, sans compensation et sous contrôle des travailleurs,
tout en restant dans l’Union européenne. Il n’est pas
possible d’avancer dans le contrôle des travailleurs sur le
système monétaire et de crédit si au même moment la
politique de taux de change et des taux d’intérêts sont définis
par la Banque centrale européenne. Il ne peut pas y avoir de
contrôle des travailleurs sur la monnaie en restant dans la
zone euro. Il n’y a aucune chance de voir un gouvernement de
partis ouvriers qui applique un programme anticapitaliste, ni
un gouvernement révolutionnaire des comités des travailleurs,
tout en restant dans les carcans des programmes de stabilité,
des traités de Maastricht et de Lisbonne. Il est évident qu’une
rupture avec ces traités fondamentaux de l’UE signifie nécessairement
une sortie de cette Union.
De tout ce qui précède, il est clair qu’un
programme d’expropriations contre la classe capitaliste et
un programme de contrôle des travailleurs ne sont pas
possibles dans le cadre de l’UE et de la zone euro. Toute
avancée en direction d’un tel programme permettra de créer
les conditions pour la sortie de ces institutions. C’est
pour cette raison qu’un programme anticapitaliste
contemporain doit inclure d’une manière claire la sortie de
la zone euro en tant que revendication étroitement liée à
celle du contrôle des travailleurs sur l’économie.
D) Certains secteurs argumentent qu’il serait préférable
que ce soit l’UE elle-même qui fasse le choix d’expulser
un pays plutôt que de mettre en avant un tel mot d’ordre.
Mais pourquoi un gouvernement de partis ouvriers qui
met en œuvre un programme anticapitaliste ou un gouvernement
révolutionnaire des comités de travailleurs tolérerait l’humiliation
d’être exclu par des impérialistes ?
On ne peut le concevoir que dans le seul cas où ce
choix d’une sortie de l’UE de sa propre initiative
impliquerait que ce gouvernement se place en confrontation
avec le mouvement ouvrier du reste de l’Europe. Mais ce ne
sera sans doute jamais le cas car l’UE est dans un processus
de délégitimation rapide aux yeux des travailleurs européens.
Le soutient envers l’euro et l’UE est en baisse constante
tandis que les luttes contre les mesures dictées par les
traités européens augmentent sans cesse.
Dans ces conditions, si un gouvernement ouvrier ne
prend pas l’initiative de sortir de l’UE et se laisse
expulser par les capitalistes, cela revient à légitimer
l’UE en tant qu’institution (et dans les fait, c’est
comme si ce gouvernent demandait à l’UE de le maintenir
dans l’Union alors que les capitalistes veulent l’expulser),
ce qui constituerait un coup irréparable contre le mouvement
ouvrier européen.
Notre objectif : La dissolution de l’Union européenne
L’objectif du mouvement ouvrier européen et grec
devrait être la dissolution de l’Union européenne. Les
crises structurelles profondes que traverse le capitalisme
illustrent l’incapacité de ce dernier à unifier
harmonieusement les peuples d’Europe et brisent les
illusions réformistes selon lesquelles les capitalismes européens
pourraient sereinement surmonter leur concurrence et unifier
le continent européen. Tout cela confirme les thèses
marxistes révolutionnaires selon lesquelles l’unification
de l’Europe ne peut être obtenue qu’au travers d’une révolution
socialiste qui brise l’UE et démantèle les Etats bourgeois.
Le mot d’ordre stratégique pour l’Europe doit
être « NON à l’Europe du capital, de la guerre, du
racisme et de la répression - OUI à l’Europe des
travailleurs et des mouvements sociaux » ; c’est
le mot d’ordre des « États-Unis socialistes d’Europe ».
La concrétisation de ces mots d’ordre ne peut pas
passer par la réforme de l’UE, mais seulement par sa
dissolution et par la construction d’une nouvelle union, basée
sur des institutions de démocratie directe qui pourraient
surgir dans la lutte contre les programmes néo-libéraux
promus par l’UE et la zone euro.
Nous affirmons résolument la nécessité stratégique
de développer des liens étroits et organiques entre les
travailleurs et les mouvements sociaux en Europe, car aucune
victoire contre le néolibéralisme ne peut être durable - même
dans les pays en dehors de l’UE - sans l’extension de
cette victoire dans le reste de l’Europe. Nous savons qu’une
telle extension victorieuse ne peut être viable sans l’extension
d’une révolution dans tout le continent.
Mais, en tous les cas, nous devons préciser les
mesures qui conduiraient à une telle dissolution de l’Union
européenne. Puisque l’arme principale des capitalistes pour
la mise en œuvre de leurs attaques contre la classe ouvrière
demeure l’Etat national et que la lutte des classes se développe
principalement au niveau national, un programme
anticapitaliste doit préciser à ce niveau là la
revendication qui mènera à cette dissolution de l’UE. Et,
puisque l’UE n’est pas un Etat unique supranational, mais
une union d’États, la manière dont elle pourra être
dissoute ne peut être que par le biais de la sortie de ses
membres.
Les revendications en faveur de la désobéissance
et de la rupture avec l’UE, du désengagement
anticapitaliste et l’appel simultané aux mouvements sociaux
européens pour une action commune visant à la dissolution de
l’Union européenne sont autant d’applications concrètes
au contexte politique actuel de la Grèce.
Il est temps que la gauche grecque évalue à sa
justesse la place de cette question politique. Non comme une
« étape » afin que le peuple grec se débarrasse
de sa « dépendance », ni comme une voie
garantissant le développement de la production capitaliste et
offrant ainsi de meilleures conditions aux mouvement ouvrier,
mais comme la conséquence logique de la lutte anticapitaliste
pour la transformation et pour le contrôle des travailleurs
sur l’économie et la société.
Pantelis Afthinos, Kostas Kousiantas, Zeta
Melampianaki,
le 5 janvier 2012
* Pantelis Afthinos, Kostas Kousiantas et Zeta Melampianaki sont membres de
l’OKDE-Spartakos, section grecque de la Quatrième
Intenationale.
Notes :
1.- Voir (version anglaise
de ce document) sur ESSF (article 23979), “The European
Union – Document adopted at the 14th World Congress of the
FI”. ( http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article23979
)
2.-
Lénine « A propos du mot d’ordre pour les Etats-Unis
d’Europe » www.marxists.org/francais/lenin/works/1915/08/vil19150823.htm
La izquierda griega
y la cuestión de
la Unión Europea
Por la salida del euro y una
retirada anticapitalista de la UE
Por Pantelis
Afthinos, Kostas Kousiantas, Zeta Melampianaki (*)
Europe solidaire sans frontières, 01/06/2012
Traducción al francés de Ataulfo Riera y Sylvia Nerina
Traducción de SoB al español de la versión francesa
Desde
que el capitalismo griego entró en el torbellino de la crisis
financiera mundial, y especialmente desde el estallido de la
crisis de la deuda, las cuestiones de la Unión Europea (UE) y
el euro aparecen entre los debates más importantes en las
fuerzas de la izquierda y del el movimiento obrero, que están
tratando de elaborar respuestas políticas y sociales
radicales ante la crisis del sistema. Estos debates han
adquirido una importancia aun mayor entre las corrientes políticas
y las fuerzas que quieren forjar un proyecto político
revolucionario, con el objetivo de una transformación
socialista de la sociedad.
Este
es un debate esencial. La adhesión a la UE y la eurozona es
una elección estratégica de los capitalistas griegos. Es la
vía concreta por el cual el capitalismo griego se integró en
la cadena imperialista global. Es el proceso por el cual el
capitalismo griego participa en la competencia internacional y
en el reparto de la plusvalía y la ganancia. En consecuencia,
hoy no puede haber un programa y una perspectiva
revolucionaria real sin hacer el análisis de las formas
particulares que
asumen la participación y el rol del capitalismo griego en la
división capitalista internacional del trabajo, y que no
tenga en cuenta la necesidad de romper con esta participación.
Es
precisamente sobre estas decisiones estratégicas de la clase
capitalista que se han forjado los bloques políticos y
sociales que se han alternado en el gobierno; y es a partir de
ellas –designadas como “objetivos nacionales”– que
tratan de ganar el apoyo y el consenso de la clase obrera. No
hay duda de que la participación en la UE y la eurozona es la
nueva "Gran Idea" del capitalismo griego. En su
nombre, se llama a las clases sulbalternas –sobre todo
ahora, en tiempos de crisis– a los terribles sacrificios que
se imponen a través de los Memorandums y los Programas de
Estabilidad.
La
inserción en la Unión Europea habilita al capitalismo griego
para jugar un rol de fuerza periférica –un sub-imperialismo
local– en los Balcanes y el Mediterráneo Oriental. La
participación en la UE ha hecho del capital griego un
suplemento complementario de las grandes potencias
imperialistas europeas y de los EEEUU, en sus intervenciones
en los Balcanes y Europa del Este. (Un ejemplo, es la expansión
de Coca-Cola en esas regiones, que se realiza a través de la
sociedad griega "3E".) Incluso hoy en día, en
tiempos de crisis, es Grecia el país elegido por China como
una base de operaciones para penetrar en los mercados
europeos.
La
introducción del euro ha enriquecido a la clase dominante
griega. Con una moneda fuerte y bajas tasas de interés,
obtuvo los capitales necesarios para participar en las
lucrativas privatizaciones del sector público en los países
de Europa del Este. Esto hizo que Grecia, en la última década,
fueses un país exportador de capitales.
Sin
su participación en la UE y la zona del euro, Grecia no podría
desempeñar un papel así en la región. Las dificultades que
enfrenta el capitalismo turco para jugar un rol similar –por
estar aún excluido de la UE–, muestran muy claramente por
qué la clase dominante griega quiere mantener a toda costa su
status como país de la zona euro. Si Grecia termina obligada
a abandonar el euro, los resultados serían devastadores para
la clase dominante griega. Perdería simultáneamente su papel
geopolítico estratégico, el acceso a fondos considerables y
sus ventajas significativas en su conflicto con el capitalismo
turco.
Además,
perdería su arma más eficaz en su voluntad de dominar al
proletariado. Las instituciones de la UE son las principales
organizadoras de los ataques neoliberales en el continente
europeo, ya que puede poner el peso combinado de todas las
clases dominantes europeas en el servicio de cada una de
ellas. Un ejemplo, que ilustra el papel de estas
instituciones, ha sido la privatización de Olympic Airways,
donde el Estado y el capitalismo griegos utilizaron sistemáticamente
las presiones de la Comisión Europea y la Corte Europea con
el fin de aplicar su política.
El
propio euro es un instrumento de subordinación de la disolución
de la clase obrera y sindical al exponerlos a la competencia
del "libre mercado" de la moneda única. Los
combates que marcaron la lucha de clases en Grecia desde 2001
(por ejemplo, contra la reforma neoliberal de las pensiones),
han tenido hasta hoy la misma característica: el deseo de la
clase dominante de transferir el costo de una moneda fuerte
–como es el euro– sobre las espaldas de la clase obrera.
El mejor ejemplo es, probablemente, la exigencia permanente de
la SEV (Asociación de Industriales Griegos) de que los
aumentos de salario incluidos en los ESS (acuerdos anuales
entre los sindicatos y los patrones) se determinen por la tasa
de media de inflación en la zona del euro, y no por la tasa
de inflación –mucho mayor– de Grecia. Este deseo fue
satisfecho, finalmente, por la vergonzosa capitulación en
2010 de la GSEE (Confederación General de Trabajadores
Griegos, del sector privado).
La
peor y más terrible perspectiva para la clase dominante
griega es que una eventual salida de Grecia de la UE, también
podría significar el principio del fin de la propia Unión.
En las condiciones actuales, una salida de Grecia en la Unión
Europea podría provocar una serie de eventos
desestabilizadores, una tendencia a otras salidas del euro,
que muy probablemente serían la señal de un colapso general.
El capitalismo griego se quedaría sin el apoyo del
imperialismo internacional en la ofensiva que intenta llevar
adelante en la región: la intimidaciones a la vecina República
de Macedonia por la cuestión de su nombre, la continuidad de
su nueva alianza con el Estado de Israel en el Mediterráneo
oriental o incluso su nuevo conflicto con capitalismo turco
por el control de los recursos petroleros en la región.
Esto
explica por qué, hasta ahora, los think tanks de la
burguesía no han elaborado una estrategia alternativa sobre cómo
manejar la crisis, incluyendo el escenario de una salida del
euro y la vuelta a la moneda nacional, el dracma, a fin de
dotar al capitalismo griego de instrumentos para poner en
marcha una política de recambio. Es que esta salida privaría
a los capitalistas griegos de las ventajas descriptas
anteriormente. El único caso en que los think tanks
burgueses –contra sus sentimientos– estarían
inevitablemente obligados a pensar el retorno al dracma, sería
el de un completo colapso del euro, con el riesgo para el
capitalismo griego de perder el control del sistema bancario.
Si
el capitalismo griego se viese obligado a abandonar el euro y
la UE, esto provocaría una gran crisis sistémica y una
inevitable crisis de gobernabilidad. Sin embargo, una salida
de la UE no puede representar un paso adelante para la clase
obrera sino con la condición de que sea el resultado de
acciones de un movimiento obrero que luche con una perspectiva
transitoria, por reivindicaciones que cuestionen la propiedad
y la gestión capitalista de la economía.
Sobre
esta base, las relaciones fuerza podrían cambiar de manera
decisiva a favor de la clase obrera, a través de la gran
crisis política que eso produciría. La conciencia de los
trabajadores daría un gran paso adelante hacia su emancipación,
rompiendo uno de los argumentos más importantes de la
dominación ideológica burguesa: el del “paraíso
europeo”. El movimiento obrero europeo tiene que deshacerse
del fardo de "vía única europea", sobre todo
teniendo en cuenta el ejemplo griego.
Los "europeístas" de la izquierda griega
Varias
corrientes de izquierda hacen una serie de falsas objeciones
contra la necesidad de incluir la reivindicación de la salida
del euro y la UE en un programa de transición actualizado.
A)
La primera y principal objeción está ligada a la idea de que
la Unión Europea, como una institución supranacional, juega
un papel objetivamente "progresista", porque de
alguna manera sería una superación del Estado burgués
nacional.
Una
observación preliminar sobre esto: el concepto de
instituciones supranacionales burguesas que podrían hacer
contrapeso a los Estados-naciones, es un reflejo de
cosmopolitismo burgués y no de internacionalismo proletario.
El internacionalismo proletario se condensa en lemas como
"¡Proletarios de todos los países, uníos!”, "La
unidad nacional es una trampa, los obreros no tienen
patria"," El enemigo está en nuestro propio país",
"La derrota de ‘nuestro’ gobierno en una guerra es el
mal menor". Estas son las consignas internacionalistas
que rompen con el consenso nacional burgués para promover la
solidaridad de los trabajadores. El internacionalismo no tiene
nada que ver con la defensa de la ONU, la Corte Internacional
de La Haya y otras instituciones burguesas europeas.
La
respuesta a este falso enfoque de la naturaleza de la UE se
resume en un importante documento aprobado por el 14 º
Congreso Mundial de la Cuarta Internacional (1995). Según
esta declaración:
"Lejos
de satisfacer las aspiraciones sociales e internacionales de
los trabajadores, las mujeres, los jóvenes y las
nacionalidades oprimidas, la Unión Europea es la expresión
regional de la globalización de la economía mundial. Se
trata de un instrumento de los sectores más poderosos del
gran capital para la competencia inter-imperialista y para
librar lucha en todos los sentidos contra la clase obrera
europea y el Tercer Mundo. "[1]
Este
análisis se basa en las tesis de Lenin sobre la importancia y
el papel de una posible unificación de Europa (en su época).
Lenin escribió así en 1915 sobre el lema de los
"Estados Unidos de Europa":
"Desde
el punto de vista de las condiciones económicas del
imperialismo –es decir, de las las exportaciones de capital
y el reparto del mundo entre las potencias coloniales
"avanzadas" y "civilizadas"– los Estados
Unidos de Europa, en el capitalismo, o son imposibles o son
reaccionarios. (...) Desde luego, son posibles acuerdos
provisorios e temporales entre los capitalistas y entre
las potencias. En este sentido, son también posibles los
Estados Unidos de Europa, como un acuerdo de los capitalistas europeos...
¿sobre qué? Sólo el modo de aplastar junto el socialismo en
Europa, de defender juntos las colonia robadas contra
Japón y Estados Unidos de América, cuyos intereses están
muy lesionados por el actual reparto de las colonias, y que en
los últimos 50 años se han fortalecido de un modo
inconmensurablemente más rápido que la Europa atrasada, monárquica,
que ha empezado a pudrirse de vieja. En comparación con los
Estados Unidos de América, Europa representa en conjunto el
estancamiento económico. Con la actual base económica, con
el capitalismo, los Estados Unidos de Europa significaría la
organización de la reacción para detener el desarrollo más
rápido de Norteamérica. Los tiempos en que la causa de la
democracia y el socialismo estaba ligada sólo a Europa, han
pasado para no volver."[2]
Basta
con echar un rápido vistazo a la UE para comprender que no se
trata, de ninguna manera, de una superación del Estado-nación.
En efecto, sigue en la etapa de una unión laxa de Estados
independientes, en el que las principales instrumentos de política
burguesa (justicia, ejército, policía, burocracia estatal y
el presupuesto) aún están en manos de los Estados
nacionales. Ni siquiera es una unión con una economía
coherente: los niveles de productividad, la competitividad y
el impacto de la crisis siguen siendo desiguales. Y, por
supuesto, aún no existe una clase capitalista europea por
encima de los Estados-naciones.
En
realidad, la Unión Europea es una instancia de coordinación
de las clases capitalistas nacionales en sus acciones contra
la clase obrera, contra sus competidores internacionales y
contra los pueblos de otros países.
Las
acciones conjuntas alimentan y son alimentadas por un proceso
paralelo de subversión de la democracia burguesa
parlamentaria más elemental a nivel de los Estados
nacionales, ya que las decisiones importantes concernientes a
cada Estado burgués se toman en las reuniones del Consejo de
la UE; mientras que al mismo tiempo las instituciones de la UE
se utilizan como un obstáculo a las demandas de los
trabajadores. En este sentido, la construcción de la Unión
Europea y la zona del euro es una estrategia nacional para los
capitalistas, y no una estrategia supranacional que entre en
conflicto con sus soluciones a nivel nacional.
La
UE no es un edificio "objetivamente progresista", es
reaccionaria y se debe ser derribada; es decir, disuelta.
Debido al hecho de que la lucha de clases se desarrolla
fundamentalmente a nivel nacional –por las razones que ya
hemos descrito– y de manera desigual entre los distintos
movimientos de los diferentes países, la disolución de la
Unión Europea no puede ser un proceso que se desarrolle de
manera simultánea en toda Europa. Se desarrollará primero a
nivel nacional, por la salida de la UE de los países donde la
lucha de la clase obrera derrote las políticas de la clase
dominante, socavando así los cimientos de la función del
Estado nacional burgués y provocando una crisis en las
instituciones de la UE.
B)
Hay otra objeción de que la reivindicación de salir de la UE
no es una demanda transitoria, ya que también puede ser
adoptada igualmente por otras fuerzas políticas burguesas.
Teóricamente,
esta posición expresa la concepción errónea de que las
reivindicaciones transitorias no pueden –por definición–
ser adoptadas por un gobierno burgués. Esto no es cierto. Un
programa de transición incluye de un modo unificado y
combinado varios tipos de demandas. Hay reivindicaciones
dirigidas a una efectiva transferencia de riqueza de la clase
capitalista los trabajadores, exigencias que podrían ser
integradas en el sistema capitalista "en general",
pero que en la actualidad están en conflicto directo con las
opciones estratégicas de la clase dominante y que provocan un
debilitamiento y una desestabilización importante del
sistema. Se trata de reivindicaciones que contradicen
directamente la propiedad y gestión capitalistas de la economía
capitalista en su conjunto y socavan las bases del Estado
burgués. El planteamiento de estas exigencias por el
movimiento obrero implica el desarrollo de una dinámica
anticapitalista, que lleva a las dos clases principales de la
sociedad a entrar en un conflicto que pone de presente la
cuestión del poder.
Existen,
entonces, reivindicaciones que, en general, pueden ser
integrados en el capitalismo, pero que el contexto actual van
contra las opciones fundamentales de la clase burguesía. La
salida de la UE es una demanda transitoria crucial en el período
actual; pero, por supuesto, bajo la sola condición de que sea
integrada en un programa anticapitalista más amplio. Es por
eso que hablamos de una "retirada anti-capitalista de
la Unión Europea”.
El
hecho de que esta reivindicación –la retirada de la UE–
también es levantada por fuerzas nacionalistas o de una
manera reformista, no implica automáticamente que no debe ser
sostenida por los internacionalistas.
En
el mismo sentido, la exigencia de salir de la OTAN tiene, para
los internacionalistas, una dimensión profundamente
antiimperialista e internacionalista. En cambio, para el
Partido Comunista griego y Synaspismos/Syriza, se trata
principalmente de una demanda a favor de una defensa nacional
más eficaz de Grecia contra Turquía.
Por
otra parte, la salida de la OTAN también podría ser una opción
para la clase dirigente griega. Recordemos que K. Karamanlis
quería en 1974 que el capitalismo griego salga del sector
militar de la OTAN, ocho años después de que de Gaulle
decidió lo mismo para Francia. Hoy en día, en este último
país, Le Pen sostiene igualmente la salida de Francia de la
UE y de la OTAN. Sin embargo, este posicionamiento, no impidió
que la izquierda radical y revolucionaria francesa hiciese
campaña por el "No" a la Constitución Europea ,
mientras que la extrema derecha también se pronunciaba en ese
sentido. O que la izquierda radical y revolucionaria francesa
deje de exigir la ruptura con la OTAN.
C)
Dentro de la misma lógica, hay una objeción según la cual
exigir la salida de la UE y el euro es una especie de
subordinación de la estrategia revolucionaria a la teoría
reformista de "etapas" burguesas intermedias en el
camino al socialismo .
Como
ya hemos señalado, un programa de transición puede incluir
reivindicaciones que podrían ser integradas en el
capitalismo; es decir, que pueden incluir elementos que podrían
estar presentes en un programa reformista de izquierda "etapista".
La
diferencia es que el programa de transición lucha por esas
demandas articulándolas con otras que directamente atentan
contra los principios fundamentales de la propiedad y el
Estado capitalistas y se que acompaña –sobre todo– con la
consigna del control de los trabajadores.
Ninguna
reivindicación –incluso el cese unilateral del pago de la
deuda y su anulación, con lo que la OKDE está, por supuesto,
de acuerdo- no es en sí y por sí misma favorable a los
intereses del pueblo y la clase obrera, si no va acompañada
de la exigencia de control de los trabajadores; si no está
claro quién va a controlar esas medidas (para nosotros, el
proletariado) y quiénes van a sufrir las consecuencias (los
capitalistas).
Es
exactamente con la misma lógica que abordamos la salida de la
UE. No podemos concebirla más que como resultado de un
movimiento que lucha y que impone un programa anticapitalista
contra de "su" clase dominante. Por lo tanto, lo
concebimos como una "ruptura anticapitalista", como
el resultado de una lucha anticapitalista más general y no
como una "etapa necesaria" que debe ser alcanzada
antes de que el movimiento obrero puede luchar en mejores
condiciones o en el marco de una situación
"objetivamente mejor" para la clase obrera.
Es
precisamente porque la salida de la UE debe ser la
consecuencia de una lucha anticapitalista, que nunca podríamos,
por ejemplo, dar nuestro apoyo a un gobierno simplemente
porque llevaría a Grecia a salir de la UE, mientras que
seguiría aplicando políticas neoliberales para hacerle pagar
el costo de esa opción a la clase obrera.
Por
el contrario, para la izquierda patriótica que ve la salida
de la UE como un paso estratégico, su apoyo a un gobierno así
sería un dilema desafortunado. Un buen ejemplo de esto, es el
apoyo que da esa izquierda patriótica al gobierno de Tassos
Papadopoulos del sur de Chipre, porque se opuso al Plan Annan
en el referéndum que se celebró en 2004.
Impulsada
por la teoría de que el capitalismo riego estaría
enteramente subordinado a los países imperialistas y habría
perdido su soberanía nacional, la izquierda patriótica
griega ve la adhesión de Grecia a la UE como una especie de
tutela sobre la clase capitalista griega y como una
herramienta decisiva en las manos de los capitalistas griegos
para reforzar su ofensiva política en la región. La
izquierda patriótica considera a la salida de la UE como una
condición previa para el desarrollo de las luchas del
movimiento obrero y no como el resultado de esas luchas. Por
lo tanto, desde esta perspectiva, la salida de la UE
representa una solución reformista, que debe crear mejores
condiciones para llevar adelante políticas más favorables a
la clase obrera.
En
realidad, las cosas son diferentes. No podemos avanzar en
nuestra lucha por la socialización de los bancos sin
indemnización y bajo control obrero, permaneciendo dentro de
la Unión Europea. No es posible avanzar en el control de los
trabajadores sobre el sistema monetario y de crédito, si al
mismo tiempo la política de tipos de cambio y tasas de interés
es fijada por el Banco Central Europeo. No puede haber ningún
control obrero sobre la moneda, si Grecia queda en la zona del
euro. No hay ninguna chance de ver un gobierno de partidos
obreros que aplique un programa anticapitalista, ni un
gobierno revolucionario de comités de trabajadores, mientras
permanezcan las camisas de fuerza de los programas de
estabilidad, de los Tratados de Maastricht y Lisboa.
Obviamente, una ruptura con los tratados básicos de la UE
significa necesariamente la salida de esa Unión.
De
todo lo anterior, queda claro que un programa de
expropiaciones contra la clase capitalista y de control de los
trabajadores no son posibles en el marco de la UE y la zona
del euro. Todo paso en dirección a tal programa, creará las
condiciones para la salida de esas instituciones. Es por esta
razón que un programa anticapitalista actual debe incluir de
manera clara la salida de la zona euro, como reivindicación
estrechamente relacionada con el reclamo del control obrero
sobre la economía.
D)
Algunos sectores sostienen que, en lugar de proponer una
consigna de ruptura, sería preferible que fuese la propia UE
quien tome la decisión de expulsar a un país.
¿Pero
por qué un gobierno de partidos obreros que implemente un
programa anticapitalista o un gobierno revolucionario de comités
de trabajadores, toleraría la humillación de ser excluidos
de los imperialistas?
Es
inconcebible que sólo en el caso de que la salida de la UE
sea por su propia iniciativa, este gobierno se colocaría en
confrontación con el movimiento obrero del resto de Europa.
Pero ese sin duda no será jamás el caso, porque la UE se
encuentra en un acelerado proceso de deslegitimación a los
ojos de los trabajadores europeos. El apoyo al euro y la UE
está disminuyendo constantemente, mientras que las batallas
contra las medidas dictadas por los tratados europeos son cada
vez mayores.
En
estas condiciones, si un gobierno obrero no toma la iniciativa
de salir de la UE y se deja expulsar por los capitalistas,
esto equivale a legitimar la UE como institución (y de hecho,
es como si este gobierno obrero exigiese a la UE mantenerse en
la Unión, mientras que los capitalistas quieren expulsarlo).
Esto sería un golpe irreparable contra el movimiento obrero
europeo.
Nuestro objetivo: La disolución de la
Unión Europea
El
objetivo del movimiento obrero europeo y griego debe ser la
disolución de la Unión Europea. La profunda crisis
estructural que atraviesa el capitalismo ilustra la
incapacidad de éste para unir en armonía a los pueblos de
Europa y rompen las ilusiones reformistas en las que el
capitalismo europeo podría superar pacíficamente la
competencia y unificar el continente. Todo esto confirma las
tesis marxistas revolucionarias según las cuales la unificación
de Europa obtenidos sólo puede lograrse a través de una
revolución socialista que rompa la UE y desmantele los
Estados burgueses.
La
consigna estratégica para Europa debe ser "NO a la
Europa del capital, de la guerra, del racismo y la represión
- SÍ a la Europa de los trabajadores y los movimientos
sociales". Es la consigna de los "Estados Unidos
Socialistas de Europa".
La
realización de estas consignas no puede pasar a través de la
reforma de la UE, sino sólo por su disolución y la
construcción de una nueva unión, sobre la base de las
instituciones de democracia directa que pudieran surgir en la
lucha contra los programas neoliberales promovidas por la UE y
la eurozona.
Afirmamos
categóricamente la necesidad estratégica de desarrollar vínculos
estrechos y orgánicos entre los trabajadores y los
movimientos sociales en Europa, porque ninguna victoria contra
el neoliberalismo puede ser sostenible –incluso en los países
fuera de la UE– sin la extensión de esa victoria al resto
de Europa. Sabemos que esta extensión victoriosa no puede ser
viable sin la extensión viable de una revolución en todo el
continente
Pero
en cualquier caso, debemos especificar los pasos que conducen
a una disolución de la Unión Europea. Dado que la principal
arma de los capitalistas para la ejecución de sus ataques
contra la clase obrera sigue siendo el Estado nacional y que
la lucha de clases se desarrolla principalmente a nivel
nacional, un programa anticapitalista debe especificar a ese
nivel la reivindicación que llevará a esa disolución de la
Unión Europea. Y, dado que la UE no es un Estado único
supranacional sino una unión de Estados, ¿cómo puede ser
disuelta, sino por la salida de sus miembros?
Las
reivindicaciones a favor de la desobediencia y la ruptura con
la UE, la separación anticapitalista y el llamado simultáneo
a los movimientos sociales europeos por una acción común
para la disolución de la Unión Europea, son otras tantas
aplicaciones concretas al contexto político actual de Grecia.
Es
hora de que la izquierda griega evalúe correctamente el lugar
de esta cuestión política. No como una "etapa"
para que el pueblo griego de deshaga de su
"dependencia”, ni como una vía que garantice el
desarrollo de la producción capitalista y ofrezca así
mejores condiciones al movimiento obrero, sino como la
consecuencia lógica de la lucha anticapitalista por la
transformación y el control de los trabajadores sobre la
economía y la sociedad.
Pantelis Afthinos, Kostas
Kousiantas, Zeta Melampianaki,
5 de enero de 2012
*
Pantelis Afthinos, Kostas Kousiantas y Zeta Melampianaki son
miembros de la OKDE-Spartakos, sección griega de la IV
Internacional.
Notas:
1.- Versión en ingles de
este documento: “The European Union – Document adopted at
the 14th World Congress of the FI”.
( http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article23979
2.-
Lenin, “Sobre la consigna de los Estados Unidos de
Europa”, publicado el 23/08/1915 en “Sotsial-Demokrat”
Nº 44. Versión en español en “Obras”, Tomo V, Progreso,
Moscú, 1973, pág. 141. Subrayados de Lenin.
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